vendredi, 03 juin 2016
Indonésie : une chrétienne bastonnée en application de la sharia
Une information scandaleuse. Et doublement, car je comprends assez mal l’explication donnée par l’Agence Fides : « Les non musulmans peuvent également choisir [de se] soumettre » à la sharia. Dès lors, en effet, que la charia « est en vigueur dans la province d’Aceh », elle s’applique à tous et n’est pas « réservée aux citoyens musulmans » puisque les non musulmans n’ont pas le droit de vendre et/ou de consommer de l’alcool. À partir du moment où vous n’êtes pas libre de le faire vous êtes évidemment soumis à la sharia, vous n’êtes en fait que “libre” de l’accepter ou de l’enfreindre et si vous l’enfreignez vous devez en supporter les peines telles qu’elles sont déterminées dans le code pénal d’Aceh. La seule “liberté” de cette infortunée chrétienne était donc le bâton ou la prison… Vous parlez d’un choix ! Me trompé-je ? En Iran, les églises (catholique, orthodoxe…) utilisent du vin pour l’Eucharistie. L’État islamique interdit le transport, l’achat, la vente et la consommation de vin aux musulmans iraniens, mais pas aux chrétiens pour l’exercice de leur culte. Cela fait une sacrée différence avec Aceh…
Pour la première fois en Indonésie, un non musulman a été bastonné selon les prescriptions de la charia – la loi islamique – en vigueur dans la province d’Aceh, au nord de l’île de Sumatra.
Ainsi que l’a appris Fides, cela est arrivé à Remita Sinaga, chrétienne protestante de 60 ans, punie de fustigation dans la ville de Takengon, en province d’Aceh. La femme a été reconnue coupable par un tribunal islamique d’avoir vendu des boissons alcoolisées, après que la police eut confisqué 50 bouteilles [de boissons alcoolisées] dans son magasin. Remita Sinaga a été condamnée pour cela à recevoir une bastonnade de 30 coups [d’autres sources parlent de 28 coups appliqués avec une verge de rotin]. À Aceh, la charia est réservée aux citoyens musulmans, mais les non musulmans peuvent également choisir de s’y soumettre. Ainsi que l’ont expliqué des fonctionnaires locaux, la femme a choisi volontairement la fustigation en pensant que la peine alternative – la détention selon la loi en vigueur – aurait été pire. En effet, en 2015, le gouvernement indonésien a interdit la vente de boissons alcoolisées dans les petits magasins. En 2002, pour apaiser les tensions indépendantistes, le gouvernement central indonésien a concédé à la province d’Aceh, dans laquelle vivent 4,7 millions de personnes en large majorité musulmanes, un régime d’autonomie spéciale. Le nouveau Code pénal islamique a été approuvé dans la province en 2014 pour entrer en vigueur en octobre dernier. Le Code punit de fustigation les rapports sexuels en dehors du mariage, la consommation ou la vente d’alcool ainsi que les jeux de hasard. Selon l’ONG indonésienne Kontras, qui défend et promeut les droits fondamentaux, « la fustigation est une pratique inhumaine et une forme de torture qui ne devrait pas être permise en Indonésie »
12:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
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