Le patron du Parti pour la liberté a néanmoins été relaxé du chef d'incitation à la haine pour des propos controversés sur les Marocains. Absent à l'annonce du verdict, il a fait savoir son intention de faire appel.
«Je vais vous poser trois questions, explique-t-il sur scène. Donnez-moi les réponses claires, celles qui définissent notre parti, le PVV. Voulez-vous plus ou moins d'Union européenne?
Deuxièmement, peut-être encore plus important, voulez-vous plus ou moins de PVDA [le Parti travailliste néerlandais, gauche, NDLR]? La dernière question, je ne sais pas si je suis autorisé à dire cela, peut-être que des membres du D66 (parti démocrate, centre) vont nous intenter un procès […] Voulez-vous, dans cette ville et au Pays-Bas, plus ou moins de Marocains?» En guise de réponse, la foule scande pour chaque réponse: «Moins! Moins! Moins!» À la fin de sa tirade, il conclut, dans un sourire, «nous allons y remédier». La scène avait provoqué un vif émoi dans le royaume et nombre de plaintes avaient été déposées à l'encontre du leader d'extrême droite.
Tribune
Alors qu'il encourait jusqu'à deux ans de prison et plus de 20.000 euros d'amende, le procureur n'avait requis que 5000 euros d'amende à son encontre, estimant qu'il y avait «pire» que ces propos. Le parquet n'en avait pas moins estimé qu'ils étaient «insultants envers les Marocains comme groupe de population» et étaient porteurs de «sentiments fortement négatifs» envers eux et pouvaient donc être considérés comme une incitation à la haine. «Les remarques racistes doivent être arrêtées», avait affirmé le procureur. Geert Wilders a fait savoir vendredi par la voix de son avocat son intention de faire appel de sa condamnation pour discrimination.
La fameuse crinière blonde du condamné n'était pas présente à l'annonce du verdict. Il prévoit tout de même de faire connaître sa réaction dans une vidéo en anglais et en néerlandais. Les juges avaient dû attendre la dernière journée pour apercevoir Geert Wilders qui n'avait pas daigné assister aux précédentes audiences, dénonçant «un procès politique» sur Twitter. Changeant finalement d'avis, le patron du PVV va utiliser la barre comme une tribune, son intervention étant diffusée en direct sur Internet. Il se pose en champion de la liberté d'expression. «Si vous me jugez coupable, c'est la moitié des Pays-Bas que vous jugez coupable, tonne-t-il, affirmant plaider pour «des gens normaux qui veulent récupérer leur pays et qui en ont assez de ne pas être écoutés.» Il rejette toute accusation de racisme. «C'est mon droit et mon devoir en tant qu'homme politique que de parler des problèmes de notre pays.»
Le procès, au final, pourrait apparaître comme une véritable opportunité pour Geert Wilders. Il lui a offert une visibilité inespérée et l'occasion de se poser en victime du système, alors que se profilent des élections législatives cruciales pour les Pays-Bas. D'après les sondages, si elles avaient lieu maintenant, le PVV les remporteraient largement, offrant une chance à Geert Wilders d'accéder au poste de premier ministre. Une progression fulgurante pour ce parti créé seulement en 2006 mais qui a su en 10 ans imposer le populisme aux Pays-Bas. Le jugement pourrait bien encourager une tendance déjà dopée par l'effet Trump.
Julien Licourt
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