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mercredi, 06 juillet 2016

Migrations et économie européenne

 

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L’afflux massif de réfugiés en Europe – plus de 1 million en 2015 – relance le débat sur les effets économiques des migrations. En première approche, l’immigration a deux effets macroéconomiques principaux pour le pays d’accueil : elle augmente la demande de biens et services à court terme (les migrants consomment) et elle augmente l’offre de travail plus ou moins rapidement (les migrants travaillent). La vitesse de montée en charge de l’emploi des migrants est un paramètre crucial. Il dépend des caractéristiques des migrants mais aussi de celles du marché du travail dans le pays d’accueil.

La littérature économique suggère de façon robuste que l’effet des migrations sur les salaires et le chômage dans les pays d’accueil est a priori faible à long terme. La transition à court-moyen terme reflète notamment le degré de flexibilité du marché du travail dans le pays d’accueil. Plus la protection de l’emploi est élevée, plus les salaires sont rigides, plus les barrières à l’entrée sont importantes, moins les immigrés s’intègrent rapidement sur le marché du travail (Jean et Jimenez, 2007). Des réglementations excessives sur les marchés des biens et services constituent aussi des barrières à l’entrée qui brident la capacité des migrants à créer leurs entreprises.

Recettes renforcées. En moyenne dans l’OCDE, l’effet net agrégé de l’immigration sur les finances publiques est plutôt faible. L’afflux de réfugiés tend à augmenter certaines dépenses publiques à court terme, mais il renforce aussi les recettes de cotisations sociales et d’impôts à mesure que les réfugiés occupent un emploi. Selon le FMI, l’épisode des réfugiés de la crise syrienne en 2015 déclencherait à court terme une augmentation des dépenses publiques au maximum de +0,1 % de PIB en 2015 et en 2016. A moyen terme, le niveau du PIB pourrait augmenter de +0,25 % dans l’Union européenne en moyenne – ce qui est assez limité – mais de +0,5 % à +1,1 % en Allemagne, Autriche et Suède. Si l’intégration des réfugiés sur le marché du travail se passe lentement, ces ordres de grandeur pourraient être divisés par 2.

Le flux massif de réfugiés en Europe issus de la crise syrienne présente des caractéristiques particulières. Le niveau moyen de formation des réfugiés syriens semble relativement élevé. En Allemagne, 21 % des réfugiés syriens arrivés en 2014 avaient une éducation supérieure (un chiffre proche de la moyenne européenne). Par ailleurs, les réfugiés sont allés massivement dans les pays où les marchés du travail fonctionnent bien (Allemagne, Suède), ce qui peut faciliter leur intégration. La Suède est connue pour avoir un programme d’intégration des réfugiés assez efficace (quoique long) : cours de langue obligatoire, préparation à l’emploi avec validation des acquis de l’expérience, cours d’histoire de la Suède et sur la société suédoise… La participation n’est pas obligatoire mais elle est financièrement incitée par une aide qui dure dans les six mois du premier emploi.
 
Frédéric Gonand
 

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