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samedi, 05 novembre 2016

Réveil de l'extrême-droite en Suisse: ce que disent les chiffres

 

 
En dépit de l'actualité récente, le nombre de manifestations d'extrême-droite a régressé en Suisse depuis cinq ans. Mais les violences à l’encontre des étrangers augmentent et l'évolution du contexte migratoire pourrait intensifier les activités extrémistes



 Mi-octobre, 5000 personnes ont participé à un concert néonazi à Unterwasser. En Suisse romande, deux rassemblements sont annoncés dans le courant du mois de novembre: l’un, interdit par le gouvernement vaudois, aurait du se tenir samedi dans un lieu secret du canton; le second est programmé à Genève le 12 novembre avec en invité d'honneur Alain Soral, figure de l’extrême-droite française.  


Assiste-t-on pour autant à un réveil soudain de ces mouvements? La base de données du service de renseignement de la Confédération (SRC) qui liste tous les événements d’extrême-droite entre 2011 et 2015 – et que «Le Temps» s’est procurée – apporte un éclairage statistique partiel sur l’activité de ces groupes. Le SRC surveille et recense les événements d’extrême droite qui impliquent des organisations ou des personnes connues pour des actes violents. Cette base de données n’est donc pas le reflet de toutes les activités de l’extrême-droite, les mouvements identitaires n’y figurant souvent pas. 

Des événements moins nombreux depuis 2011

 

En Suisse, entre 2011 et 2015, 180 événements d’extrême droite ont été recensés par le SRC. Et leur nombre est en forte régression en Suisse depuis 2011. Le concert d’Unterwasser, de loin le plus grand événement organisé sur cette période, devance un autre concert dans le même canton de St-Gall organisé par Blood&Honor, 300 personnes.


Un ancrage plus fort en Suisse alémanique

 

Il existe de grandes disparités entre les cantons. La Romandie est peu habituée à accueillir ce genre d'événements. A l’inverse, Lucerne, Argovie et Zürich connaissaient une dizaine d’événements par année en 2011.
En Argovie, le nombre d’événements annuels a soudainement chuté en 2013, alors qu’à Lucerne, le déclin survient une année plus tard. Zürich a connu un pic d’événements en 2012, puis un retour au calme. Comment l’expliquer? «Le SRC ne fait pas d’analyse cantonale de l’évolution des extrémismes violents, mais des analyses nationales. Nous pouvons cependant dire que les développements ou les régressions sont liés à des individus» répond le SRC aux questions du Temps. «Nous observons aussi que l’extrémisme de droite se développe davantage dans les campagnes que dans les villes».


Une présence plus soutenue en 2015 dans le canton de Vaud

 

En Suisse romande, seul Genève connaissait une poignée d’événements par année, essentiellement liés au groupuscule Genève non-conforme. Ces manifestations, qui tournaient parfois en bagarres, ne réunissaient jamais plus d’une dizaine de personnes.
Quant au canton de Vaud, il a connu un événement une année sur deux entre 2011 et 2014. Collage d’autocollants anti-noirs ou anti-frontaliers à Yverdon, concert et grillade autour du groupe Frakass - Crew 38 (branche des Hammerskins) en 2013 à Lavey-Morcles avec 50 participants, une fête de la jeunesse qui dégénère en bagarre sous les coups d’un skin valaisan, un père extrémiste de droite qui menace des fonctionnaires pour une bisbille privée en 2014.
Mais en 2015, le canton a vécu quatre événements d’extrême droite, selon la liste du SRC. Une bagarre à Lausanne impliquant 20 personnes, un concert d’un groupe hooligan allemand a attiré 20 personnes, un cimetière a été profané à Lausanne et un concert organisé par les Hammerskins suisses (SHS) a attiré une centaine de participants.

Les étrangers au cœur des violences

 

Sur l’ensemble des 180 événements listés par le SRC qui vont des concerts aux agressions physiques, 48 ont clairement pris des étrangers pour cible. Dans 19 cas, il s’agit d’agressions physiques. Dans les autres cas, il s’agit de lettres, de tags, d’auto-collants dont le contenu est raciste ou menaçant.

Cependant, depuis 2012, les agressions physiques sont plus fréquentes que les menaces. Des étrangers sont menacés au couteau, visés avec des bouteilles en verre ou tabassés dans les rues. Des extrémistes ont envahi des lieux d’accueil de réfugiés en les menaçants et 5 incendies criminels de centre de requérants ont été recensés depuis 2012. L’alcool, et parfois la cocaïne, est souvent de la partie lors de ces passages à l’acte.

«Le gros de l’attention des extrémistes de droite se concentre actuellement sur les thèmes de la migration et de l’islam», souligne le SRC dans son dernier rapport. «Une stratégie qui fixerait des buts et les moyens pour les atteindre n’a toutefois pas été relevée», ajoute-t-il. «Les développements dans le domaine de l’asile, qui génèrent de fortes tensions, ainsi que des attentats supplémentaires pour motifs djihadistes en Europe pourraient entraîner une aggravation de la situation dans les domaines de l’extrémisme de droite et de gauche», estime le SRC dans le rapport précité.» A ce jour, des signes concrets d’une telle évolution n’ont pas été relevés en Suisse, ils l’ont par contre été dans d’autres pays européens», note-t-il encore.

Marie Parvex

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