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vendredi, 10 juin 2016

Ça se passe en Europe : En Belgique, les djihadistes profitent des ratés de la police

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L’histoire d’Hamid A. -le policier qui avait des informations sur les planques de Salah Abdeslam- est un des symboles des faillites de la lutte anti-terroriste en Belgique.

Ca se passe en Belgique : Les djihadistes profitent des ratés de la police

C'est un des symboles des faillites de la lutte anti-terroriste en Belgique. L'histoire d'Hamid A. -le policier qui avait des informations sur les planques de Salah Abdeslam, mais que sa hiérarchie n'a pas écouté- s'étalait en ce début de semaine dans la presse nationale. L'homme est amer et annonce à cette occasion avoir déposé plainte contre ses supérieurs qui ne sortent pas grandis de l'affaire.

Il faut revenir à la fin novembre 2015 pour comprendre les ressorts de cette histoire : quelques jours après les attentats de Paris, l'inspecteur Hamid A., basé à Malines, reçoit un tuyau selon lequel un proche de Salah Abdeslam - le terroriste en cavale après les attentats de Paris du 13 novembre - était en train de se radicaliser. Sa famille habite à Molenbeek, au 79 rue des Quatre-Vents ... soit l'adresse où Salah Abdeslam a finalement été cueilli par la police le 18 mars. Est-ce que ce dernier aurait-il pu être arrêté plus tôt si la police avait commencé à s'intéresser à cet endroit quelques semaines auparavant ? On ne le saura jamais. Les supérieurs de Hamid A. n'ont jamais daigné donner cette information à la police de Bruxelles. « Pas fiable », avaient-ils assuré.

La divulgation de ce raté fin mars après les attentats de Bruxelles avait provoqué un énorme scandale. Plusieurs mois plus tard, Hamid A. n'a toujours pas digéré cette histoire invraisemblable. Dans la presse belge cette semaine, il dit son incompréhension devant le comportement de son supérieur. « Dès son entrée en fonction en 2009, les choses ne tournaient pas rond. Il trouvait que j'étais trop près de ma communauté. A un certain moment, je devais signaler chaque discussion avec un Marocain », explique-t-il.

Le racisme serait-il à l'origine de ce loupé ? « Je ne veux pas entamer une discussion sur le racisme, je veux savoir pourquoi il trouve que je suis non fiable. Je veux savoir pour quelle raison le rapport d'information n'a pas été transmis », explique Hamid A., qui dit que sa vie est désormais menacée par les djihadistes depuis la révélation de cette histoire. Pas de quoi améliorer la réputation de l'Etat belge, qui se bat contre l'accusation de « failed state » (Etat défaillant) lancée par la presse internationale depuis plusieurs semaines.

Ça se passe en Allemagne : En Allemagne, Amnesty International dénonce un « racisme institutionnel »

En 2015, un incendie criminel contre des foyers de réfugiés a été perpétré presque tous les deux jours en moyenne en Allemagne. Cet état de fait a mis en alerte Amnesty International, qui s'est penchée sur l'action de la police et de la justice face à ce type de criminalité. Résultat, l'Etat est sévèrement montré du doigt, en étant accusé par l'ONG de ne pas réussir à élucider les faits commis, à poursuivre les criminels et faire son travail de prévention. Pour la secrétaire générale d'Amnesty en Allemagne, Selmin Caliskan, c'est comme si la police et la justice n'avaient quasiment rien appris de la complexe affaire NSU, du nom de la cellule criminelle d'extrême-droite qui a commis une série de crimes racistes en Allemagne sur plusieurs années.

Dans le rapport, présenté jeudi à Berlin par l'organisation, intitulé « Vivre en insécurité : comment l'Allemagne laisse à l'écart les victimes d'actes racistes », il est par exemple question du cas Savas T., un homme d'origine turque. Il aurait été passé à tabac en 2015 par deux hommes dans un night-club à Munich, les deux assaillants l'ayant auparavant copieusement injurié et fait un salut hitlérien. La police ne s'est pas intéressée à la déposition de la victime et a lancé les recherches seulement le lendemain. Plus tard, après insistance de l'avocate de la victime, la police transmettait l'enquête à une unité spécialisée. Puis les agresseurs, traduits en justice, ont été condamnés à des peines, mais sans qu'allusion soit faite à un acte raciste. Ce cas ne serait pas isolé. D'autres affaires montrent que la police et une justice ont, selon Amnesty, failli à leurs devoirs. Comme raison, l'ONG en vient à dénoncer un « racisme institutionnel » au sein des administrations. Un avertissement sans frais qui contraste avec ces images maintes fois diffusées d'Allemands accueillant les bras ouverts des milliers de réfugiés.

Renaud Honoré et Jean-Philippe Lacour

Source : Les Echos



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