vendredi, 20 mai 2016
Mayotte : la chasse aux comoriens
Le Gouvernement au pied du mur.
Près de 500 étrangers ont été chassés de leur domicile par les habitants de Mayotte et ont donc passé dehors les nuits de dimanche, lundi et mardi. Mayotte est ainsi devenue, d’un point de vue africain, la honte de la politique française mais aussi de l’idéologie française, cette idéologie de la bienveillance qui refuse de sécuriser les frontières au nom du grand remplacement des peuples et de la charité laïque humanitaire, à moins que ce ne soit à Mayotte encore pire, la survivance d’une logique ou d’un raisonnement néo-colonialiste encore en cours en 2016.
Depuis dimanche, la place de la République de Mamoudzou (chef-lieu de cette île de l’océan Indien) est occupée par des centaines de familles, la plupart d’origine comorienne, qui ont été délogées de force par des collectifs d’habitants des communes du sud et du nord de Mayotte. Ces collectifs ont appelé toute la semaine dernière à « chasser les étrangers de leurs villages » (selon les propos mêmes du tract du collectif du village de Kani-Kéli), accusant l’immigration clandestine de vols, agressions et meurtres au quotidien (selon le collectif des citoyens de la commune de Bouéni).
Dans un communiqué commun mardi soir, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin ont condamné les violences commises ces derniers jours à Mayotte à l’encontre de familles, ayant par ailleurs conduit à la destruction de leurs habitations. Ils ne se sont pas remis en question car si effectivement de tels comportements n’ont pas leur place dans la République, le laxisme migratoire ne doit pas non plus y avoir force de loi. Faute d’avoir, depuis des années, voulu trouver des solutions rationnelles au problème comorien, le gouvernement décharge sa haine sur les Mahorais eux-mêmes en déclarant que tous les individus impliqués, dont l’enquête devra établir l’identité, devront rendre compte de leurs actes devant la justice.
A Mayotte, pendant des années, les gouvernements successifs ont laissé prospérer la délinquance, les zones grises, les bidonvilles, les incivilités et autres comportements de voyous, par une politique choisie, délibérée, entérinée pendant des années pour tardivement s’en prendre au bon sens du peuple mahorais en le menaçant. Les choses sont en tout cas claires : le gouvernement français à Mayotte a délibérément laissé pourrir la situation pour ne désigner qu’un seul coupable : le peuple Mahorais. C’était en gros tous les dérapages de l’ancien préfet Seymour Morsy allant même dans son pot de départ prophétiser l’arrivée d’un bœuf au « palais » préfectoral, confondant dans son point de vue animal Monsieur Le Boeuf avec Monsieur Frédéric Veau, nommé nouveau préfet du cent et unième département français.
527 personnes sont donc officiellement expulsées par les Mahorais et sont dans l’attente d’un relogement d’urgence, selon le dernier recensement effectué sur la place de la République. La Croix-Rouge est présente et a fait don d’une citerne d’eau potable, de nombreux habitants de Mayotte ont apporté nourriture, médicaments et produits de première nécessité pour enfants. En outre, un médecin bénévole est venu porter secours aux personnes expulsées.
En brousse, des véhicules appartenant à des leaders des collectifs d’habitants ayant expulsé des familles de la commune de Bouéni (sud de l’île) ont été brûlés au cours de la nuit de lundi à mardi. Mais cela n’empêche pas du tout la détermination de la population. D’autres expulsions sont en effet prévues dimanche à M’tsamboro (nord de Mayotte) et le 5 juin à Kani-Kéli (sud de l’île).
Les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer ont précisé que 221 gendarmes et 499 policiers, renforcés par 102 gendarmes mobiles, soit 822 policiers et gendarmes au total étaient mobilisés pour rétablir l’ordre républicain, afin de mettre fin à ces exactions et protéger l’ensemble de la population de Mayotte. Il faut le dire et le répéter : l’immigration est responsable de tous les maux du département : délinquance, chômage (36%), surcharge dans les écoles, dégradation des services de santé à moins que… à moins que… pour ce gouvernement, Mayotte n’est jamais vraiment été un territoire français mais alors qui va poser la question qui fâche, la vraie question celle du rattachement de Mayotte aux Comores ?
La situation de Mayotte continue d’être de plus en plus explosive. De fait, l’exaspération de la population mahoraise face à l’insécurité, les vols et une immigration totalement hors de contrôle est à son comble. Il serait grand temps de voir l’État prendre la problématique de l’immigration comorienne comme il se doit. Or, ne nous voilons pas la face : cela suppose de mettre sur la table et de rouvrir l’épais dossier de l’indépendance des Comores, de l’escroquerie du vote séparé des îles dans le cadre d’urgence de l’ONU. L’État français, les élus locaux, la population, les autorités comoriennes, tous ont laissé faire, laissé passer depuis 20 ans la dégradation d’aujourd’hui et la venue de la guerre civile, chacun y trouvant son compte. La « bombe à retardement » de Mayotte évoquée par Mansour Kamardine alors qu’il était député, explose car la situation de Mayotte, ce sont des terrains squattés, des écoles saturées, un hôpital à l’agonie, de l’environnement pillé, de l’argent mis sans arrêt sur la table immédiatement dilapidé, une image de l’île et de ses traditions d’hospitalité particulièrement dégradée , l’exode et une insécurité devenue intolérable.
De ce qui arrive à Mayotte, la France ne peut donc s’en prendre qu’à elle-même, à l’inaction des gouvernements de tous bords , toute la drauche réunie qui n’a jamais su ou voulu prendre le problème de l’immigration comorienne à Mayotte, pour ce qu’elle est : une crise politique internationale qui a débouché sur une crise humanitaire majeure. C’est donc après le Ministère de l’Intérieur le quai d’Orsay qu’il faut réactiver sur le dossier mahorais. .
Nous avons été l’un des rares médias à évoquer la nouvelle loi sur l’immigration votée en catimini par nos députés . Cette loi votée en mars dernier (le 7 mars 2016) a comme nous l’avions fait remarqué élargi le droit du sol dans une proportion jamais atteinte dans notre constitution puisqu’elle instaure un nouveau droit du sol, le droit du sol par fratrie. Un ressortissant étranger peut maintenant acquérir la nationalité française à sa majorité sans être né en France mais uniquement parce qu’il y aurait vécu depuis l’âge de 6 ans (après avoir effectué toute sa scolarité) ou parce qu’il y aurait des frères ou des sœurs ayant la nationalité française. A ce titre, c’est presque toutes les Comores ou en tout cas Anjouan dans sa quasi totalité qui dans quelques mois sera devenue française par la fratrie. Mais au fait, qu’en disent les Comores ?
Michel Lhomme
07:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
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