Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 26 juillet 2016

Tuerie de Munich : les motifs obscurs du tueur forcené

Le carnage de Munich rappelle d'autres massacres allemands. Sans parler du cas du copilote dépressif de Germanwings, qui a entraîné 150 passagers dans la mort en mars 2015, le pays a un triste record de tueries de masse. En 2002 à Erfurt, un jeune « amok » tuait 15 personnes dans son lycée. Sept ans plus tard, en 2009, le pays connaissait une série noire avec deux tueries d'écoles, dont celle de Winennden ayant fait 15 morts. Selon les enquêteurs, le tueur de Munich se serait d'ailleurs rendu sur les lieux...

L'Allemagne est le deuxième pays derrière les Etats-Unis pour les auteurs de fusillades d'écoles, déclare Jens Hoffmann, directeur de l'Institut de psychologie et de gestion de la menace, à Darmstadt. Il explique cela par un effet de mimétisme. « Dès lors qu'un type d'agressions s'ancre dans le paysage et reçoit de l'attention, il fait des émules », dit-il, sans exclure que les récents attentats de Nice et Wurtzbourg aient pu « nourrir un certain fantasme » chez le tireur de Munich.

Si la police a envisagé vendredi soir l'hypothèse d'une attaque terroriste multiple et coordonnée, elle a écarté cette hypothèse dès samedi matin après avoir retrouvé le corps du tueur. Il s'agit d'un « acte classique d'un forcené » pris d'une crise de folie meurtrière, « sans motivation politique », a déclaré le procureur de Munich, Thomas Steinkraus-Koch. « Il n'y a aucun lien avec [le] terrorisme international », a ajouté le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière.

Inspiré du Norvégien Anders Behring Breivik

Mais si la piste islamique semble effectivement écartée, le jeune tueur germano-iranien de dix-huit ans paraît s'être clairement inspiré du Norvégien Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes, essentiellement des jeunes, le 22 juillet 2011. Cinq ans jour pour jour avant la tuerie de vendredi à Munich. Les enquêteurs, qui ont retrouvé dans sa chambre des coupures de journaux sur le terroriste norvégien d'extrême droite, ont évoqué un « lien évident » avec celui-ci. « Il est possible qu'il se soit laissé séduire par l'idéologie raciste de Breivik, qui voulait sauver l'Occident blanc », juge Andreas Zick, professeur en psychologie sociale à l'université de Bielefeld. Les tueurs d'écoles ont souvent besoin d'une justification pour leur acte, dit-il, et le fait d'être iranien et allemand ou d'avoir lui-même souffert de discrimination ne s'y oppose pas. « Les gens ne fonctionnent pas de manière aussi logique qu'on le souhaiterait », ajoute le professeur.

Selon le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, des indices portent à croire que le jeune homme, qui était dépressif et avait subi le harcèlement de camarades, se serait converti au christianisme. C'est ce qui expliquerait ses deux prénoms, Ali et David. Ses victimes, qu'il semble avoir attirées dans un piège en les invitant dans un McDonald's via un compte Facebook piraté, étaient notamment d'origine turque. Dans une vidéo amateur prise lors de la fusillade, il parlait de « Turcs de merde ». D'après l'enquête, l'auteur de la fusillade de vendredi à Munich n'a toutefois pas ciblé spécifiquement ses victimes aux abords du centre commercial, a précisé le procureur de Munich, Thomas Steinkraus-Koch.

Thibault Madelin

Source : Les Echos

Les commentaires sont fermés.