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mercredi, 17 août 2016

Les intellectuels face à l’islamisme : le déni continue

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Un lien de complicité unit le refus de « voir » et celui de « nommer ». Mais quand arrive le moment où l’on ne peut plus ne plus voir ? Eh bien, on en rajoute une bonne couche ! Après Charlie Hebdo, le Bataclan, Nice et enfin Saint-Étienne-du-Rouvray, le déni peut bien s’offrir un ultime supplément pathologique en proposant de ne plus mentionner le nom des assassins… S’il suffisait de gommer celui de Hitler des manuels pour qu’il cesse d’en inspirer certains, nous l’aurions su… Comment ? Imposer une lecture « modérée » de Mein Kampf ? Hum, hum…

Notre déni s’obstine, plus droit que jamais dans ses pathologiques bottes : contraint et forcé d’admettre la réalité islamiste des récentes et successives boucheries, que peut-il faire sinon en extorquer, ces jours-ci, par la voix de divers spécialistes, voire de certains politiques, une genèse… populiste ? Suivez mon regard : à (l’extrême) droite toute !

Exemple de ce contorsionnisme sémantique (pas le premier ni le seul) dans le magazine Society du 5 au 18 août : Marc Crépon, CNRS et département philosophie de l’École normale supérieure. Si, selon Rémi Brague, entre « islam et islamisme […] il n’y a qu’une différence de degré, non de nature », Marc Crépon, lui, voit la même affiliation entre islamisme et populisme. Leur ressort commun serait celui du discours identitaire visant à « diviser les populations ». C’est sûr, la meilleure façon de ne pas « diviser » une population est encore d’y multiplier les musulmans… Applaudissant les « grandes autorités musulmanes [qui] ont raison de dire que dans la propagande de l’État islamique il n’y a rien qui relève de l’islam », il souligne, comme facteur aggravant (concernant les jeunes djihadistes ?), une « faillite de la religion ». Résumons : l’État islamique ne relève en rien de l’islam (une religion), mais il y a une faillite de « la religion ». Mais alors, de quelle religion en « faillite » peut-il bien s’agir ? Mystère et boule de gomme. (Indice : quand un prêtre pédophile fait la une des manchettes, s’agit-il d’une faillite de l’Église catholique ou bien d’une faillite de « la religion » ? Réponse : lisez vos journaux de gauche préférés.)

Marc Crépon peut bien souligner, également, l’aspect profondément paradoxal de « notre rapport à la liberté », voici comment, selon moi, cet aspect se traduit concernant l’islam. Tout le monde aura noté la multiplication, dans notre espace public, de jeunes adeptes de l’autocensure capillaire (voile), qui est précisément un de ces pieds de nez « identitaires » que Marc Crépon semble tant redouter. Ce bras d’honneur communautaire se réclame, bien sûr, de « la liberté ». Au même moment, en terre d’islam, (l’Iran, pour ne pas le nommer), des hommes se voilent sur les réseaux sociaux, en soutien à leurs compagnes courageuses qui réclament de pouvoir tomber le leur. Toujours au nom de « la liberté ». Je me demande pour qui le paradoxal cœur de Marc Crépon penche.

Silvio Molenaar

Source : Boulevard Voltaire



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