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mercredi, 07 décembre 2016

La Fondation de l’islam de France est créée

 

 
Anne-Bénédicte Hoffner
 
Le décret portant création de la Fondation de l’islam de France est paru mardi 6 décembre au Journal officiel.
La Fondation, financée par des dons, a vocation à ne financer que des projets culturels et éducatifs.
Mosquée de Vauvert à côté de Nîmes. Le décret portant création de la Fondation pour l’islam de France est paru vendredi 2 janvier au Journal officiel.
 
Mosquée de Vauvert à côté de Nîmes. Le décret portant création de la Fondation pour l’islam de France est paru vendredi 2 janvier au Journal officiel. / Gilles LEFRANCQ/CIRIC/
 

► À quoi sert cette fondation ?

 

In extremis, Bernard Cazeneuve, aura réussi à faire aboutir son projet de Fondation de l’islam de France. Le 6 décembre, jour de sa nomination comme premier ministre, est paru au Journal officiel le décret portant création de la Fondation de l’islam de France.
Une brève ligne mentionne qu’est « reconnue comme établissement d’utilité publique la fondation dite “Fondation de l’islam de France”, dont le siège est à Paris ». Cette fondation, laïque et reconnue d’utilité publique, est l’un des piliers du futur édifice que l’ancien ministre de l’intérieur aura tenté de bâtir pendant son passage par la place Beauvau pour faire émerger un « islam républicain ». Sa vocation est de financer des projets dans les domaines de l’éducation et de la culture : les diplômes universitaires sur la laïcité accessibles aux imams et proposés par 14 universités en France, mais aussi la recherche en islamologie, ou encore des initiatives en faveur de la jeunesse…

« Le 12 décembre, lors de la prochaine instance de dialogue organisée par le ministère de l’intérieur, des ateliers sont prévus pour que les porteurs de projets susceptibles d’être financés puissent se présenter », explique le président du Conseil français du culte musulman, Anouar Kbibech. « Cette fondation est importante parce qu’elle permettra aussi de financer la partie culturelle adossée aux mosquées. »

► Quel est le contexte ?

 

Après plusieurs années pendant lesquelles le dialogue institutionnel avec le CFCM a battu de l’aile, la place Beauvau a repris l’initiative après les attentats de janvier 2015. Constatant les blocages au sein du CFCM, Bernard Cazeneuve a réuni le 15 juin 2015 une première « instance de dialogue avec le culte musulman », élargie à la société civile musulmane, puis une seconde le 21 mars 2016.
Dans un contexte de fortes tensions consécutives aux attentats de cet été à Nice, Magnenville et Saint-Étienne-du-Rouvray, Bernard Cazeneuve avait détaillé le 29 août dans La Croix son dispositif pour « un islam de France » : une Fondation de l’islam de France à vocation culturelle, et une association cultuelle confiée aux musulmans eux-mêmes destinée à financer les mosquées et la formation théologique des imams. Les équipes du ministère de l’intérieur ont eu la lourde tâche, ces dernières semaines, de mettre sur pied la première, et d’« accompagner » l’accouchement de la seconde.

La Fondation de l’islam de France prend la suite de la défunte Fondation des œuvres de l’islam, lancée par Dominique de Villepin et dont elle récupère la dotation initiale d’un million d’euros, mais qui n’a jamais fonctionné en raison des dissensions entre fédérations musulmanes. Un autre décret abroge d’ailleurs la reconnaissance de la première et nomme un commissaire liquidateur, Christian Poncet, pour organiser le transfert des fonds.
 

► Quel sera son fonctionnement ?

 

Dirigé par Jean-Pierre Chevènement, le conseil d’administration – qui doit se réunir jeudi 8 décembre – compte cinq personnalités qualifiées, trois représentants de l’État, deux représentants des donateurs, ainsi que le président du CFCM. La constitution du conseil d’orientation, placé sous la houlette du recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, est un double pari : il devra faire travailler ensemble six représentants du CFCM et 24 personnalités du monde scientifique, philanthropique, social, culturel, et surtout – pour composer ce dernier collège – le ministère de l’intérieur a essayé de s’approcher de « la parité ».
D’autres cercles de soutien sont à l’étude, composé pour l’un d’entreprises – susceptibles d’apporter des fonds – et l’autre d’artistes, dont le gouvernement attend qu’ils « animent le débat ». Trois entreprises – publiques – ont déjà accepté de contribuer à sa dotation initiale (la SNCF, Aéroports de Paris et une filiale de la Caisse des dépôts), ainsi que des donateurs privés, désireux de conserver l’anonymat. « D’autres entreprises, publiques ou privées, n’ont pas souhaité s’engager lors de la création de la fondation mais se sont dites prêtes à financer des projets spécifiques », note un proche du dossier.

► Quel avenir ?

 

Maintenant que la Fondation de l’islam de France est sur les rails, reste le chantier de l’association cultuelle que le ministère de l’intérieur souhaitait faire aboutir avant les élections présidentielles. Parce qu’elle aura la haute main à la fois sur la construction et la rénovation des mosquées et sur le financement des instituts de théologie, cette dernière suscite encore bien plus de convoitises. En témoigne le communiqué de la Grande mosquée de Paris (proche de l’Algérie) annonçant qu’elle « réservait formellement » sa participation à l’instance de dialogue le 12 décembre. « Dalil Boubakeur pense qu’il a vocation à présider tout ce qui se crée », persifle un observateur.

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