"Un site a été retenu dans le Nord de Paris, à proximité des quartiers de la gare du Nord et du boulevard de la Chapelle". Voilà ce que nous apprend le communiqué de presse de la Ville, envoyé lundi. Quelques lignes pour annoncer que le projet de centre humanitaire à Paris est en bonne voie, et que les travaux ont commencé la semaine dernière. Et des indications, très, très floues sur le site retenu. La mairie de Paris, qui a annoncé début juin sa volonté de créer ce centre, prend en effet grand soin de garder le mystère, autour du lieu précis du camp. Et c'est complètement assumé.
"Cette décision a été prise en lien avec les associations", explique à metronews un porte-parole de la mairie. Ce qu'elle craint, en levant le voile trop tôt ? Tout simplement de "mettre en péril le projet". Forcément, la question titille : mais d'où vient donc ce péril ? L'annonce du début des travaux "dans un lieu tenu secret", circule en effet sur Twitter, relayé sur les réseaux d'extrême droite, où l'on accuse la Ville de dissimulation à propos des migrants. Aurélien Legrand, vice-président du groupe FN Ile-de-France, estimait d'ailleurs mardi matin sur France Bleu, qu'il fallait "en finir avec la politique d'appel d'air d'Anne Hidalgo".
L'expérience du lycée Jean-Quarré
Mais ce n'est pas vraiment à eux que pense la mairie. Elle se souvient surtout du casse-tête de l'été dernier autour de l'ancien lycée Jean-Quarré dans le XIXe arrondissement. A l'époque, en pleine crise migratoire, la mairie de Paris avait voulu travailler avec l'Etat pour ouvrir des lieux d'hébergement d'urgence. La Ville s'était mise en quête de lieux vacants non utilisés. Parmi les sites recensés, celui de cet ancien lycée hôtelier, un établissement désaffecté, cédé par la Région à la municipalité un peu plus tôt, et qui devait subir des travaux en 2019.
La Ville de Paris avait voulu profiter de cette période de vacance pour en faire un centre d'hébergement d'urgence. Sauf que… "L'information a fuité, et des collectifs ont décidé de squatter le lieu pendant trois mois, ce qui a totalement suspendu le projet", explique la mairie à metronews. Des collectifs plutôt politisés, tendance extrême gauche, qui étaient d'ailleurs dans une démarche de soutien aux migrants, et avaient dans l'optique de créer un centre d'hébergement autogéré dans ce lycée. La situation avait d'ailleurs parfois dégénéré, sur fond de sur-occupation générant des tensions, bagarres autour de la nourriture, mais aussi intoxications alimentaires.
"Le site défini n'est pas à proximité immédiate de logements d'habitation"
L'établissement avait fini par être évacué en septembre. Décalant d'autant les travaux nécessaires à l'ouverture de ce centre d'hébergement d'urgence pour migrants, qui n'a pu ouvrir en décembre dernier. "On a perdu trois mois"', regrette la municipalité. Voilà pourquoi, un peu échaudée, elle a voulu éviter de revivre cette situation. "La jauge pour le futur projet est entre 500 et 1000 places. On ne peut pas se permettre d'avoir le même genre de problème. Evidemment, nous communiquerons sur le lieu une fois que ces travaux seront suffisamment avancés".
Ce nouveau centre humanitaire pourrait également faire réagir les riverains. Dans le XVIe arrondissement, l'annonce d'un centre d'hébergement au bois de Boulogne a suscité une véritable fronde des habitants du quartier et du maire d'arrondissement, des réunions publiques mouvementées et des recours en justice. Aussi, pour ce futur centre humanitaire, la Ville tient à rassurer. "Le fait de ne rien dire peut susciter des inquiétudes chez les riverains", reconnaît-on. "Mais le site défini n'est pas à proximité immédiate de logements d'habitation."
Sibylle Laurent
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