mardi, 03 mai 2016
Allemagne Angela Merkel menacée par la montée de l’extrême droite
La laïcité de l’État turc serait-elle la nouvelle cible des islamo-conservateurs au pouvoir, dans la continuité de la vague de répression contre tous les mouvements progressistes ? C’est ce que laisse supposer la dernière déclaration du président du Parlement, Ismaïl Kahraman, membre du Parti de la justice et du développement (AKP, islamiste). «En tant que pays musulman, pourquoi devrions-nous rester en retrait de la religion ? Nous sommes un pays musulman. (…) Avant tout, la laïcité ne doit pas figurer dans la nouvelle constitution», a-t-il martelé le 25 avril, lors d’une conférence.
La déclaration a aussitôt déclenché des manifestations à Ankara, la capitale, à Istanbul, à Izmir. Les rassemblements qui ont eu lieu le 26 avril sous le mot d’ordre «La Turquie est laïque et le restera» ont été violemment réprimées. Les leaders de l’opposition ont dénoncé l’instrumentalisation politique de la religion, source de «chaos», reprochant à l’AKP de vouloir briser le socle de la laïcité sur lequel repose la République turque fondée par Mustafa Kemal (Atatürk) en 1923.
Le président Erdogan, fondateur de l’AKP en 2001, s’est fendu quant à lui d’une déclaration laissant entendre qu’il n’approuvait pas la sortie du président du Parlement, estimant que ce dernier exprimait seulement «ses propres opinions». En ce qui le concerne, sa «pensée est claire depuis le début : l’État doit se tenir à égale distance de tous les groupes religieux, c’est ça la laïcité», a-t-il déclaré le 26 avril à partir de Zagreb (Croatie), où il était en visite.
Rassurer l’UE
Des propos qui visent sans surprise à rassurer l’UE. Le gouvernement turc espère une relance des négociations en contrepartie de l’accord sur les réfugiés. Mais nul n’est dupe dans les milieux progressistes attachés au caractère laïc de l’État turc. Dans la réalité, l’offensive est bel et bien engagée sur le terrain, dans les secteurs les plus sensibles de la société, pour instaurer la domination sans partage des signes et des comportements religieux.
Le port du voile est ainsi autorisé dans les universités, dans la fonction publique, de même que dans les lycées. L’enseignement de l’islam est obligatoire dans l’école publique. Les salles de prière rouvrent partout où cela est souhaité, notamment à l’intérieur des enceintes universitaires. Les autorités religieuses mènent de véritables campagnes d’islamisation de la jeunesse, tandis que les centres de formation d’imams se multiplient à travers le pays.
Manœuvres et attentats
Faute de majorité parlementaire pour réformer la Constitution (317 députés au lieu de 330) et instaurer le régime présidentiel omnipotent voulu par Erdogan, l’AKP tente de «travailler» en profondeur la société turque dans l’objectif évident de faire pression pour ébranler l’État laïc. Ces manœuvres politico-idéologiques interviennent dans un contexte d’attentats sanglants à répétition et d’une offensive de Daech à la frontière avec la Syrie. Le pouvoir turc donne le sentiment de vouloir jouer sur la peur pour accompagner la dérive autoritaire du président Erdogan et accélérer l’islamisation du pays.
- See more at: http://www.mediaterranee.com/0212016-turquie-letat-laic-sous-menace-des-islamo-conservateurs.html#sthash.wDjopQou.dpufRéuni en congrès, à Stuttgart, le parti populiste allemand AfD se pose en force anti-establishment et donc directement contre la chancelière allemande.
Ce n’est pas la première fois qu’un parti se révolte contre la classe dirigeante en Allemagne. La dernière fois, c’était le parti des Verts il y a 36 ans. Trois ans après sa création, il entrait au Bundestag. Il a changé le pays de manière durable. Une grande partie de ce qui semble évident et important aujourd'hui, ce sont les Verts qui l'ont initié : les énergies renouvelables, l'égalité entre hommes et femmes, les unions entre hétérosexuels et homosexuels, les technologies plus vertes, dans l’industrie automobile, l'alimentation bio, l'égalité des chances à l'école, l'ouverture sur le monde…
Ces jours-ci, un parti s'est de nouveau mis en quête de changer l’Allemagne. Comme beaucoup de Verts à leurs débuts, ses membres rejettent le système, fustigent ses représentants et voient partout connivences et compromissions.
Le parti a été fondé il y a trois ans et devrait probablement accéder au pouvoir aussi vite que les Verts en leur temps. À la différence qu’aujourd’hui il ne mènera pas une politique moderne et progressiste mais plutôt destructrice et rétrograde. Oui, une politique qui, sur de nombreux points, est contraire à la constitution.
Un parti normal ?
Le succès important de l’Afd ne se nourrit pas seulement du rejet de la politique des réfugiés du gouvernement fédéral. Celui-ci a d'ailleurs déjà commencé à adapter son action sous les critiques. Or, le nombre de réfugiés baisse mais dans les sondages, l’AfD continue sa progression. Au niveau national, il vient de dépasser les Verts et il ne lui manque pas grand chose pour faire pareil avec les socialistes de la SPD. Enfin, lors du congrès du parti, qui s'est tenu à Stuttgart le week-end dernier, l'AfD a travaillé essentiellement sur les grandes lignes de son programme, avec un message : Nous sommes un parti normal.
Mais il ne l’est pas. L'AfD est un parti radical qui refuse le progrès et prône des limitation. La limitation des religions, la limitation des modes de vie, la limitation de la créativité politique. L'AfD est devenu un creuset pour tous ceux qui ne votaient pas ou ne se reconnaissaient pas dans les grands partis existants, la SPD et la CDU. Ces électeurs ont fui vers l’AfD et acceptent sa radicalité – bon gré, mal gré.
Plus longtemps la CDU sera menée par Angela Merkel, plus le parti perdra ses éléments les plus conservateurs. Ils sont profondément aigris que Merkel ait écarté ou écrasé tous ses adversaires. Ils font ouvertement part de leur déception de voir la stature de la CDU se déliter parce que Merkel mène une politique socialiste.
Merkel a fait de la CDU un « corps creux » politique, lui reproche même le chef de la SPD Sigmar Gabriel. En Allemagne, personne n’avait cherché à se démarquer ainsi des rapports de force établis depuis des années. Tout ça pour rester au pouvoir. La colère à ce sujet se manifeste désormais sous plusieurs aspects, de l’adhésion à à l’AfD.
Merkel, haïe de tous
Cependant, le SPD est lui aussi vidé de sa substance. Et Merkel y a contribué. Ceux qui étaient socialistes se sont tournés vers les populistes de droite, car ils ne savent plus ce que défend leur ancien parti. Sigmar Gabriel ne peut pas mener une politique d'opposition parce qu'il siège au gouvernement depuis des années le gouvernement et, au fond de lui, approuve le cap suivi par Merkel.
La politique classique du SPD, à savoir le salaire minimum, l’abaissement de l'âge de la retraite, ou encore les quotas des femmes ne comptent pas. Mais c’est plutôt le nombre croissant de licences pour les exportations militaires vers les pays douteux, le manque de logements à des prix abordables ou l'augmentation des contrats de travail et du travail en intérim que l’on retient.
Au cours de son mandat, Merkel a pulvérisé les deux camps politiques. Le sien et celui des sociaux-démocrates. Le résultat est la montée de l’AfD. Bien sûr, on peut espérer que le parti finira par se saboter lui-même et trébuche sur ses divisions, et que le sujet des réfugiés (au fur et à mesure qu’ils s’intégreront) n'en soit plus un, de sorte qie le parti retombe entre 5 et 8 %.Mais que se passerait-il si cet espoir était déçu ?
A la fin de son mandat, Angela Merkel aura été chancelière depuis 12 ans. Si elle se représentait en 2017 et était de nouveau élue, cela ferait 16 ans. La même durée qu’Helmut Kohl. Il a été chassé du pouvoir, à la fin, par le SPD et ces-mêmes Verts qui se révoltaient contre l'immobilisme depuis des années.
Une chance pour le SPD
On constate déjà une certaine lassitude envers Merkel. On n'ose imaginerait ce que ce serait en 2021. Et encore moins ce que cela donnerait si l’AfD chassait Angela Merkel du pouvoir et entrait au gouvernement sous quelque forme que ce soit. Merkel serait bien avisée de renoncer à la prochaine candidature de chancelier pour laisser la place à un conservateur désigné. Cela ne signifiera pas un retour aux années 1950, lorsque la femme devait rester au foyer et que la famille se composait d’un père, d’une mère et d’un enfant.
Ce n'est d'ailleurs pas ce qu'incarne Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances (CDU), tout conservateur qu'il est, et qui pourrait ainsi réaliser le rêve d'une vie en devenant, pour quatre ans, chancelier de transition. Cela laisserait le temps à tous les membres de la CDU qui se sentent écrasés par Merkel de s'affirmer. Les conservateurs auraient alors de nouveau une maison.
Le départ de Merkel permettrait aussi au SPD de respirer à nouveau et peut-être aussi de freiner sa chute vers l'oubli. Si Sigmar Gabriel (SPD) devait lui aussi partir, il resterait encore du temps pour renouveler les rangs avec des personnalités qui ne seraient ni le chef du SPD Thomas Oppermann, ni la ministre des Affaires sociales Andrea Nahles. Il y aurait à nouveau l’opportunité de se démarquer, de s’assurer de ses propres résultats et de se frotter à un parti au centre du spectre politique.
Pour l'Allemagne, c’est de toutes façons mieux que deux grands partis s’affrontent l’un l’autre plutôt qu’ils affrontent tous deux l’AfD.
Janko Tietz
La laïcité de l’État turc serait-elle la nouvelle cible des islamo-conservateurs au pouvoir, dans la continuité de la vague de répression contre tous les mouvements progressistes ? C’est ce que laisse supposer la dernière déclaration du président du Parlement, Ismaïl Kahraman, membre du Parti de la justice et du développement (AKP, islamiste). «En tant que pays musulman, pourquoi devrions-nous rester en retrait de la religion ? Nous sommes un pays musulman. (…) Avant tout, la laïcité ne doit pas figurer dans la nouvelle constitution», a-t-il martelé le 25 avril, lors d’une conférence.
La déclaration a aussitôt déclenché des manifestations à Ankara, la capitale, à Istanbul, à Izmir. Les rassemblements qui ont eu lieu le 26 avril sous le mot d’ordre «La Turquie est laïque et le restera» ont été violemment réprimées. Les leaders de l’opposition ont dénoncé l’instrumentalisation politique de la religion, source de «chaos», reprochant à l’AKP de vouloir briser le socle de la laïcité sur lequel repose la République turque fondée par Mustafa Kemal (Atatürk) en 1923.
Le président Erdogan, fondateur de l’AKP en 2001, s’est fendu quant à lui d’une déclaration laissant entendre qu’il n’approuvait pas la sortie du président du Parlement, estimant que ce dernier exprimait seulement «ses propres opinions». En ce qui le concerne, sa «pensée est claire depuis le début : l’État doit se tenir à égale distance de tous les groupes religieux, c’est ça la laïcité», a-t-il déclaré le 26 avril à partir de Zagreb (Croatie), où il était en visite.
Rassurer l’UE
Des propos qui visent sans surprise à rassurer l’UE. Le gouvernement turc espère une relance des négociations en contrepartie de l’accord sur les réfugiés. Mais nul n’est dupe dans les milieux progressistes attachés au caractère laïc de l’État turc. Dans la réalité, l’offensive est bel et bien engagée sur le terrain, dans les secteurs les plus sensibles de la société, pour instaurer la domination sans partage des signes et des comportements religieux.
Le port du voile est ainsi autorisé dans les universités, dans la fonction publique, de même que dans les lycées. L’enseignement de l’islam est obligatoire dans l’école publique. Les salles de prière rouvrent partout où cela est souhaité, notamment à l’intérieur des enceintes universitaires. Les autorités religieuses mènent de véritables campagnes d’islamisation de la jeunesse, tandis que les centres de formation d’imams se multiplient à travers le pays.
Manœuvres et attentats
Faute de majorité parlementaire pour réformer la Constitution (317 députés au lieu de 330) et instaurer le régime présidentiel omnipotent voulu par Erdogan, l’AKP tente de «travailler» en profondeur la société turque dans l’objectif évident de faire pression pour ébranler l’État laïc. Ces manœuvres politico-idéologiques interviennent dans un contexte d’attentats sanglants à répétition et d’une offensive de Daech à la frontière avec la Syrie. Le pouvoir turc donne le sentiment de vouloir jouer sur la peur pour accompagner la dérive autoritaire du président Erdogan et accélérer l’islamisation du pays.
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