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samedi, 20 août 2016

Cachez ce burkini que je ne saurais voir !

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La confusion entre religion et culture conduit à une inversion surprenante entre la tolérance théoriquement impliquée par la laïcité et l’obligation stricte revendiquée par la religion. Depuis quelques jours, le maillot de bain intégral qui correspond à la pudeur féminine exigée par les textes et la tradition islamiques, le « burkini », fait l’objet d’arrêtés d’interdiction sur les plages de plusieurs stations balnéaires. C’est donc la laïcité qui contraint et la religion qui proclame le droit de s’habiller comme on le veut.

La France détient le secret de ces débats vestimentaires qui cachent son incapacité d’affronter le véritable problème, qui est celui de l’immigration. Il y a eu, dans les années 90, la question du voile à l’école. La « burka », en fait le « niqab », fut l’étape suivante de cette guerre du vêtement. Le troisième acte de la comédie est donc le « burkini ».

Entre la satisfaction un peu primaire de dire bien fort « On est chez nous » et le ridicule d’une situation qui fait rire une bonne partie de la planète, l’opinion tangue. Est-il normal que, dans un pays libéral, on puisse empêcher les gens de se vêtir comme ils le désirent ? Il est grotesque de parler, ici, des valeurs de la France comme le fait Manuel Valls. L’impudeur serait-elle une valeur, dès lors que les seins nus deviennent plus admissibles que le burkini ? Il est trop facile, à une musulmane, de répondre qu’elle ne souhaite pas s’offrir aux regards comme une marchandise et que tel est son choix.

En fait, de façon implicite, la réaction de rejet répond à une intention de provocation parfaitement identifiée, même si elle se camoufle en exigence pudique. La tenue ample et sombre d’un seul tenant, des pieds à la tête, ne cache pas, elle provoque, et agace à juste titre. Le paradoxe de l’interdiction vient de la très grande liberté qu’il y a de se déshabiller, qui légitime mal qu’on empêche de se couvrir. Le monokini, les seins nus, le nudisme marginal pratiqué ici et là parce que la police a autre chose à faire que de défendre la pudeur offensée, fournissent aux musulmans un argument de poids : « Ces corps dénudés nous choquent, mais nous sommes bien obligés de les tolérer. Pourquoi voudriez-vous stigmatiser notre correction vestimentaire ? » On se rend compte à quel point nous sommes loin de la religion, car la plupart des chrétiens souhaitent également une certaine rigueur du vêtement. Alors, comme le Premier ministre, on se réfugie dans les plis de la République laïque : le voile exhibe l’inégalité des sexes et la servitude féminine.

Chacun sait que cet argument est de mauvaise foi. Cette tenue est, en fait, insupportable parce qu’elle nous jette à la figure la présence, chez nous, de gens qui n’aiment pas notre façon de vivre et affichent de manière ostentatoire leur différence, voire leur hostilité. Le costume n’est pas qu’une coutume, mais un message. Il dit qui vous êtes, et en l’occurrence se fait signal, un signal d’affrontement délibéré. C’est là toute la question que l’on n’ose pas nommer, parce qu’elle remet en cause la litanie du « vivre ensemble » et qu’elle dévoile la guerre en gestation entre les « communautés ».

Christian Vanneste

Source : Boulevard Voltaire



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