Au lendemain de l'attaque du marché de Noël de Berlin, le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, assure qu'en France, les services de police sont «tous mobilisés en cette fin d'année» mais appelle tout de même les Français à la vigilance. L'extrême-droite, elle, met en cause la politique d'ouverture aux migrants de l'Allemagne.
A six mois de la présidentielle, chaque candidat exprime ce mardi son soutien aux Allemands, au lendemain de l'attaque au camion qui a fait au moins douze morts à Berlin. Si tous parlent de «compassion» et de «solidarité», certains élus et militants d'extrême-droite ciblent la politique d'ouverture aux migrants qui, selon eux, est responsable de l'attentat - annoncé dans un premier temps comme l'oeuvre d'un réfugié, demandeur d'asile. La police a depuis précisé ne pas être certaine d'avoir arrêté le bon suspect mais Marine Le Pen a d'ores et déjà demandé un «rétablissement immédiat de nos frontières». Côté gouvernement français, on tente de rassurer, tout en appelant à la prudence. Le président François Hollande confirme en effet un «haut niveau de menace» en France ainsi qu'«un plan de vigilance» mis en place.En France, les moyens de sécurité sont mis en place mais... «haut niveau de menace».«Les services de police, en civil également, sont totalement mobilisés en cette fin d'année», veut rassurer Bruno Le Roux. Le nouveau ministre de l'Intérieur était justement lundi à Berlin. «Nous sommes tous berlinois», affirme-t-il d'abord, interrogé ce mardi sur Europe 1. Puis, sans donner volontairement trop de détails, il assure que les marchés de Noël, en France, sont très surveillés (cf. encadré ci-dessous). «Il y a une attention particulière sur les réseaux sociaux», précise-t-il, faisant passer plusieurs messages aux Français, auxquels il veut dire que «leur protection est assuré, qu'ils s'amusent mais qu'ils soient prudents. Il y a les effectifs mais ils ont eux-mêmes un grand rôle. Je demande à chacun de nos concitoyens d'être prudents mais d'éviter le climat de peur.» Pour appuyer son propos, Bruno Le Roux s'est également rendu symboliquement au marché de Noël Strasbourg en fin de matinée.
Dans la foulée, François Hollande confirme un «haut niveau de menace» en France mais qu'«un plan de vigilance particulièrement élevé» est mis en place dans l'Hexagone.
L'extrême-droite française accuse la politique d'ouverture aux migrants. Avant même d'avoir une quelconque confirmation de l'origine du terroriste - réfugié pakistanais ou afghan selon les premiers titres de la presse allemande - plusieurs élus et militants de l'extrême droite, FN ou identitaires, tirent des conclusions et les partagent sur les réseaux sociaux. «Le terroriste islamiste était un réfugié, une fois de plus. Ceux qui défendent l'immigration massive portent une lourde responsabilité », prévient notamment Robert Ménard. Et le maire de Béziers d'insister plus tard : «Encore une conséquence effroyable de l'immigration massive. Notre émotion ne suffira pas. (...) La vague de migrants est une vague de mort. Les européens sont en train de le comprendre...» «On continue jusqu'à quand ?» interroge pour sa part le conseiller régional FN Philippe Vardon. «Jusqu'à quand refusera-t-on d'avoir des frontières nationales et jusqu'à quand cet accueil irresponsable de migrants ?» demande aussi le vice-président du FN, Florian Philippot. Dans un communiqué, Marine Le Pen demande, elle, le «rétablissement immédiat de nos frontières».
Plusieurs identitaires moquent par ailleurs le hashtag (mot-clé) #RefugeesWelcome (bienvenue aux réfugiés, ndlr), ce mouvement de solidarité très actif en Allemagne.
Entendant ces mêmes critiques dans son pays, la chancelière allemande enjoint ses concitoyens à continuer de «vivre libre et dans un esprit d'ouverture». Angela Merkel rappelle également que «les demandeurs d'asile ont besoin de notre protection».
Interrogé sur BFM TV, le commissaire européen français Pierre Moscovici appelle à «résister sur nos valeurs et dire que nous sommes toujours des sociétés ouvertes !» Selon lui, c'est plutôt «le financement du terrorisme (...), les mouvements de liquides, l'or, les titres, les cartes pré-payées» qu'il faut contrôler. «Rétablir les frontières nationales coûtera trois fois plus cher qu'aujourd'hui, et ça ne marchera pas», prévient-il.
Les candidats à la présidentielle ont tous un mot pour Berlin.
En cette période pré-électorale, chaque candidat y va de son petit tweet depuis lundi soir. Côté Les Républicains, François Fillon exprime par exemple sa «solidarité avec nos amis allemands frappés au cœur». La frontiste Marine Le Pen assure également le peuple allemand de sa «compassion après cette terrible attaque». L’ancien Premier ministre, Manuel Valls, qui réagit pour la première fois à un attentat d’ampleur sans son costume de chef du gouvernement, déplore un «acte ignoble». Emmanuel Macron tweete en allemand. Et Jean-Luc Mélenchon, depuis la Guadeloupe, sollicite une minute de silence pendant son meeting au Gosier.
Les commentaires sont fermés.