Le torchon brûle derechef entre Ankara et Bruxelles. Ou plutôt Strasbourg, car l’incendie diplomatique est parti de la capitale alsacienne.
Les députés du Parlement européen (conservateurs, libéraux, socialistes et Verts) ont adopté, ce jeudi, une résolution – sans grande valeur juridique, mais non dénuée de portée politique – invitant l’Union européenne à suspendre les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe de Bruxelles, prétextant que « les mesures répressives prises par le gouvernement turc dans le cadre de l’état d’urgence sont disproportionnées, attentent aux droits et libertés fondamentaux consacrés dans la Constitution turque, portent atteinte aux valeurs démocratiques fondamentales de l’Union européenne ».
À la vérité, depuis le pronunciamiento avorté de juillet dernier, pas moins de 110.000 personnes ont fait l’objet de purges diverses dans tous les corps d’État, jusqu’à l’armée. Recep Tayyip Erdoğan se voit donc reprocher l’emprisonnement, par fournées, d’opposants au régime (journalistes, enseignants, etc.), suspects de vouloir porter atteinte à la sûreté de l’État, le projet de rétablissement de la peine capitale ou encore la dépénalisation des viols sur mineurs.
La réaction de la Sublime Porte ne s’est pas fait attendre. En termes aussi méprisants que belliqueux, le sultan montra combien l’orgueil national avait été flétri : « Lorsque 50.000 migrants ont atteint Kapıkule [ville frontalière], vous avez pleuré.
Que feriez-vous si la Turquie ouvrait les portes de sa frontière ? Avez-vous réfléchi ? Entendez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s’ouvriront. Mettez-vous ça dans la tête ! Ni moi ni cette nation ne se soucient des menaces vaines. » Et comme pour enfoncer le clou, le Premier ministre turc Binal Yıldırım brandissait le spectre d’une Europe littéralement « noyée » par les immigrants. On se souviendra qu’en mars dernier, un accord fut passée entre l’Union européenne et la Turquie par lequel cette dernière s’engageait à empêcher que les immigrants illégaux traversassent la frontière anatolienne pour se rendre en Grèce, via la mer Égée. En contrepartie, Ankara obtenait la possibilité, pour les ressortissants turcs, de voyager sans visa sur le territoire de l’Union européenne, ainsi qu’une aide prolongée de trois milliards d’euros, sans oublier la relance, en coulisses, du processus d’adhésion à l’Union européenne.
Cet épisode révèle l’inégalité du rapport de force politique entre une Union européenne, faible de ses abstraites « valeurs » démocratiques et « droits-de-l’hommardes » face à une nation renouant avec son passé ottoman, maniant l’arme nucléaire de la submersion migratoire. La première s’engonce dans de veules certitudes morales, la seconde fait de la politique et désigne l’ennemi.
Pour la Turquie, les trois millions de réfugiés qu’elle couve en son sein apparaissent comme les nouveaux janissaires démographiques – à majorité musulmane – prêts à être lancés à l’assaut de la bonne conscience mièvre et dévirilisée d’un Occident hédoniste et matérialiste qu’à l’instar de l’État islamique et autres supplétifs salafistes de plus en plus nombreux elle voue aux gémonies.
Il ne se passera, évidemment, rien puisque le Conseil européen ne devrait, selon toute vraisemblance, ne donner aucune suite à l’initiative parlementaire. En attendant, Erdoğan montre les crocs et ne craint aucunement de lâcher les siens, capitulards européens ou immigrants mahométans piaffant de gagner l’eldorado européen.
Aristide Leucate
Source
Les députés du Parlement européen (conservateurs, libéraux, socialistes et Verts) ont adopté, ce jeudi, une résolution – sans grande valeur juridique, mais non dénuée de portée politique – invitant l’Union européenne à suspendre les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe de Bruxelles, prétextant que « les mesures répressives prises par le gouvernement turc dans le cadre de l’état d’urgence sont disproportionnées, attentent aux droits et libertés fondamentaux consacrés dans la Constitution turque, portent atteinte aux valeurs démocratiques fondamentales de l’Union européenne ».
À la vérité, depuis le pronunciamiento avorté de juillet dernier, pas moins de 110.000 personnes ont fait l’objet de purges diverses dans tous les corps d’État, jusqu’à l’armée. Recep Tayyip Erdoğan se voit donc reprocher l’emprisonnement, par fournées, d’opposants au régime (journalistes, enseignants, etc.), suspects de vouloir porter atteinte à la sûreté de l’État, le projet de rétablissement de la peine capitale ou encore la dépénalisation des viols sur mineurs.
La réaction de la Sublime Porte ne s’est pas fait attendre. En termes aussi méprisants que belliqueux, le sultan montra combien l’orgueil national avait été flétri : « Lorsque 50.000 migrants ont atteint Kapıkule [ville frontalière], vous avez pleuré.
Que feriez-vous si la Turquie ouvrait les portes de sa frontière ? Avez-vous réfléchi ? Entendez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s’ouvriront. Mettez-vous ça dans la tête ! Ni moi ni cette nation ne se soucient des menaces vaines. » Et comme pour enfoncer le clou, le Premier ministre turc Binal Yıldırım brandissait le spectre d’une Europe littéralement « noyée » par les immigrants. On se souviendra qu’en mars dernier, un accord fut passée entre l’Union européenne et la Turquie par lequel cette dernière s’engageait à empêcher que les immigrants illégaux traversassent la frontière anatolienne pour se rendre en Grèce, via la mer Égée. En contrepartie, Ankara obtenait la possibilité, pour les ressortissants turcs, de voyager sans visa sur le territoire de l’Union européenne, ainsi qu’une aide prolongée de trois milliards d’euros, sans oublier la relance, en coulisses, du processus d’adhésion à l’Union européenne.
Cet épisode révèle l’inégalité du rapport de force politique entre une Union européenne, faible de ses abstraites « valeurs » démocratiques et « droits-de-l’hommardes » face à une nation renouant avec son passé ottoman, maniant l’arme nucléaire de la submersion migratoire. La première s’engonce dans de veules certitudes morales, la seconde fait de la politique et désigne l’ennemi.
Pour la Turquie, les trois millions de réfugiés qu’elle couve en son sein apparaissent comme les nouveaux janissaires démographiques – à majorité musulmane – prêts à être lancés à l’assaut de la bonne conscience mièvre et dévirilisée d’un Occident hédoniste et matérialiste qu’à l’instar de l’État islamique et autres supplétifs salafistes de plus en plus nombreux elle voue aux gémonies.
Il ne se passera, évidemment, rien puisque le Conseil européen ne devrait, selon toute vraisemblance, ne donner aucune suite à l’initiative parlementaire. En attendant, Erdoğan montre les crocs et ne craint aucunement de lâcher les siens, capitulards européens ou immigrants mahométans piaffant de gagner l’eldorado européen.
Aristide Leucate
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