lundi, 20 juin 2016
Terroriste : c’est pas sa faute à lui mais à son arme…
Durant ces derniers jours, les médias se sont livrés à une thèse ahurissante qui suppose que le massacre d’Orlando n’aurait pas eu lieu si le port d’armes à feu, autorisé en Floride, était interdit. Ce drame américain vient donc relancer un débat sans frontières sur la détention d’armes par le citoyen.
Notre gouvernement, qui lutte contre le terrorisme à coups de Numéro Vert, voit dans cette question l’occasion d’exercer un semblant de fermeté en manifestant sa volonté de restreindre la détention d’armes afin de minimiser les risques d’attaques terroristes.
L’actualité dramatique qui entache notre communauté nationale vient néanmoins démasquer cette supercherie et affirmer l’évidence. Avec un peu d’honnêteté intellectuelle, il devient facile de comprendre que ce n’est pas l’amateur de ball-trap qui utilise son arme pour massacrer des innocents au cri d’« Allah Akbar ». Tout criminologue sérieux sait pertinemment que la détention d’une arme à feu déclarée en préfecture n’a strictement aucun rapport avec le terrorisme dans notre pays. Les islamistes de Charlie Hebdo ou du Bataclan n’ont pas acheté leurs armes en règle chez l’armurier du coin. Ces armes proviennent d’un trafic parallèle et illégal, qui ne sera absolument pas affecté par cette éventuelle mesure de restriction gouvernementale.
Ce nouvel enfumage politique ne fera que désarmer les honnêtes gens qui s’adonnent à un loisir tandis qu’un terroriste pourra toujours débarquer chez eux avec une kalach’ achetée sous le manteau, dans la cave d’une cité sensible.
Fort avec les faibles et faible avec les forts, le gouvernement affiche une nouvelle fois à travers ce débat son incompétence en matière de politique sécuritaire. S’il voulait sérieusement affronter la bête qu’il a laissée prospérer sur notre sol, il s’attaquerait directement au marché noir pour obtenir son démantèlement plutôt qu’aux honnêtes citoyens. Mais il n’est peut-être pas judicieux de bousculer la clientèle électorale des banlieues à la veille de la présidentielle.
Pierre-Louis Mériguet
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