Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 30 août 2016

Consultations au ministère de l'Intérieur sur l'islam de France

576-6da8-11e6-859c-124814303559.jpg

Le ministère de l'Intérieur, chargé des cultes, veut huiler les rouages plutôt grippés de l'islam de France. Bernard Cazeneuve organise, ce lundi 29 août, une journée de travail au plus haut niveau pour désensabler un vieux serpent de mer : le financement des mosquées et la formation des imams.

Voilà donc réunis, place Beauvau, dans les austères locaux du ministère de l'intérieur, toute la journée de lundi, une cinquantaine de personnalités pour une opération à haut risque politique et technique. En 2005, un certain Dominique de Villepin, qui succédait à Nicolas Sarkozy au ministère de l'intérieur, avait créé une «Fondation pour les œuvres de l'islam». Elle devait réguler, en les contrôlant, les flux financiers venus de l'étranger qui entrent dans le financement des grandes mosquées françaises. L'annonce fut une réussite. L'échec fut total. 

Mais les attentats à répétition perpétrés en France et la lutte contre la radicalisation de jeunes musulmans a poussé tant le ministère de l'intérieur que les responsables du Conseil français du Culte Musulman (CFCM), à rouvrir ce dossier d'une délicate complexité juridique. Ils estiment notamment que le contrôle potentiel des finances de l'islam de France est l'un des leviers de lutte contre les terroristes islamiques. 

Deuxième religion de France

Devraient donc être annoncées, ce lundi, la dissolution de la «Fondation pour les œuvres de l'islam» et la création d'une nouvelle «Fondation pour l'islam de France». Son objet ne sera plus le financement du culte. Elle devient une institution d'accompagnement et de soutien de l'Etat à la deuxième religion de France, soit une sorte de cogestion qui ne dirait pas son nom. Un «pont entre la République et les musulmans de France» assure Bernard Cazeneuve dans une interview à La Croix ce 29 août. 

La fondation devra œuvrer sur le plan culturel -et non pas cultuel- à la promotion d'un islam modéré, made in France en quelque sorte. En diffusant, notamment à l'université, dans l'enseignement mais aussi au sein du monde musulman, une connaissance approfondie de cette religion. L'idée maitresse est de ne plus laisser aux seuls salafistes, le monopole de l'initiation grand public à la religion ou la définition de la «bonne» façon de le pratiquer. 

Jean-Pierre Chevènement, 71 ans, qui a été pressenti pour présider la nouvelle Fondation et qui sera au ministère de l'intérieur aujourd'hui (dont il eut autrefois la charge) observe: «Le défi, c'est de faire en sorte qu'il y ait un islam républicain. Ce n'est pas évident. Je crois que c'est possible.» 

En revanche, le contrôle du financement de la construction des mosquées, mais aussi celui de la formation des imams -dont l'objectif est qu'ils soient tous formés en France- seront spécifiquement confié à une «association cultuelle» nationale, nouvellement créée, elle aussi. 

Jean-Pierre Chevènement explique à l'AFP l'articulation entre la Fondation et l'Association: «Cette fondation, qu'il faudra reconnaître d'utilité publique, doit respecter le principe de la laïcité. Son objet est donc profane: elle sera en charge de questions sociales, culturelles et éducatives. Dans la formation des imams, elle ne traitera que des aspects civiques, juridiques. Tout ce qui est religieux est hors de son champ. C'est pourquoi on va lui adosser une association cultuelle -loi de 1905- qui aura pour mission ce qui a trait à la formation religieuse ou au financement de la construction de lieux de culte». Il précise à ce propos: «J'ai fait connaître ma position vis-à-vis des financements étrangers: j'y suis opposé. Il y a des ressources en France». 

Avant de procéder à ces annonces lundi après-midi, et de lancer la nouvelle structure de façon officielle, le ministère de l'Intérieur va donc croiser, au cours de plusieurs séances ce lundi, une large palette de personnalités musulmanes qualifiées -pas forcément choisies pour leurs engagements religieux- des élus concernés et des experts. Anouar Kibech, président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), la structure pivot de ce nouvel ensemble, se montre très optimiste: «On va repartir sur une dynamique positive, cet épisode va mettre fin à la séquence nauséabonde du burkini».

Jean-Marie Guénois

Le Figaro

Les commentaires sont fermés.