Encore un lycéen poignardé, à Marseille. Pas de noms ni de prénoms dans les journaux sur les protagonistes de l’affaire : on s’en doutait un peu. En la matière, l’anonymat prime selon les circonstances. Les journaux se contentent de décrire un climat délétère global dans les lycées de la ville tristement célèbre pour ses kalachnikov.
Le ministre se fend d’un communiqué marquant son profond désarroi et la sempiternelle cellule psychologique tient lieu de cache-misère pour laisser croire que l’on fait quelque chose. Mais il n’y a pas qu’à Marseille, hélas. En son temps, l’ex-ministre Vincent Peillon était convenu, début février 2014, en interview qu’il se passait, parmi les douze millions d’élèves, quelque chose de grave tous les jours. Et encore : heureusement, tout n’apparaissait pas dans la presse. La méthode habituelle étant de demander aux cadres de l’Éducation de ne pas porter plainte ou de ne pas ébruiter ces affaires qui ne dépassent, en général, pas le cadre de la presse locale.
Étrangement, les incidents ont lieu, pour la plupart, là où on les attend. Au-delà de cette violence, il est une autre statistique dont le ministère se vante peu : 48 % des garçons d’immigrés réussissent le baccalauréat, avec 26 % seulement pour ceux dont les parents sont originaires de Turquie, 40 % pour l’Afrique sahélienne et 41 % pour l’Algérie, quand la population générale est à 55 % et les enfants d’Asiatiques à plus de 70 %. Une dernière statistique est éloquente : en 2015, près d’un responsable d’établissement scolaire sur deux a été agressé par des parents d’élèves. Cela montre que les enfants sont vindicatifs, mais que leurs parents le sont aussi et soutiennent la violence de leurs rejetons. Le total est encore plus alarmant si on compte les agressions des cadres et des professeurs par les élèves eux-mêmes.
Cela signe une faillite éducative globale à tous les niveaux, aussi bien parentale que scolaire, l’échec de l’intégration par le savoir, les méthodes et l’acquisition des codes communs de ce que l’on ose encore appeler le « vivre ensemble », qui ressemble de plus en plus au « bastonner ensemble ».
Ajoutons que la chute des résultats scolaires, en maths et ailleurs, est patente et une énième enquête est venue le rappeler dernièrement, même si le taux de réussite au bac est artificiellement gonflé – tout le monde sait comment. L’actuel ministre Belkacem a balayé l’effondrement d’un revers de main. C’est la génération sacrifiée, avec les directives de 2008, en somme la faute à Fillon, Premier ministre, qui a eu la très mauvaise idée de remporter la primaire de droite. Elle même a donné des consignes de bienveillance aux professeurs. Ça veut dire quoi, la bienveillance ? En l’occurrence, supprimer les notes au caractère traumatisant, tenter par tous les moyens d’étouffer les violences à l’école et comprendre le désarroi de pauvres élèves, obligés d’en venir aux mains et aux coups de couteau ? Il ne reste qu’à souhaiter bon courage au futur ministre…
Pierre Duriot
Source
Le ministre se fend d’un communiqué marquant son profond désarroi et la sempiternelle cellule psychologique tient lieu de cache-misère pour laisser croire que l’on fait quelque chose. Mais il n’y a pas qu’à Marseille, hélas. En son temps, l’ex-ministre Vincent Peillon était convenu, début février 2014, en interview qu’il se passait, parmi les douze millions d’élèves, quelque chose de grave tous les jours. Et encore : heureusement, tout n’apparaissait pas dans la presse. La méthode habituelle étant de demander aux cadres de l’Éducation de ne pas porter plainte ou de ne pas ébruiter ces affaires qui ne dépassent, en général, pas le cadre de la presse locale.
Étrangement, les incidents ont lieu, pour la plupart, là où on les attend. Au-delà de cette violence, il est une autre statistique dont le ministère se vante peu : 48 % des garçons d’immigrés réussissent le baccalauréat, avec 26 % seulement pour ceux dont les parents sont originaires de Turquie, 40 % pour l’Afrique sahélienne et 41 % pour l’Algérie, quand la population générale est à 55 % et les enfants d’Asiatiques à plus de 70 %. Une dernière statistique est éloquente : en 2015, près d’un responsable d’établissement scolaire sur deux a été agressé par des parents d’élèves. Cela montre que les enfants sont vindicatifs, mais que leurs parents le sont aussi et soutiennent la violence de leurs rejetons. Le total est encore plus alarmant si on compte les agressions des cadres et des professeurs par les élèves eux-mêmes.
Cela signe une faillite éducative globale à tous les niveaux, aussi bien parentale que scolaire, l’échec de l’intégration par le savoir, les méthodes et l’acquisition des codes communs de ce que l’on ose encore appeler le « vivre ensemble », qui ressemble de plus en plus au « bastonner ensemble ».
Ajoutons que la chute des résultats scolaires, en maths et ailleurs, est patente et une énième enquête est venue le rappeler dernièrement, même si le taux de réussite au bac est artificiellement gonflé – tout le monde sait comment. L’actuel ministre Belkacem a balayé l’effondrement d’un revers de main. C’est la génération sacrifiée, avec les directives de 2008, en somme la faute à Fillon, Premier ministre, qui a eu la très mauvaise idée de remporter la primaire de droite. Elle même a donné des consignes de bienveillance aux professeurs. Ça veut dire quoi, la bienveillance ? En l’occurrence, supprimer les notes au caractère traumatisant, tenter par tous les moyens d’étouffer les violences à l’école et comprendre le désarroi de pauvres élèves, obligés d’en venir aux mains et aux coups de couteau ? Il ne reste qu’à souhaiter bon courage au futur ministre…
Pierre Duriot
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