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jeudi, 15 septembre 2016

Allemagne : arrestation de trois hommes soupçonnés d’allégeance à l’EI

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Trois hommes soupçonnés d’avoir prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI) et d’appartenir à la même filière que les auteurs des attentats perpétrés à Paris et à Saint-Denis le 13 novembre 2015 ont été arrêtés, mardi 13 septembre, dans le cadre d’une opération antiterroriste dans le nord de l’Allemagne.

Selon le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, ils seraient arrivés en Europe depuis la Syrie et auraient eu recours à « la même organisation de passeurs que les auteurs des attentats de Paris ». Par ailleurs, ils seraient détenteurs de « documents de voyage fabriqués dans le même atelier » de fabrication de faux papiers que les deux kamikazes irakiens du Stade de France et que les deux suspects, l’un algérien, l’autre pakistanais, interpellés en décembre 2015 en Autriche.

Sur les activités actuelles des trois hommes arrêtés mardi matin dans des foyers de demandeurs d’asile près des villes de Hambourg et de Lübeck, dans le nord de l’Allemagne, M. de Maizière s’est voulu rassurant. « Jusqu’à présent, il n’y a aucune indication qu’une planification concrète en vue d’un attentat était en cours. Il pourrait dès lors s’agir d’une cellule dormante », a-t-il déclaré, mardi midi, lors d’une conférence de presse à Berlin.

Selon un communiqué du parquet, qui a décidé de les poursuivre pour appartenance à une « organisation terroriste étrangère », les trois hommes « sont soupçonnés d’être venus en Allemagne sur ordre de l’EI soit pour exécuter une mission, soit pour se tenir prêts en vue d’instructions ».

Intérêt politique pour le gouvernement allemand

Les trois hommes, semblent-ils, sont arrivés ensemble en Allemagne, en novembre 2015. Le plus jeune, Mahir Al-H. (17 ans) est soupçonné d’avoir rejoint l’EI en septembre 2015 et d’avoir bénéficié d’une courte formation au maniement d’armes et d’explosifs à Rakka, dans le nord de la Syrie. Avec ses deux complices, Ibrahim M. (18 ans) et Mohamed A. (26 ans), il se serait ensuite rendu en Turquie puis aurait suivi la route des Balkans pour gagner l’Allemagne.

Avant de partir pour l’Europe, les trois hommes auraient rencontré un haut responsable de l’EI qui leur aurait fourni leur passeport, quelques milliers de dollars américains en argent liquide, ainsi que des téléphones portables équipés d’applications permettant de communiquer par messages cryptés.

L’identification de ce personnage sera l’un des points clés de l’enquête. Il pourrait s’agir d’un certain Abou Ahmad, celui qui avait aussi organisé le périple vers l’Europe des hommes arrêtés en décembre 2015 en Autriche. Son numéro de téléphone avait été retrouvé, griffonné, sur un bout de papier près du cadavre d’un des kamikazes du Stade de France, le 13 novembre 2015.

Potentiellement très intéressantes pour les enquêteurs qui travaillent sur les attentats de Paris, les trois arrestations de mardi le sont aussi d’un point de vue plus strictement politique pour le gouvernement allemand.

Importants moyens déployés

Quelques semaines après les deux attentats – l’un au couteau, l’autre à la bombe – que l’EI a revendiqués en juillet en Allemagne, il était important que Berlin apporte la preuve de sa capacité à déjouer des attentats en amont. En cela, ce n’est sans doute pas un hasard si, mardi, la communication officielle autour de ces arrestations a d’abord insisté sur les importants moyens déployés – soit 200 policiers au total – dans le cadre de ce qui constitue la plus vaste opération antiterroriste de ces derniers mois.

Pour le gouvernement, la partie est cependant délicate pour une raison qui tient à l’origine des individus arrêtés. Le fait qu’ils aient des passeports syriens et aient emprunté la route des Balkans à l’automne 2015 risque de donner des arguments à ceux qui considèrent que la chancelière Angela Merkel a mis l’Allemagne en danger en ouvrant les portes du pays aux réfugiés à l’été 2015.

Mardi, M. de Maizière a appelé à éviter les amalgames, répétant une nouvelle fois ce que la chancelière elle-même a dit à plusieurs occasions, à savoir que si des terroristes avaient pu se glisser dans les flots des réfugiés de ces derniers mois, rien ne serait plus « faux » que de soupçonner l’ensemble des réfugiés. Compte tenu du climat de la rentrée politique en Allemagne, dominé par les offensives de la droite conservatrice et de l’extrême droite contre la politique de Mme Merkel à l’égard des réfugiés, il n’est pas sûr qu’un tel discours soit entendu.

Thomas Wieder

Le Monde

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