mercredi, 29 juin 2016
Nice : tollé autour de l’ouverture d'une mosquée saoudienne
Polémique. Depuis 2012, l'ancien député-maire (LR) de Nice Christian Estrosi s’oppose au projet de création d’une mosquée appartenant à l’Arabie saoudite. Après des recours déposés par Estrosi, devenu entre temps président de la région PACA, le Conseil d’Etat doit rendre sa décision demain.
Tout commence en 2002. A cette époque, un saoudien cherche à acquérir un local permettant de favoriser la création artistique et les échanges. Il achète alors, ce qui deviendra un local associatif et une cafétéria. Des années plus tard, en 2011, l’association qui exploite les locaux, « Nice La Plaine », fait une demande d’autorisation de travaux pour « réaménager l’intérieur » des bâtiments. Certains acteurs politiques locaux craignent que ces réaménagements ne cachent une volonté de transformer l’usage du local associatif en mosquée. Une crainte confirmée en 2012, avec le dépôt en préfecture d’un dossier « de coût des travaux » pour transformer les lieux en mosquée. Dossier, validé par la suite par le préfet des Alpes Maritimes.
La mosquée appartient au ministre des Cultes d'Arabie saoudite, qui prône la Charia
Ayant pris connaissance du projet, le premier magistrat de la ville Christian Estrosi, s’oppose immédiatement au projet. Son argument principal : « le gouvernement sait que le local dans lequel est implanté ce lieu de culte est la propriété d'un ministre de l'Arabie Saoudite, plus précisément de celui des Cultes et de la propagation de la foi qui prône la charia dans un état religieux wahhabite proche du salafisme ». Effectivement, après vérifications, il apparait que le local appartient au Cheikh Salah al Cheikh, qui n’est autre que le ministre des affaires religieuses d’Arabie saoudite, qui selon Estrosi « prône la charia ».
Des demandes sans réponse
En octobre 2012, constatant la complexité du dossier, Estrosi adresse un courrier au ministre de l’Intérieur de l’époque Manuel Valls pour connaître la provenance des fonds mis en avant par l’association pour rénover le local. Il renouvellera sa démarche en juin 2015 auprès de Bernard Cazeneuve son successeur, sans réponse.
Une réponse du Conseil d'Etat attendue demain
Alors que le Conseil d’Etat doit rendre sa décision définitive mercredi 29 juin, sur l’autorisation de réalisation du projet de la mosquée En-Nour, plusieurs questions demeurent. Comment l’Etat peut-il autoriser le début des travaux alors que personne manifestement ne sait d’où proviennent les fonds ? Lors d’un conseil municipal qui s’est tenu à Nice le 25 avril 2016, une délibération a été votée pour saisir Tracfin la cellule anti-blanchiment de Bercy. Comment l’Etat peut-il valider le début du chantier alors qu’on ne connait pas la décision de Tracfin ? Christian Estrosi a posé ces questions le 14 juin au ministre des Finances Emmanuel Macron. Il attend toujours sa réponse.
Un bras de fer entre Christian Estrosi et le préfet Adolphe Colrat
A la place de la mosquée, la ville de Nice qui souffre d’un faible nombre de places de crèches, a reçu plusieurs avis favorables de construction d’un lieu d’accueil pour les enfants, notamment d’un commissaire-enquêteur qui a validé d’expropriation des actuels occupants. En dépit de la présentation de ce projet alternatif, le préfet Adolphe Colrat a accéléré le processus de l’ouverture de la mosquée en posant deux conditions : « la non-ingérence du propriétaire saoudien » et l’octroi de la gouvernance « de la mosquée à l’association des grandes fédérations musulmanes du département ». Des conditions qui peinent à convaincre. Effectivement, en réponse à la première objection, l’association En-Nour a avancé que le propriétaire saoudien pourrait faire un legs de son bien. Pour la seconde, aucune autorité indépendante ne peut garantir pour le moment par qui sera exercée la gouvernance réelle et concrète de la mosquée.
Une illustration de la difficulté d’un maire à s’imposer face à l’Islamisme
Plus récemment, le 1er juin, à l’occasion du Ramadan, l’association a saisi le tribunal administratif pour demander une autorisation d’ouverture de la mosquée « à titre provisoire ». Au refus du maire, le tribunal a ordonné la signature de l’arrêté d’ouverture de la mosquée par la mairie, « sous cinq jours sous astreinte de 500 euros par jour de retard ». En réaction, Christian Estrosi a martelé : « En tout état de cause, je ne ferai courir aucun risque à ma ville et nous n’exécuterons une décision de justice que lorsqu’elle sera devenue définitive ». Verdict demain.
05:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.