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mardi, 26 juillet 2016

En émoi, l’Allemagne débat sur la sécurité après le carnage de Munich

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Le « forcené » avait prémédité son geste depuis un an, selon les enquêteurs.
Les politiques plaident pour un durcissement des ventes d’armes.

Trois jours après le massacre de Munich, durant lequel un ­« forcené » a fait 9 morts et 35 blessés, l'Allemagne reste sous le choc et s'interroge sur un durcissement de sa loi sur les ventes d'armes. Selon les enquêteurs, l'auteur de la fusillade, un jeune Germano-Iranien de dix-huit ans, aurait utilisé un pistolet 9 mm Glock 17 qu'il s'était procuré sur le « darknet », une partie d'Internet accessible seulement avec des logiciels particuliers. Il possédait par ailleurs 300 munitions dans un sac.

« Nous devons continuer de faire tout ce que nous pouvons pour limiter et contrôler strictement l'accès à des armes létales », a déclaré le vice-chancelier social-démocrate (SPD) Sigmar Gabriel au groupe de média Funke Mediengruppe. « Il est évident que nous aurons un débat dans un proche avenir visant à déterminer si les lois actuelles sur le contrôle des armes sont suffisantes », a déclaré pour sa part, dimanche, le député conservateur (CSU) Stephan Mayer.

La Bavière à la pointe de la sécurité

A quelques semaines d'élections test dans plusieurs Länder sur fond de montée du parti populiste AfD, l'attentat de Munich relance le débat sur la sécurité en Allemagne. « Nous allons montrer plus de présence ­visible de nos forces de l'ordre », a annoncé Horst Seehofer, ministre-président conservateur (CSU) de Bavière où a eu lieu l'attaque de vendredi. Son Land, qui se veut à la pointe sur la sécurité, pourrait rehausser les moyens de la police dans le cadre des lois de finances 2017 et 2018.

Débat sur la violence des jeux vidéo

De son côté, le ministre de l'Intérieur a lancé un débat sur la violence des jeux vidéo. « Ceci doit être davantage discuté au sein de la société », a déclaré Thomas de Maizière. Replié sur lui-même, le tueur jouait à un jeu particulièrement violent, Counter-Strike. Enfin, la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, a envisagé l'intervention de la Bundeswehr sur le territoire intérieur en cas d'alerte terroriste. Un tabou outre-Rhin. « Tout le monde souhaite un durcissement des ventes d'armes et plus de police, mais ce dont on a besoin, c'est d'un environnement social intelligent, juge Andreas Zick, professeur en psychologie sociale à l'université de Bielefeld. Mais nous devons d'abord regarder si nos forces d'intégration fonctionnent. » Selon les autorités, le tireur souffrait de dépression, avait été victime de harcèlement de la part de jeunes et était en échec scolaire.

Une « nuit d'horreur »

Identifié comme David Ali Sonboly, il est né à Munich, de parents iraniens venus en Allemagne à la fin des années 1990 comme demandeurs d'asile. Selon la police, il s'était intéressé de manière « intensive » à Anders Behring Breivik, le terroriste norvégien d'extrême droite qui avait tué 77 personnes lors d'un attentat le 22 juillet 2011. Il y a cinq ans jour pour jour. Il s'était par ailleurs rendu il y a un an à Winnenden, en Allemagne, où une tuerie de masse avait eu lieu en 2009. « Nous tous, et je le dis au nom de l'ensemble du gouvernement, pleurons avec le coeur lourd ceux qui plus jamais ne rentreront dans leurs familles », a déclaré samedi Angela Merkel, parlant d'une « nuit d'horreur ». La chancelière avait interrompu ses vacances pour présider un conseil de sécurité convoqué en urgence la veille au soir. A ce moment, la police munichoise évoquait une « situation terroriste » et craignait d'avoir affaire à une attaque multiple et coordonnée.

Comme son pays, celle qu'on ­surnomme « Mutti » s'est montrée bouleversée par « tant de terribles nouvelles en si peu de jours » : l'attentat de Nice, qui a fait 84 morts le 14 juillet, puis l'attaque à la hache à Wurtzbourg par un réfugié afghan de dix-sept ans, quatre jours plus tard, tous deux revendiqués par l'Etat islamique. Avant qu'elle ne s'exprime - vingt heures après la fusillade - Barack Obama avait déjà promis aux autorités allemandes ­« tout le soutien dont elles ont besoin ».

Thibaut Madelin

Les Echos

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