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jeudi, 22 décembre 2016

L'attentat de Berlin relance les débats sur l'accueil des migrants

 

 
L'auteur de l'attentat de Berlin, lundi 19 décembre, n'a pas été formellement identifié et un migrant, d'abord soupçonné d'être le chauffeur du camion, a été relâché dès le lendemain, mardi. Mais cette attaque a tout de même relancé la polémique sur la politique migratoire d'Angela Merkel en Allemagne, et d'ailleurs aussi en France.
La porte de Brandebourg illuminée aux couleurs du drapeau allemand : noir, rouge et jaune. Un hommage aux victimes du camion-bélier qui a foncé sur un marché de Noël de la capitale lundi soir a été rendu à Berlin le lendemain. L'Allemagne est en deuil, elle cherche à comprendre, mais pour l'heure l'enquête piétine. Un ressortissant pakistanais interpellé après le drame a finalement été relâché.

Qu'à cela ne tienne, les critiques sur la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel ont redoublé. Face à la répétition des attentats en Europe, et leur arrivée en Allemagne, la politique reprend ses droits. « Ce sont les morts de Merkel ! », a dénoncé l'un des responsables du parti de droite populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD), Marcus Pretzell, à propos des personnes tuées dans l'attentat.


D'Alternative pour l'Allemagne jusqu'à la CDU, les critiques arrivent


L'Allemagne n'est plus sûre face « au terrorisme de l'islamisme radical », a renchéri la figure de proue du mouvement, Frauke Petry, mettant en cause la décision de la chancelière d'ouvrir le pays à l'été 2015 à près de 900 000 demandeurs d'asile fuyant guerre et misère. Environ 300 000 autres sont arrivés en 2016.

La menace islamiste « a été importée de manière systématique et irresponsable au cours de l'année et demie écoulée », a dénoncé Mme Petry, dont le parti d'extrême droite risque de gagner des voix, comme le redoute le pasteur Kurt Anschüt, pasteur de l'église du Souvenir, au pied de laquelle a eu lieu l'attaque et où s'est déroulée la cérémonie de recueillement mardi soir, avec Mme Merkel et plusieurs ministres.

 Le drame du marché de Noël de Breitscheidplatz survient à un moment où la chancelière commençait à regagner une partie du terrain perdu depuis 16 mois, au sein d'une opinion publique inquiète de l'afflux de réfugiés en Allemagne. Après les succès électoraux du parti cette année, l'AfD compte donc bien, de nouveau, utiliser ce sujet et engranger de nouveaux bons résultats l’année prochaine aux élections fédérales.

Les critiques pointent aussi au sein du camp conservateur de la chancelière. Dès mardi, ses alliés bavarois ont critiqué sa politique, estimant qu’elle devait être remise à plat, qu’il fallait parler des risques que constituaient les réfugiés. Au sein même du parti d'Angela Merkel, l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), les voix dissonantes se font entendre, comme on l’a vu lors du congrès de début décembre à Essen.


« Le willkommen de Merkel », une erreur historique pour l'Allemagne ?


En France non plus, il n'y a pas eu de délai de précaution après l'attentat de Berlin. Marine Le Pen a presque immédiatement dénoncé l'existence d'un lien entre l'arrivée massive de migrants en Europe et le risque terroriste. Le député Les Républicains Guillaume Larrivé s'en est pris à la politique d'accueil de la chancelière allemande.

« Le willkommen [bienvenue en allemand, NDLR] de Mme Merkel à l’été 2015 a été une erreur historique », lance ce parlementaire dont la famille politique est alliée à celle de la chancelière. Et le socialiste Malek Boutih n'est pas loin de dire la même chose :« Faire rentrer plus d’un million de personnes au cœur de l’Union européenne, évidemment dedans des cellules, des acteurs terroristes sont rentrés », observe-t-il.

Député Les Républicains des Français de l'étranger, Thierry Mariani va encore plus loin : « Les Allemands ont été naïfs, les Européens ont été naïfs, les Français ont été naïfs, on n’a pas fini de le payer », prévient-il. Mais cette position ne fait pas l'unanimité non plus. A droite, Bernard Debré refuse les raccourcis : « Quand vous avez des femmes qui meurent dans la Méditerranée avec leurs enfants, ce ne sont pas des terroristes », rappelle-t-il.

Le socialiste Pascal Cherki invite lui aussi à la prudence et au discernement : « Au nom du fait qu’il y a potentiellement des terroristes qui pourraient s’inviter dans ces filières, est-ce qu’il faudrait refuser les 99,9 % de personnes qui sont rentrés dans nos pays pour fuir la guerre ? Je ne le crois pas. Je trouve particulièrement exécrables les amalgames qui sont faits », souligne-t-il.

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