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mardi, 02 août 2016

Manuel Valls est pris au piège des Frères musulmans

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Dans De la guerre, le général prussien Carl von Clausewitz posait que la guerre n’était qu’un « prolongement de la politique par d’autres moyens ». Plus tard, le philosophe français Michel Foucault renversera la proposition, estimant que la politique n’était que la continuation de la guerre, et non l’inverse. Au juste, les deux thèses peuvent se compléter. Elles illustrent parfaitement la question de la place de l’islam en France, laquelle sera majeure lors des élections présidentielles à venir, en raison de la guerre que nous mène une partie de ses fidèles. Dans cette optique, la tribune donnée par Manuel Valls au Journal du Dimanche fera certainement date.

Le Premier ministre est contraint de s’adonner à une gymnastique intellectuelle proche d’un numéro de contorsionniste, tant les paradoxes surgissent à chaque ligne. Manuel Valls se cherche, cherche ses mots, cherche l’ennemi sans pouvoir véritablement le désigner. Pour s’éviter un procès en islamophobie, Manuel Valls accuse d’abord ses adversaires politiques de tous les maux, affirmant notamment que l’islam a parfaitement « trouvé sa place dans la République », contrairement à ce qu’avanceraient les esprits chagrins des formations « populistes, à droite et à l’extrême droite ».

L’homme politique socialiste entend « bâtir un véritable pacte » avec les musulmans de France, appelés à vraiment se mobiliser contre la montée du « djihadisme mondialisé ». Probablement sensible aux appels des principaux imams et cadres de l’islam en France, Manuel Valls souhaite que des mosquées soient construites en nombre sur le territoire national, tout en espérant qu’elles soient financées par des fonds français. Pour ce faire, il compte ressusciter la Fondation des œuvres de l’islam de France, coquille vide créée par Dominique de Villepin en 2005. Que de bonnes intentions…

Pourtant, les vraies questions ne sont jamais abordées. Peut-il, par exemple, exister un islam de France ? Je ne le crois pas. Présentement, nous connaissons un islam en France, mais cette religion ne correspond pas à une réalité identitaire inscrite sur le temps long historique dans notre pays. Cette réflexion de bon sens est cruellement absente des débats actuels. Pourtant, elle est essentielle. Ce n’est pas à la France de faire une place aux musulmans, mais aux musulmans d’essayer de s’y faire une place. La tâche d’une République vraiment française serait de déterminer lesquelles parmi les pratiques islamiques pourraient être compatibles, ou non, avec notre culture nationale.

Au-delà du djihadisme armé, qui séduit de plus en plus de personnes de culture arabe musulmane installées sur notre territoire, se pose le problème de l’« islam politique ». L’expression est un peu barbare. En un sens, on pourrait même dire qu’il s’agit d’une tautologie. L’islam est intrinsèquement politique, n’opérant pas de distinguo entre le domaine spirituel et le domaine temporel. L’idéal serait donc de parler d’un projet politique musulman en France et en Europe. L’Union des organisations islamiques de France, noyautée par les Frères musulmans, incarne précisément exactement ce danger. Depuis la création des Frères par Hassan el-Banna en 1928, l’objectif est resté le même : restaurer le califat islamique dans ses frontières historiques. Les différences entre l’État islamique et ces gens portent donc sur les moyens utilisés pour accomplir ce rêve eschatologique, et non sur les finalités.

Manuel Valls est tombé dans le piège des Frères musulmans, tout comme une grande partie de la classe politique occidentale. Quand il inscrit l’islam comme un élément à part entière de notre identité nationale, il travaille involontairement au projet de ces idéologues. Tariq Ramadan ne manque d’ailleurs pas une occasion de dire que « l’islam est une religion française ». Bien sûr, rien n’est plus faux. Il suffit d’ouvrir un manuel d’Histoire de France pour s’en convaincre. Pourquoi, alors, leur donner raison ? Manuel Valls préfère s’appuyer sur des islamistes plus présentables, plus discrets, plus patients. Il a peur des terroristes et des jeunes supplétifs gagnés à leurs idées dans les « quartiers populaires ». En conséquence, il estime qu’il vaut mieux les confier à des organisations islamiques plus structurées, au moins en apparence.

En français, cela s’appelle céder à un chantage. Non, l’islam n’appartient que marginalement à notre récit national. Les Français n’ont pas à financer indirectement la construction de centaines de mosquées, au prétexte que ses nombreux pratiquants devraient rattraper les siècles où leurs ancêtres se trouvaient ailleurs, de l’autre côté de la mer Méditerranée. On ne chassera pas le loup en faisant appel au loup. Nous devons donc lutter contre le terrorisme islamiste et contre l’islamisation, sans l’aide des islamistes de toutes obédiences. Nous devons aussi lutter à la source, c’est-à-dire contre l’immigration. Réaffirmons que nous sommes maîtres chez nous. Il n’est, ici, nullement question d’« islamophobie » mais bien de francophilie.

Gabriel Robin

Source : Boulevard Voltaire



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