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mercredi, 06 juillet 2016

Les travailleurs de l'UE moins qualifiés - et moins bien payés

L'immigration issue de l'UE a légèrement fléchi en 2015 et au début 2016. Mais le nombre de travailleurs européens peu qualifiés, moins bien payés et plus fragiles sur le marché de l'emploi, augmente. Berne dit disposer des instruments nécessaires pour faire face.



En 2015, le solde migratoire avec l'UE s'est établi à 47'800 personnes, soit un recul d'environ 3000 (-5,6%) par rapport à 2014, révèle le rapport de l'Observatoire sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l'UE, publié mardi par le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).


La baisse s'est accentuée de janvier à mai 2016: 3000 personnes de moins (-23%) que l'an passé à la même période. Ce fléchissement de l'immigration devrait se poursuivre en 2016, une bonne nouvelle vue la crispation actuelle du marché du travail, a indiqué devant les médias le responsable du dossier au SECO, Boris Zürcher.




Moins qualifiés

 


Mais cette immigration a quelque peu changé ces dernières années, relève le rapport. Celle en provenance du sud et de l'est de l'Europe a gagné en importance. Dans le détail, en 2015, 43% des immigrés provenaient d'Europe du Sud, notamment d'Italie (11%) et du Portugal (5%). Le SECO l'explique par la crise économique de 2009 et la crise de l'euro en 2011 qui a plus durement touché ces pays.


Quelque 22% venaient des 10 pays d'Europe de l'Est. L'immigration en provenance d'Allemagne ainsi que d'Europe du Nord et de l'Ouest a elle baissé et ne représente plus qu'un tiers des travailleurs provenant de l'UE et de l'Association européenne de libre-échange (AELE). Elle se montait encore à 70% en 2008.



Moins payés

 


Autre constat: la qualification professionnelle des nouveaux immigrés est en moyenne moins bonne que celle de leurs prédécesseurs (2006-2010).


Première conséquence: leur salaire moyen est aussi globalement plus faible (-5%). Les régions frontalières sont à nouveau montrées du doigt. Dans l'Arc jurassien et au Tessin, on constate que les frontaliers reçoivent des salaires en moyenne inférieurs (-6%) à ceux de la population active résidente. Selon le SECO, "aucun facteur salarial objectif ne saurait l'expliquer".




Désaccords

 


A l'heure où Berne cherche une solution pour mettre en oeuvre l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse qui ne contrevienne pas à l'accord de libre circulation tout en respectant la volonté populaire, les partenaires sociaux, présents à la conférence de presse, ont affiché leur désaccord.


L'Union syndicale suisse (USS) continue de plaider pour un renforcement des mesures d'accompagnement. Et de réclamer des actes concrets en faveur du personnel qualifié, notamment des travailleurs âgés.


"Le taux de chômage des hommes entre 55 et 64 ans a atteint un triste record l'an passé", a rappelé l'économiste en chef de l'USS Daniel Lampart. La pratique de recruter davantage à l'étranger, par exemple chez les informaticiens, est regrettable.


Mais les patrons refusent toutes mesures supplémentaires. S'il admet quelques dérapages, le directeur de l'Union patronale suisse Roland Müller estime en substance que les conséquences négatives de la libre circulation sont avant tout une question de ressenti de la population.




Instruments suffisants

 


L'attractivité constante que la Suisse représente pour les travailleurs frontaliers requiert une attention particulière dans certains cantons, reconnaît aussi le SECO. "Nous allons observer de très près le développement de la situation et poursuivre nos analyses", a dit Boris Zürcher.


"Nous avons les instruments nécessaires, il faut les appliquer, professionnaliser les procédures", a affirmé la patronne du SECO, Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. Et de citer l'initiative du gouvernement visant à combattre la pénurie de personnel qualifié, et les mesures d'accompagnement.

 

Source : Romandie.com

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