Entretien avec Bernard Plouvier, écrivain, chroniqueur à Synthèse nationale cliquez là, auteur du Cahier d'Histoire du nationalisme n°8 sur le NSDAP cliquez ici
« Mon objectif est de traiter des trois compagnons maudits de l’être humain : l’angoisse existentielle, l’ennui et la solitude, et d’envisager une étude des remèdes, erronés ou bons, dont l’histoire porte témoignage »
Que signifie le sous-titre de ce livre : « des erreurs et des hommes » ? Est-ce que par hasard vous vous prendriez pour un gourou omniscient ?
Certes non. Je ne prétends nullement au statut de pontife de la philosophie. Quant à l’omniscience, je la laisse bien volontiers aux « politologues », ces curieux spécialistes à la mode, qui développent leur arrogante suffisance en une époque où la politique n’est plus que l’humble servante de l’économie globale.
Mon objectif est de traiter des trois compagnons maudits de l’être humain : l’angoisse existentielle, l’ennui et la solitude, et d’envisager une étude des remèdes, erronés ou bons, dont l’histoire porte témoignage.
Il va pleuvoir des vérités premières ; faut-il tendre nos vastes tabliers pour les récolter ?
Bravo pour la citation de Tristan Bernard, mais le problème mérite mieux qu’une boutade, puisqu’après tout chaque être humain un peu dégagé de l’animalité est confronté aux trois facteurs majeurs cités plus haut.
La société de consommation offre en abondance les remèdes ultra-classiques, mais autrefois moins aisément abordables : l’excès de nourriture, la sexualité sous tous ses aspects (qui n’ont rien de bien neuf, car ce n’est pas à un vieux singe, comme l’est collectivement l’humanité, que l’on apprend à grimacer), l’alcool, le tabac, les stupéfiants (et de nombreux commerçants de haschisch sont favorables à sa libre consommation), auxquels la chimie moderne a joint les tranquillisants et les antidépresseurs.
Et les autres remèdes, moins minables, pour lutter contre les démons de l’être humain...
Ils sont nombreux et ce livre en est une recension, probablement non exhaustive. Une majorité d’humains dotés de sens moral se contente de trois valeurs fondamentales : honneur, travail et famille… et nul ne peut le leur reprocher ! Certains y joignent une passion pour le sport, qui risque de tourner au narcissisme, ou une activité manuelle, d’utilité pratique souvent évidente, en plus d’être parfois une source d’économies.
On peut être tenté par l’aventure collective de la politique. Très vite toutefois, force est de constater que l’idéaliste est une exception dans ce milieu où abondent les vulgaires ambitieux. De façon universelle et à toute époque, ce milieu trop souvent proche de celui des malfrats, a dégagé de forts relents méphitiques.
D’autres individus fort insatisfaits de leur sort ont recours aux fééries de l’imagination pour embellir un quotidien plat, médiocre et parfois ignoble. À notre époque de triomphe des images virtuelles, ces poètes passifs sont à la fête, mais risquent fort de se détacher des réalités de la vie.
L’intellectuel pur calme son angoisse, son ennui, sa solitude en essayant d’appréhender le monde de l’extérieur, soit rationnellement, découvrant un peu tard qu’il n’existe aucune certitude, aucune « vérité » en dehors de la simple arithmétique.
À l’opposé, l’on trouve une majorité d’humains pour se jeter avec passion dans l’irrationnel, assurés qu’ils sont de pénétrer les mystères intimes de l’Univers. Que ce soit par l’entremise d’une religion établie, par de subtiles dissertations métaphysiques concoctées en cénacles ou par des rituels de magie, tous souhaitent en tirer une gratification. On n’évoque l’essence supérieure, imaginée par un cerveau humain plus ou moins pathologique, que dans l’espoir qu’elle s’occupera personnellement, voire préférentiellement du croyant et de ses proches, punissant en outre leurs ennemis.
Le cerveau humain étant ce qu’il est, toutes ces options ne sont pas dénuées de risque pour l’individu ni pour la collectivité. La conviction, qu’elle soit de nature religieuse, politique ou scientifique débouche presque inévitablement sur le fanatisme et la violence.
Les comportements animaux – et l’homme actuel n’est que l’exemplaire le plus élaboré du monde animal terrestre – étant génétiquement programmés, donc non susceptibles d’éducation ni de rééducation, sauf cas de sainteté dont on voudra bien admettre qu’elle fut toujours et partout une exception, l’humanité refait constamment les mêmes erreurs depuis qu’elle est apparue.
Il est vain d’espérer grand-chose de l’eugénisme, soit la sélection des reproducteurs. Le fils du grand Wolfgang Mozart (et de Constance Weber, nièce de Carl-Maria) ou celui du grand Wagner (petit-fils, par sa mère, de Franz Liszt) furent de très médiocres compositeurs. Et l’on pourrait multiplier les exemples de nullités issues de parents remarquables. À l’inverse, nombre de génies (tels le pape Sylvestre II ou le grandiose Kepler) sont nés dans la fange.
En attendant que notre espèce disparaisse ou mute en sur-espèce, il n’est pas inutile de réfléchir aux errements des humains pour tenter, chacun pour soi, d’utiliser au mieux ses dons et d’orienter ses pulsions de façon utile à la communauté.
Le dérangement du monde de Bernard Plouvier, Éditions de l’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », 582 pages, 37 euros. Pour le commander cliquez ici
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