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jeudi, 01 septembre 2016

Il y a un an, Merkel ouvrait la porte aux réfugiés: bilan

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Malgré une baisse de popularité, la chancelière d'Allemagne a encore répété fin juillet: «Wir schaffen das!»

Sans l’aide spontanée de la population, Homberg n’aurait pas surmonté cette crise. Comme beaucoup d’autres communes, cette petite ville de 8000 habitants en Hesse, située au centre de l’Allemagne, a été dépassée par l’arrivée de centaines de réfugiés chez elle à l’automne 2015.

«Nous avons accueilli les gens dans un gymnase réquisitionné, juste à côté de l’école», raconte Yvonne, une bénévole de 49 ans. «Beaucoup d’habitants sont venus aider spontanément. Sans eux, nous n’y serions jamais arrivés», assure-t-elle.

«Si nous n’avions pas eu cet élan de solidarité dans la population, il y aurait eu certainement des morts», lâche Bernd Mesovic, vice-président de la principale ONG d’aide aux réfugiés (Pro Asyl). Un an après, la motivation des bénévoles est intacte. «La plupart sont toujours actifs. Nous avons même un regain d’adhésions cette année», constate-t-il.

Un appel marquant

L’appel à la mobilisation d’Angela Merkel («Wir schaffen das», «Nous allons y arriver»), le 31 août 2015, puis l’ouverture des frontières, dans la nuit du 4 au 5 septembre, pour accueillir des milliers de réfugiés bloqués à la frontière hongroise, resteront deux dates historiques pour les Allemands. «C’est un défi qui sera plus important que celui de la Réunification», avait prévenu le président de la République, Joachim Gauck.

Comme après la chute du mur de Berlin, l’euphorie des premiers jours est oubliée. L’Allemagne compte désormais plus d’un million de réfugiés sur son territoire et elle en attend encore 300'000 cette année. «Merkel a fait la même erreur que Helmut Kohl à la Réunification lorsqu’il avait affirmé trop vite que l’Allemagne de l’Est se transformerait en champs fleuris», regrette Gero Neugebauer, politologue à l’Université libre de Berlin (FU). «Le slogan «Wir schaffen das!» n’a pas de contenu. De qui parle-t-elle quand elle dit ‘nous’ (ndlr: «wir») Et que veut-elle dire quand elle dit ‘cela’ (ndlr: «das») Merkel a fini par démontrer qu’elle n’avait pas de vision dans cette crise. Les Allemands sont plongés dans le doute», ajoute-t-il.

Fortes critiques

Malgré une baisse de popularité, Angela Merkel reste sur sa ligne: «Je suis persuadée que nous allons y arriver («Wir schaffen das!»), a-t-elle encore répété fin juillet. La chancelière a néanmoins complètement changé de rhétorique. «Elle a abandonné son credo sur la culture de l’accueil en appelant, par exemple, les citoyens d’origine turque à plus de loyauté envers l’Allemagne», remarque-t-il. Depuis cette crise, la situation politique est très tendue. Selon les sondages, trois quarts des Allemands condamnent aujourd’hui le choix de la chancelière d’avoir ouvert les frontières. Les violences xénophobes n’ont jamais été aussi importantes.

L’extrême droite à 20%

La vague d’agressions sexuelles à Cologne, lors de la Saint-Sylvestre, et les deux attentats de juillet (à chaque fois, il s’agissait de réfugiés) ont plongé les Allemands dans le doute sur sa politique d’asile. Ces agressions ont conforté les positions d’une extrême droite complètement absente avant la crise. Les scores de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) dépassent désormais les 20% dans certaines régions. Ce parti islamophobe et antieuropéen pourrait même arriver devant le parti de Merkel, le Parti chrétien-démocrate (CDU), aux élections régionales du Mecklembourg dimanche. Du jamais-vu depuis 1949!

Sans projet

Merkel est plus que jamais isolée en Europe. Ses homologues lui tournent le dos en refusant de suivre sa politique humanitaire et, au sein même du camp conservateur (CDU), on n’attend qu’un faux pas pour la remplacer. Un putsch serait néanmoins suicidaire. «Elle est irremplaçable pour l’instant. Personne n’est en mesure de proposer un autre projet politique», insiste le politologue Gero Neugebauer.

Un an après «l’appel du 31 août», la crise des réfugiés est devenue une crise de l’intégration qui s’avère beaucoup plus difficile que prévue. «Il faudra plusieurs années pour y arriver», insiste Bernd Mesocic de Pro Asyl. Les entreprises, qui espéraient résoudre en partie la pénurie de main-d’œuvre, ont déchanté. Selon l’Institut de recherche sur le marché du travail (IAB), 70% des réfugiés n’ont pas de formation professionnelle. Seulement 8% ont une formation universitaire. «Les grands groupes, qui voulaient embaucher, n’ont finalement puisé que 50 personnes dans cette réserve de main-d’œuvre. En un an!» fait remarquer Bernd Mesocic.

A Homberg, seulement une vingtaine de réfugiés sont restés vivre dans la commune. Les autres ont été répartis dans d’autres villes ou villages. Ces nouveaux habitants attendent maintenant l’arrivée de leur famille bloquée dans des centres en Turquie (un délai d’un an est imposé par la loi). «Ils doivent apprendre l’allemand, trouver un logement et surtout un travail pour sortir du cercle vicieux de l’aide sociale», explique la bénévole Yvonne. «Le vrai travail commence maintenant», insiste-t-elle.

 

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