mardi, 03 janvier 2017
Rétrospective 2016 : « La grande peur de l’homme occidental » (Le Monde)
Les journalistes du Monde, Alain Salles et Gilles Paris (correspondant à Washington), font un bilan de l’année 2016 : « un cocktail de peurs d’une dilution religieuse, du métissage culturel et d’un déclassement social« .
Le fait que de nombreux terroristes des attentats de Paris ou de Bruxelles aient emprunté la route des Balkans prise par les réfugiés fuyant la guerre en Syrie est largement exploité par les partis d’extrême droite ou les Etats (Hongrie, Pologne, Slovaquie) qui s’opposent à l’accueil des réfugiés. Ils mettent en avant les risques de perte d’identité provoqués par le multiculturalisme et l’arrivée de centaines de milliers de musulmans venus en Europe.Deux hommes hilares, pouces levés en signe de victoire, sur fond de dorures clinquantes. La photo a fait la « une » de la presse britannique et le tour du monde. Donald Trump, fraîchement élu, à la surprise générale, a reçu la visite du trublion Nigel Farage, qui a imposé le Brexit. […]
Les ressorts de ces « révolutions » sont partagés de part et d’autre de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, en dépit d’une baisse du chômage et d’une hausse, tardive, des salaires, la classe moyenne naguère centrale est rongée par la peur du déclassement. Il s’ajoute à la perspective de la fin de la domination de la communauté anglo-saxonne, blanche et protestante, sous l’effet de la croissance démographique des communautés latino et asiatique.
La reprise encore plus fragile en Europe et la plus forte exposition aux migrations venues du Moyen-Orient et de l’Afrique sub-saharienne (qui s’ajoutent à la circulation des personnes dans l’espace européen) renforce au sein des mêmes classes sociales un appel au retour des frontières.
Cette convergence autour de la crainte d’une disparition du modèle culturel occidental figure au cœur du projet du conseiller stratégique de M. Trump, Stephen Bannon, qui imagine une « Internationale » américano-européenne contre la mondialisation, un rempart pour des Blancs sur la défensive contre la menace de l’immigration et du multiculturalisme. […]
Les partis d’extrême droite – tout comme le M5S italien et Donald Trump – développent un discours contre les élites et l’« établissement » cher à Jean-Marie Le Pen. Ils attaquent les médias dominants et développent leurs critiques en bénéficiant du soutien de sites identitaires, efficaces à répandre les rumeurs et les contre-vérités, comme cela s’est produit aux Etats-Unis avec Breibart News, et d’autres sites de l’« alt-right » (la droite alternative). […]
Ce cocktail de peurs d’une dilution religieuse, du métissage culturel et d’un déclassement social vient de provoquer deux explosions démocratiques aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Et les autres pays occidentaux redoutent désormais leurs éventuelles répliques.
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04:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
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