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vendredi, 12 août 2016

Migrants : la France sous pression

Le nombre de demandeurs d’asile en France a augmenté de 19 % sur les sept premiers mois de l’année. Les associations dénoncent un dispositif d’accueil sous-dimensionné. La ministre du Logement annonce 3000 places supplémentaires partout en France.

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Cet été, la France peine à faire face à un afflux de migrants en hausse constante. Les arrivées de réfugiés se poursuivent à un rythme élevé, malgré l’accord entre l’Union européenne et la Turquie. Beaucoup de migrants continuent en effet de traverser la Méditerranée depuis la Libye, puis passent d’Italie en France.

Sur les sept premiers mois de l’année, environ 47 000 migrants ont demandé l’asile en France, soit une hausse de 19 % par rapport à 2015, selon Pascal Brice, directeur général de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). « La même tendance de hausse modérée depuis plusieurs mois », précise-t-il.

Les structures d’accueil sont saturées. La situation est très tendue à Paris et à Calais, les deux villes qui concentrent le plus grand nombre de réfugiés. En un an, la préfecture de police de Paris a fait évacuer 26 campements sauvages dans la capitale.

Lors du dernier démantèlement, le 22 juillet, 2 600 migrants ont été conduits dans les centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis partout en France. Les pouvoirs publics ont même été obligés d’ouvrir en urgence quatre gymnases.
Une assiette de riz et de haricots

Depuis, l’État tente d’empêcher la reconstitution de tout nouveau campement à Paris. « La police intervient tous les jours. Mardi, elle a embarqué 200 Soudanais et aujourd’hui une cinquantaine d’Afghans », raconte un bénévole qui participe à une distribution de nourriture près de la place de Stalingrad près de la gare de l’Est.

Cette assiette de riz et de haricots sera le seul repas de la journée pour les migrants arrivés à temps. La marmite était de toute façon beaucoup trop petite pour les 400 à 500 réfugiés qui dorment sur des cartons et des matelas de récupération entre le canal Saint-Martin et le bassin de la Villette. Les tentes n’y sont plus tolérées. La plupart des migrants interpellés ressortent du poste de police avec une simple obligation de quitter le territoire. Quelques-uns sont conduits en centre de rétention. « Il y a une volonté en les dispersant de les rendre invisibles », dénonce Christophe, un informaticien de 27 ans membre d’un collectif qui donne des cours de français aux réfugiés.
Caché dans le porte-bagages

Gadisa, un jeune Éthiopien de 16 ans, fait partie des rares migrants qui ont la chance d’être hébergés dans un hôtel. Un privilège qu’il doit à son jeune âge, mais d’autres mineurs restent à la rue, faute de pouvoir prouver qu’ils ont moins de 18 ans. Gadisa qui a fui les persécutions dont sont victimes les Oromos en Éthiopie a traversé la frontière franco-italienne en se cachant dans le porte-bagages du train Vintimille-Nice.

Il a failli mourir de soif en Méditerranée. « La traversée entre Alexandrie en Égypte et la Sicile a duré 12 jours. On n’avait plus d’eau douce. On a dû boire de l’eau de mer », raconte-t-il.

Pour Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’Asile, la réponse policière à la crise des migrants est vouée à l’échec. « Les disperser ne résout rien. Le dispositif d’accueil est sous-dimensionné. Il a été calculé sur les flux de fin 2014, alors que le nombre de réfugiés a augmenté de 50 %. Il faut des centres temporaires d’hébergement dans les grandes agglomérations pour soulager Paris et Calais », préconise-t-il.
Deux mois d’attente pour demander l’asile

Actuellement, un réfugié doit attendre au moins deux mois avant de pouvoir déposer une demande d’asile à Paris. « L’État nous donne 80 rendez-vous par jour, alors que 200 à 300 migrants arrivent quotidiennement », explique Pierre Henry, qui pense que le nombre de demandeurs d’asile en France dépassera les 100 000 cette année, contre 75 750 en 2015.

« La France est dans une situation de déni. Le nombre de réfugiés ne va pas diminuer, bien au contraire », réagit Geneviève Jacques, la présidente de la Cimade. « Notre pays peut et doit se mobiliser à hauteur de ce défi. Les réfugiés très mal accueillis aujourd’hui auront plus de mal à s’intégrer par la suite ».

Pour répondre à la crise actuelle, Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, annonce que la capacité des CAO va être portée de 2 000 à 5 000 places avec l’ouverture de 3 000 places supplémentaires d’ici fin septembre, pour un coût de 126 millions d’euros. L’État a également rénové plus de 600 logements sociaux vacants situés en zone « détendue » pour y loger les réfugiés accueillis en France dans le cadre du plan de relocalisation européen. « L’objectif est de passer rapidement à un rythme de 500 réfugiés accueillis chaque mois », explique le ministère.

Luc Chaillot

Source : L'alsace.fr

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