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vendredi, 24 juin 2016

Laurent Bigorgne : « Le lâche soulagement du 24 juin risque de ne pas durer très longtemps »

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Dans la note que vous avez publiée, vous expliquez que si un Brexit serait dramatique, un « remain » du Royaume-Uni ne serait pas, non plus, une partie de plaisir.

En effet, le maintien du Royaume-Uni dans l'Union pose toute une série de problèmes. Si les Britanniques décident de rester, nous aurons écarté un danger, mais nous ne sommes pas convaincus que ce choix sera définitif, compte tenu des divisions qui traversent les deux grands partis, tory et travailliste. On n'est pas du tout certains que ce vote sera un solde de tout compte pour l'avenir. Et puis va s'ouvrir une phase de discussions qui s'annoncent longues et difficiles sur l'interprétation de l'accord du 19 février, passé entre David Cameron et ses partenaires européens, et qui offre au Royaume-Uni un statut particulier dans l'Union. Le lâche soulagement du 24 juin risque donc de ne pas durer très longtemps

Vous pensez que paradoxalement, le maintien du Royaume-Uni peut être un danger pour l'avenir de l'Union européenne ?

Oui car l'accord sur le nouveau statut du Royaume-Uni crée plusieurs ruptures par rapport à l'état actuel des engagements à l'égard de l'Union et lui octroie des dérogations lourdes de sens. Il remet en cause la perspective d'une Union toujours plus étroite, l'articulation entre le marché unique et la zone euro et la libre circulation des personnes. Ce faisant, il crée un précédent dont d'autres voudront profiter. L'extrême droite néerlandaise mais aussi les Autrichiens, les Polonais, les Tchèques et d'autres encore risquent de s'engouffrer dans la brèche pour réclamer le même type d'arrangements, en menaçant eux aussi d'en sortir. Et cet effet de contamination peut à terme mettre en danger le projet européen.

Quelles conséquences en tirer ?

Il faudrait prendre acte de cette différenciation plus grande entre Etats membres de la zone euro et ceux qui n'en sont pas. Reste à inventer le fonctionnement d'une Europe à plusieurs vitesses. A cet égard, le relâchement de la relation franco-allemande fait plutôt craindre le maintien d'un statu quo délétère.

Catherine Chatignoux
 


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