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jeudi, 10 novembre 2016

145 migrants de la « jungle » de Calais en Franche-Comté

 

 La situation de chacun de ces 145 migrants afghans ou soudanais évacués de la « jungle », est suivie de près par les services préfectoraux et de l’office de l’immigration et de l’intégration à Besançon.

 

Ils sont cinq à attendre dans le couloir s’étirant en long balcon au-dessus de la salle des guichets pour cartes grises et permis de conduire du bâtiment d’accueil public de la préfecture du Doubs. En ce mardi matin, plusieurs ont fait route depuis Montbéliard jusqu’à Besançon, accompagnés par des travailleurs sociaux. Tous sont des migrants faisant partie de l’ensemble de ceux qui ont été évacués de la « jungle » de Calais et répartis dans les divers centres d‘accueil et d’orientation (CAO). Au total, ils sont 145 adultes, des hommes dans la quasi-totalité, surtout afghans et soudanais, à se trouver désormais hébergés en diverses villes de la région.

« Tous souhaitaient passer en Angleterre, on connaît la situation, ils ont accepté d’aller en centre d’accueil. L’objectif est de les mettre à l’abri afin qu’ils aient un répit et puissent réfléchir à leur projet migratoire », explique Guillaume Germain, directeur de l’Office français de l‘immigration et de l’intégration (OFII) à la préfecture du Doubs. Besançon est à cet égard l’un des six pôles nationaux de gestion de l’accueil des réfugiés.

En fait, chacun de ces migrants venus de Calais est reçu successivement par un fonctionnaire de la préfecture recensant ses éléments d’identité puis par un agent de l’OFII. Chacun est appelé à se soumettre à la borne Eurodac, base de données répertoriant les empreintes digitales des demandeurs d’asile et permettant de savoir s’ils sont passés par un autre pays.

« Il s’agit ici de déterminer la procédure dans laquelle se trouve la personne. Elle peut se trouver sous procédure Dublin, en référence aux accords de Dublin, soit passée par un autre pays où il a laissé ses empreintes et où il peut être renvoyé, en procédure accélérée ou normale », rapporte Guillaume Germain. Visiblement, les migrants venus de Calais, même en procédure Dublin, ont droit à une certaine mansuétude et peuvent demander l’asile en France. À coup sûr, les migrants suivants ne seront pas logés à la même enseigne et « les dublinés », selon le jargon, devraient être transférés en Grèce ou Italie, souvent le pays de leur prime arrivée.

Une carte et un code confidentiel

 

Pas de risque d’être renvoyé dans un autre pays pour tous ces hommes venus de la « jungle ». Âgé de 26 ans, Suleyman vient de passer à la borne Eurodac, pas d’empreintes. Ce Soudanais n’a pas séjourné trop longtemps à Calais. Avec l’agent de l’OFII le recevant, le dialogue s’instaure par le biais d’une interprète de langue arabe d’ISM Interprétariat jointe au téléphone. D’abord, un point sur la situation de ce migrant logé dans un centre de Montbéliard. Les questions se succèdent. « Je n’ai pas de problème de santé, je suis marié et sans enfant, ma femme est restée au Soudan. Je demande une place en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. J’ai une formation de mécanicien auto. » Le temps de noter son numéro de portable, d’enregistrer sa demande sur le logiciel de l’OFPRA, l’agent de l’OFII lui fait signer une offre de prise en charge et lui remet deux lettres cachetées. « C’est un code confidentiel et une carte de retrait bancaire sans support de compte, la plupart des migrants n’ont pas de compte. Il aura un SMS lui indiquant que la carte est créditée du montant de l’allocation de demandeur d’asile à laquelle il a droit. Il pourra faire trois retraits par mois », explique l’agent de l’OFII. Pour précision, le montant de cette allocation est de 6,80 € par jour et de 12,20 € pour un couple et non de 40 € comme cela a circulé sur des réseaux sociaux.

Fin de l’entretien, Suleyman a bien assimilé que le numéro du code bancaire est à effectuer de gauche à droite et non l’inverse comme beaucoup de locuteurs de langue arabe l’ont fait. Son dossier complet de demandeur d’asile doit être à l’OFPRA dans les vingt et un jours à venir, il le fera depuis le centre d’accueil avec l’aide de travailleurs sociaux. Suleylan sourit : « J’aimerais bien apprendre le français. » S’il obtient le statut de réfugié, le contrat d’intégration républicaine lui permettra de suivre des cours de français.

Yves Andrikian
 

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