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mercredi, 02 novembre 2016

Un tyran se lève sur les rives du Bosphore… mais l’Europe regarde ailleurs !

 

 




Trois mois après la tentative de putsch dont Erdoğan a dit:
C’est une grâce de Dieu, ce coup d’État,
le président turc vient de reconduire l’état d’urgence.
Un état d’urgence qui l’autorise à pondre des « décrets-lois » en rafale, tous plus liberticides les uns que les autres, mettant en place sous notre nez, et donc avec notre complicité, un régime ouvertement totalitaire. Onze décrets-lois viennent ainsi d’être pris, qui ne passent évidemment pas devant le Parlement turc.
Parmi ceux-là, comme l’écrivait ici ce matin même Gabriel Robin, le prochain rétablissement de la peine de mort, et l’on peut imaginer qu’Erdoğan va s’en servir. Depuis trois mois, en effet, 30.000 personnes ont été arrêtées, souvent torturées. L’un des décrets évoqués ci-dessus permet en effet de garder toute personne arrêtée durant cinq jours sans qu’il faille établir un contact avec sa famille ou un avocat. Ce sont des méthodes bien éprouvées autrefois chez les voisins du Nord, au temps du KGB, de la Stasi et de la Tchéka. Pour un exemple plus récent, on évoquera Guantánamo mais, contrairement aux Américains, Erdoğan joue à domicile. Il préfère le fait maison.

Dans la chasse aux sorcières qui sévit depuis le 15 juillet, 55.000 professeurs ont été mis à pied, un quart des magistrats et la moitié des généraux évincés. 90.000 fonctionnaires ont été radiés du jour au lendemain, 10.131 de plus dans les ministères de l’Éducation, de la Justice et de la Santé selon la dernière publication du Journal officiel turc ! 15 médias ont déjà été fermés et, ce lundi, c’est le rédacteur en chef du quotidien d’opposition Cumhuriyet qui a été arrêté avec 13 de ses journalistes et responsables administratifs. On leur reproche d’avoir manifesté un intérêt pour l’ennemi juré Fethullah Gülen et d’avoir publié des articles sur les séparatistes kurdes. Un millier d’enseignants ont aussi été écartés des universités et, désormais, les recteurs seront nommés par le gouvernement et non plus élus. De même, de nombreuses entreprises ont été rayées du paysage, les biens privés confisqués et des milliards d’euros de patrimoine saisis au profit de l’État turc.
Et que fait l’Europe ? Elle regarde ailleurs. Vers Poutine, par exemple, qui fait un méchant bien commode. C’est que le nouveau Staline qui prospère sur les rives du Bosphore tient toutes ces c… molles dans ses tenailles.

Depuis mars, l’Union européenne a conclu avec Erdoğan un marché de 350 millions d’euros. C’est le prix pour qu’il garde chez lui les trois millions de réfugiés massés à la frontière irako-syrienne. Depuis un mois, ceux-ci peuvent même disposer d’une carte bancaire prépayée par l’Europe qui leur attribue 100 livres turques par mois (30 euros) pour se nourrir, davantage s’ils ont des enfants scolarisés. C’est le fameux « filet social » promis dans le contrat. Devrait suivre un programme d’aide plus conséquent : six milliards d’euros, sous la supervision du Croissant-Rouge turc et du Programme alimentaire mondial. Une façon, ont dit les crânes d’œuf européens, de relancer l’économie locale.

Alors Erdoğan fait ce qu’il veut. C’est lui qui a en main la grenade dégoupillée. Qu’on se mette en travers de son chemin et il ouvrira les vannes, lâchant vers le nord des milliers de candidats à l’exil… qui finiront à Calais ou sous le métro aérien…

 Marie Delarue

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