Le Parlement bulgare a adopté, vendredi, une loi interdisant « le port dans les lieux publics de vêtements dissimulant partiellement ou complètement le visage », alors que le pays enregistre une montée du salafisme.
Le Parlement bulgare a adopté, vendredi 30 septembre, une loi interdisant le port du voile intégral en public, devenant, avec la France et la Belgique, l’un des rares Etats européens où une telle disposition est en vigueur.
La nouvelle législation « interdit le port dans les lieux publics de vêtements dissimulant partiellement ou complètement le visage », sauf s’il est imposé par des raisons de santé ou par le caractère de la profession exercée. Les mosquées sont affranchies de cette interdiction. Les sanctions prévues sont une amende de 200 leva (100 euros) pour une première infraction, et de 1 500 leva (750 euros) pour chaque infraction suivante.Montée du salafisme
La Bulgarie, majoritairement orthodoxe, compte environ 13 % de musulmans, issus des minorités turque et rom. Le voile intégral n’y était pas porté avant la montée en puissance récente de quelques prédicateurs salafistes comme Ahmed Moussa.
La ville de Pazardjik (dans le centre du pays), où le niqab a fait son apparition pour la première fois dans le quartier rom il y a trois ans, avait devancé la loi en avril en interdisant le port du voile intégral dans la commune. Huit femmes y ont été sanctionnées à ce jour et quatre autres villes se sont dotées d’une réglementation similaire.
L’adoption de la loi, à un mois de l’élection présidentielle du 6 novembre, a provoqué les vives protestations du parti de la minorité turque MDL, qui a reproché aux autres partis de « semer l’intolérance religieuse ». Les trente députés du MDL ont boycotté le vote.
Amnesty International réagit
Le gouvernement minoritaire de centre droit de Boïko Borissov a en revanche bénéficié du soutien d’une formation nationaliste, le Front patriotique, auteur de la proposition de loi. Celle-ci prévoyait initialement des peines de prison et la privation d’aides sociales pour les porteuses du voile intégral.
L’organisation non gouvernementale Amnesty International a vivement réagi, déclarant que « cette loi fait partie d’une tendance inquiétante d’intolérance, de xénophobie et de racisme en Bulgarie ». « Les femmes en Bulgarie devraient être libres de s’habiller à leur convenance et de porter la burka ou le niqab en tant qu’expression de leur identité et leur foi », a souligné vendredi le directeur Europe d’Amnesty.
Le Monde
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