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vendredi, 06 janvier 2017

L’Allemagne réforme son organisation sécuritaire. Et la France, dans tout ça ?


Chacun des attentats commis, ces dernières années, dans un des pays de l’Union européenne a révélé, le plus souvent, l’impréparation des États à faire face à ce type d’événement et l’inadaptation de leurs services de sécurité. Certes, selon les types d’institutions dont se sont dotés les pays concernés, les dysfonctionnements se sont avérés plus ou moins graves, et porteurs de conséquences plus ou moins lourdes. Il n’empêche : depuis trop longtemps, l’Europe ne cesse de baisser sa garde sécuritaire, négligeant ainsi gravement les risques inconsidérés qu’elle faisait courir à ses populations. Les crimes perpétrés au nom d’un djihadisme sans frontières et sans pitié sont malheureusement venus, à intervalles réguliers, sanctionner ces graves erreurs de jugement.

Face au déni de réalité qui a prévalu jusqu’à maintenant, l’Allemagne, après sa dramatique expérience du 19 décembre, semble vouloir reconsidérer son organisation sécuritaire.
D’essence fédérale, et ayant laissé jusqu’à présent au compte des 16 Länder qui la composent la gestion de la police et de la justice, l’Allemagne vient de comprendre que la lutte contre le terrorisme islamiste ne souffre aucun laxisme. Ainsi, le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, vient-il d’annoncer des mesures qui – il faut l’espérer – permettront à ce pays d’éviter qu’un tel drame ne se reproduise. 

Parmi celles-ci, le renforcement des pouvoirs de l’État fédéral en matière de renseignement. 

Rappelons que l’auteur de l’attentat du marché de Noël à Berlin, déjà connu des services de police, avait pu profiter du manque de coordination des (trop nombreux) services de sécurité allemands, et s’enfuir une fois son forfait accompli. Il est également annoncé un renvoi plus rapide des migrants déboutés de leur droit d’asile, ainsi que la mise en place, à proximité des aéroports, de centres de rétention où seront placées les personnes en voie d’expulsion. En matière de lutte antiterroriste et de grand banditisme, l’expérience a toujours démontré la nécessité d’un renseignement fiable, circulant rapidement et partagé entre tous les services. L’Allemagne, même si son passé l’y incite peu, doit maintenant prendre conscience de cette réalité.
Pour autant, la France, lors des attentats qui nous ont touchés au cours des derniers mois, n’a pas toujours été aussi réactive que son organisation, plutôt centralisée et hiérarchisée, aurait pu le laisser supposer. Les services de renseignement ont été gravement mis en cause pour n’avoir pas su prévenir les actions terroristes qui ont fait des centaines de victimes en différents endroits du territoire national. Si, pour colmater quelques brèches, des remèdes d’urgence ont pu être apportés, aucun travail d’ensemble et coordonné sur nos services de sécurité ne semble avoir été entrepris ni même initié. Pourtant, le recueil et le traitement du renseignement, son exploitation par les services opérationnels concernés, l’implantation et les prérogatives des structures qui y concourent ainsi que les politiques de recrutement et de développement des moyens matériels et techniques sont quelques-uns des enjeux sur lesquels des choix clairs et urgents doivent être faits. 

Mais il ne faut pas se voiler la face. Dans une Europe dont les frontières extérieures sont livrées à la surveillance et au bon vouloir d’États souvent démunis, peu consciencieux, peu scrupuleux et dépassés par une crise migratoire incontrôlée, le pire restera toujours à craindre.

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