samedi, 17 septembre 2016
Merkel ridiculisée dans son fief par l'extrême droite — Allemagne
Et l'AfD espère une nouvelle percée le 18 septembre lors des élections du parlement de Berlin. Comble du paradoxe, c'est Angela Merkel qui les a replacées aux premières places. La formation politique ratisse large, mais convainc particulièrement les abstentionnistes: 20% des électeurs qui s'étaient abstenus aux législatives de 2013 se disent proches de ses idées, relève Le Monde. Le paysage politique y est également aussi comparable que détestable. Si cette région est plutôt en bonne santé économique, les habitants n'ont pas ressenti une amélioration sur le front de l'emploi, et les retraités ont été sensibles aux problèmes des retraites "alors qu'il y a de l'argent pour les réfugiés".
A cette occasion, 61,6 % de l'électorat se sont exprimés, dimanche dernier dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale.
La chancelière ne remettra pas pour autant en cause sa politique migratoire.
Les agressions sexuelles du Nouvel An à Cologne et dans d'autres villes du pays puis la série d'attaques commises en juillet dernier, dont deux ont été revendiquées par l'organisation État islamique (EI), ont alimenté le débat sur la " Wilkommenskultur", la culture de l'accueil prônée par la chancelière, jusque dans les rangs de la droite allemande. Pendant toute la campagne, les militants de l'AFD ont tiré à boulets rouges sur la politique migratoire d'Angela Merkel et sa décision de laisser 1 million de migrants entrer en Allemagne en 2015.
L'heure d'Angela Merkel aurait-elle sonné? L'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel a été devancée de justesse par le parti anti-immigrants Alternative pour l'Allemagne (AfD) aux élections régionales qui ont eu lieu dimanche dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale, pourtant fief électoral historique d'Angela Merkel. Pour la première fois dans l'histoire du pays, elle devance les conservateurs de la CDU dans un scrutin régional.
Le patron du SPD et vice-chancelier Sigmar Gabriel a dès lors appelé tous les partis à se demander "comment faire pour que la colère et les inquiétudes des gens ne se retrouvent pas dans l'AfD".
Après les attentats de cet été en Allemagne, le ministre de l'Intérieur a annoncé un virage sécuritaire et évoqué l'hypothèse de déchéance de nationalité, réforme qui avait échoué en France et pourrait réussir en Allemagne.
Car toute la campagne électorale a tourné autour de la politique d'accueil des réfugiés décidée par Merkel, à laquelle l'AfD s'oppose frontalement.
Directeur du bureau de Paris pour la Fondation politique Friedrich Ebert, Stefan Dehnert observe: "Ce vote met la chancelière et son gouvernement sous une énorme pression". "Les électeurs de la CDU en ont plus que ras-le-bol", prévient Bettina Roehl, qui garantit qu'à droite, "beaucoup ne sont plus effrayés par l'idée d'une CDU dans l'opposition et sans Merkel": "L'étoile de Merkel est en train de décliner". Les électeurs, dans une situation exceptionnelle, se tournent vers les extrêmes.
Aujourd'hui, la chancelière se trouve à des milliers de kilomètres du Mecklenburg, au sommet du G20 en Chine. Son retour à Berlin va être difficile. Selon un sondage de la chaîne ZDF (en allemand) réalisé fin août, en effet, un électeur sur quatre a jugé ce thème crucial, juste derrière le chômage (38% des sondés). "Madame Merkel est donc aujourd'hui très affaiblie".
Merkel sera bientôt confrontée à deux nouveaux tests. Ce Land, cependant, longtemps à l'écart des évolutions sociologiques et idéologiques liées à l'intégration européenne et à la mondialisation, demeure un foyer de nationalisme ombrageux, imperméable à la repentance générale vis à vis du passé nazi de l'Allemagne, dont la RDA avait fait l'économie en refusant l'héritage moral de l'hitlérisme. À un an des élections générales, "ça se complique pour Merkel", souligne la Süddeutsche Zeitung, alors que le Handesblatt est plus direct: "c'est le crépuscule de Merkel ".
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