lundi, 02 mai 2016
Avec 429 atteintes, les actes antimusulmans en France ont triplé
Les actes antimusulmans en France ont plus que triplé en 2015 en France, notamment après les attentats terroristes de janvier et novembre dernier, a indiqué lundi un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).
De 133 actes en 2014, ils sont passés à 429 en 2015, soit +223 %, a précisé le rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, relevant que les infractions antisémites ont, quant à elles, enregistré un léger recul de 5,1 % (de 851 à 808), et les autres actes racistes ont augmenté de 17,5 % (de 678 en 2014 à 797 en 2015).
La CNCDH a ajouté que les faits délictueux (actions et menaces) à caractère raciste, antisémite et antimusulman sont globalement en ‘‘hausse conséquente’‘ de 22,4 %, de 1.662 en 2014 à 2.034 en 2015, notant que ce sommet n’a jamais été atteint auparavant.
‘‘La courbe de tendance de la délinquance apparente à caractère raciste ne cesse ainsi son inquiétante ascension’‘, s'est-elle inquiétée.
L’année 2015 a été celle qui a vu de très nombreux lieux de culte (1.000 sur 2.500 sont actuellement protégés par les services de l'Etat) pris pour cible, avec comme panoplie : graffitis, dépôt de têtes et abattis de cochon, jets de cocktails Molotov ou incendie.
Samedi, une salle de prière à Ajaccio (Corse) a été incendiée, quelques mois après le saccage d’une mosquée dans la même ville à des débordements racistes et antimusulmans.
Le procureur de la République d'Ajaccio, Eric Bouillard, a indiqué que la piste criminelle était privilégiée, et le préfet de Corse Christophe Mirmand a évoqué ‘‘des traces d'hydrocarbures’‘ découvert lors des premiers relevés par la police scientifique.
Le procureur a rappelé qu’à plusieurs reprises des têtes de porc ont été déposées devant la mosquée, affirmant que ‘‘les faits démontrent qu'on n'est pas sur une hypothèse accidentelle’‘.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait averti que de tels actes, ‘‘doivent être sévèrement punis’‘. ‘‘J’ai donné des instructions aux préfets pour qu’ils saisissent systématiquement la justice, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, en cas d’acte de haine contre des croyants ou de profanation de lieux de culte ou de sépultures. Cela vaut pour toutes les religions’‘, avait-il affirmé dans une interview au quotidien La Croix.
Par ailleurs, selon un sondage Ifop pour Le Figaro, publié vendredi dernier, la défiance vis-à-vis de l'islam s'installe en France.
En 1989, 33 % des Français étaient par exemple ‘‘favorables’‘ à la construction des mosquées, ils sont 13 % aujourd'hui. Pour le port du voile, ils étaient 31 % contre en 1989, alors qu’en 2016 ils sont 63 % de Français.
Dans une interview au Figaro, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, a estimé que ‘‘ce sondage conforte le sentiment que l'image de l'islam représente un défi majeur pour les citoyens français de confession musulmane’‘.
‘‘Nos concitoyens doivent considérer les Français de confession musulmane comme des citoyens à part entière et non comme des citoyens entièrement à part’‘, a-t-il ajouté.
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