jeudi, 28 juillet 2016
Adel Kermiche, jeune radicalisé issu d'une famille sans problèmes
Issu d'une famille sans problèmes, mais souffrant de troubles du comportement, Adel Kermiche, 19 ans, l'un des meurtriers du père Hamel, s'était radicalisé récemment après avoir coupé les ponts avec ses amis.
Né le 25 mars 1997 près de Rouen, Kermiche était issu d'une famille nombreuse d'origine algérienne, dont l'aînée est devenue chirurgienne, selon ses voisins et proches rencontrés aux alentours du pavillon familial à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).
La famille s'inquiétait de la pente suivie par le jeune garçon tout juste majeur et avait signalé sa radicalisation, selon un représentant musulman de la ville.
Car son parcours est heurté. Selon le quotidien Le Monde, Adel Kermiche a été suivi psychologiquement dès l'âge de six ans et a effectué durant son adolescence plusieurs séjours en hôpital, dont 15 jours dans une unité psychiatrique.
- 'Des problèmes psychologiques' -
"Cet enfant avait des problèmes psychologiques", a confié à l'AFP Annie Geslin, une proche venue apporter son soutien mercredi au pavillon de la famille Kermiche, mais qui a trouvé porte close.
Le jeune homme habitait avec ses parents une maison située à près de deux kilomètres de l'église où, avec un autre assaillant encore non identifié, il a pris en otages six personnes lors d'une messe, tué le prêtre qui officiait et blessé grièvement un paroissien. Il a ensuite été abattu avec son complice par la police.
"C'était un jeune fragile. Sa famille lui a apporté tout son amour pour éviter que son enfant ne dérape", a expliqué Annie Geslin. "Ils n'ont pas réussi à faire revenir leur fils à un comportement plus normal".
Adel Kermiche "n'était pas mère Teresa, mais pas un jeune délinquant non plus", a témoigné Francis da Silva, qui tient la supérette la plus proche du domicile de la famille, dans ce quartier pavillonnaire décrit par ses habitants comme un quartier "anonyme", "de melting-pot".
Ces dernières années, "Adel faisait la fête, il achetait de l'alcool", a assuré le commerçant. "Ici les jeunes sont paumés. J'aurais dû le reconvertir au Jack Daniel's", regrette-t-il.
D'autres témoins ont décrit la radicalisation rapide du jeune homme, qu'on ne voyait pas prier à la mosquée, selon un de ses responsables. "Il devait fréquenter la mosquée Google", a lancé Mohammed Karabila, président du Comité régional du culte musulman et de la mosquée de la ville.
"Il parlait d'islam, qu'il allait faire des trucs comme ça. Il m'a dit +je vais aller faire une église+ il y a deux mois. Je l'ai pas cru, il disait beaucoup de choses", a raconté un adolescent du quartier sur la radio RTL, estimant que Kermiche s'était fait "retourner le cerveau".
- Obsession syrienne -
S'il n'avait aucune condamnation à son actif, Kermiche était connu des services antiterroristes depuis 2015 et avait été mis en examen en mars et mai 2016 pour avoir tenté de se rendre en Syrie à deux reprises.
Après sa première tentative de départ, en mars 2015 - il avait alors été arrêté en Allemagne et remis à la France - le jeune homme "était revenu dans le quartier et s'est vanté", a déclaré à l'AFP un voisin, Mohamed. "Tout le monde le connaissait dans la ville, on savait qu'il voulait y retourner", a-t-il ajouté.
Il retentera un mois et demi plus tard, et sera arrêté en Turquie. Remis à la France, il est alors inculpé d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire, avant d'être assigné à résidence avec un bracelet électronique. Sa sanglante et ultime équipée s'est produite pendant ses heures de sortie.
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