samedi, 13 août 2016
L’Allemagne fait un pas vers la déchéance de nationalité de jihadistes
Le ministre de l'Intérieur a énoncé plusieurs mesures fortes dont l'augmentation d'effectifs policiers.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a ouvert hier le débat sur la déchéance de nationalité de jihadistes binationaux en introduisant cette proposition controversée dans un catalogue de mesures élaboré après la série d'attaques en juillet en Allemagne. « Les Allemands qui participent aux combats à l'étranger pour une milice terroriste et qui possèdent une autre nationalité doivent à l'avenir perdre leur nationalité allemande », a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse.
Au total, 820 jihadistes ont quitté l'Allemagne pour la Syrie et l'Irak, selon un décompte au mois de mai des services secrets allemands. Près d'un tiers d'entre eux est déjà rentré en Allemagne et environ 140 autres ont été tués. Quelque 420 seraient ainsi encore en territoire syrien ou irakien.
Mais, de son propre aveu, le ministre conservateur va devoir travailler dur pour imposer cette mesure aux sociaux-démocrates, partenaires incontournables au sein du gouvernement de coalition de la conservatrice Angela Merkel. « Ce sera un point difficile avec le SPD, mais je pense que ça deviendra acceptable » à terme pour ce parti, a-t-il dit, se fixant comme objectif de faire adopter cette mesure et d'autres avant les législatives de l'automne 2017.
Le vice-chancelier et patron du SPD, Sigmar Gabriel, a déclaré au groupe de presse Funke être « prêt à discuter de tout ce qui peut contribuer à renforcer la sécurité », pourvu qu'il ne s'agisse pas « d'initiatives populistes précipitées ». « Pour l'essentiel, les diverses propositions du ministre de l'Intérieur ne sont pas nouvelles », a-t-il commenté.
Parmi les autres mesures proposées hier par M. de Maizière à la suite de deux attaques fin juillet revendiquées par le groupe Etat islamique et qui auraient été commises par des migrants, la création du motif d'arrestation de « mise en danger de la sécurité publique » pour pouvoir placer en détention rapidement des étrangers suspectés de préparer des attaques. Il s'agira aussi selon le ministre d'accélérer les procédures d'expulsions. Il compte placer aussi sous une seule direction les différentes forces spéciales allemandes pour qu'une seule « main puisse mettre à disposition » les forces nécessaires en cas d'attaque.
Période électorale
Enfin, le ministre s'est opposé à une interdiction du port du voile intégral réclamée par certains responsables conservateurs: « On ne peut pas interdire tout ce qu'on rejette, et je rejette le port de la burqa. » M. de Maizière a également proposé de gonfler les effectifs de la police « dans les prochaines années de plusieurs milliers de personnes », d'investir dans les technologies de reconnaissance faciale, de fonder un office central chargé de lutter « contre la criminalité et le terrorisme sur Internet », notamment « les communications entre terroristes » et « le commerce illégal d'armes » sur Darknet.
La chancelière, qui avait ouvert grand les frontières aux réfugiés, a vu sa popularité plonger de 12 points à 47 % d'opinion favorable, selon un sondage début août. Son parti, la CDU, se voit désormais concurrencé sur sa droite, à un an des législatives, par les populistes au discours antimigrants de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Par ailleurs, des scrutins régionaux sont prévus en septembre dont un en Mecklembourg-Poméranie-Antérieure, fief électoral d'Angela Merkel, mais aussi bastion de l'extrême droite, puis l'élection du maire de Berlin.
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