Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 06 octobre 2016

«Dossier Tabou»: Des jeunes de Sevran parlent de leur altercation avec l'équipe de M6

 

 
Le site Buzzfeed a retrouvé les habitants de la cité des « Radars » qui ont pris à partie le journaliste Bernard de La Villardière…


La séquence est loin d’être passée inaperçue. Dans Dossier Tabou, diffusé sur M6 mardi dernier, Bernard de La Villardière interviewait l’imam Dhaou Meskine devant la mosquée de la cité des « Radars » à Sevran (Seine-Saint-Denis). Le journaliste s’interrogeait sur le fait qu’une quinzaine de jeunes de la ville sont partis faire le djihad en Syrie. Mais l’entrevue a tourné court car l’équipe de tournage a été prise à partie par une bande de jeunes.

Les téléspectateurs ont ainsi pu voir le journaliste de M6 quelque peu malmené. Si bien que l’interview a dû reprendre ailleurs quelques instants plus tard, ailleurs. « [L’incident] n’a pas été programmé », se défendait Bernard de la Villardière auprès de 20 Minutes avant la diffusion du reportage. « J’étais sur le terrain et je me suis fait jeter, poursuivait-il. Oui, ça dit quelque chose [de la situation]… Ça renvoie aux « zones de non droit » dont on nous rebat les oreilles depuis vingt ans et qui participent de ce climat aujourd’hui. Ce sont des quartiers (…) dans lesquels on a laissé faire les réseaux de revente de drogue. Moralité : on a fabriqué des générations de gosses qui étaient embauchés comme shouffeurs [guetteurs] (…) et qui n’ont pas fait d’études et qui ont fait de la taule… Et quand, sur cette population de 25 - 30 ans un peu en déshérence, vous arrivez avec une idéologie salafiste, qui est une espèce de kit prêt à l’emploi qui leur redonne une colonne vertébrale, une raison de vivre, ça fait des ravages. »

« Vous allez me laisser bosser ? »

 

En voix off, dans Dossier Tabou, la bande qui s’en est pris à l’équipe de l’émission est présentée comme un « un mélange de salafistes et de dealers de drogue. » Ce mardi, c’est auprès du site Buzzfeed que groupe de jeunes hommes livrent leur version des faits, qui remontent à l’après-midi du 11 avril. « Lorsqu’on a vu les trois cameramans et l’animateur devant le propriétaire de la mosquée, on est allés les voir pour les saluer et pour avoir des précisions sur les motifs du reportage. On s’est demandé qui était cet imam qui n’a jamais mis les pieds à Sevran. Sauf qu’aucun des journalistes n’a répondu à nos bonjours. La Villardière nous a simplement ignorés et a dit à son équipe : "C’est bon on tourne." », témoigne Ousmane, 33 ans, salarié d’une entreprise de transports.


Comme le montrent des vidéos prises par ce trentenaire et un autre habitant et publiées sur Buzzfeed, le petit groupe a commencé par perturber l’enregistrement, en parlant fort ou en mettant la main devant la caméra. Ils reprochent ensuite à l’équipe de tournage de ne pas avoir fait preuve de davantage de respect à leur égard.
Le ton monte alors très vite. « Vous allez me laisser bosser ? (…) Ça vous embête qu’on parle de cette mosquée ? », s’énerve Bernard de La Villardière. Ce à quoi l’un des Sevranais répond : « A raconter de la merde, ouais ça nous gêne. » « Quelle merde ? Ça te regarde ? Je fais ce que je veux, lui rétorque le journaliste. Je suis dans mon pays, et j’ai le droit de faire ce que je veux, d’accord. (…) Arrête de me toucher, ok ? »

« Quand vous venez dans une cité, ce n’est pas chez vous »

 

« Quand on est journaliste, il faut garder son sang-froid, tonne l’un des trentenaires alors que Bernard de la Villardière quitte les lieux avec les cameramen. (…) Tu n’as même pas fait un pas devant nous, mon pote. Tu es parti dans une allégation de merde. La réalité elle est là messieurs. C’est tout. Passez une très bonne journée. » Quelques secondes plus tôt, on peut entendre sur la vidéo un « Quand vous venez dans une cité, ce n’est pas chez vous », bien moins cordial.

Auprès de Buzzfeed, les membres du petit groupe qui a participé à l’altercation déplorent d’avoir été qualifiés de « salafistes et de dealers »

« Il nous a vus cinq minutes et décrète qu’on est soit salafistes, soit dealers. Comment il peut savoir ça ? », demande Ousmane. Le site précise que les témoins qui ont accepté de répondre à ses questions assurent n’être ni « musulmans pratiquants », ni dealers.
Selon Buzzfeed, les sept Sevranais envisagent d’organiser une « sorte de journée portes ouvertes dimanche 9 octobre à la cité pour montrer qu’on sait accueillir ». Ils aimeraient bien y voir Bernard de La Villardière pour « dialoguer ». Sans tabou ?

F. R. 

20 Minutes

Les commentaires sont fermés.