On peut être ancien ministre de l’Éducation nationale, sans bien connaître l’Histoire de France, et agrégé de philosophie, sans maîtriser le concept du temps. Ce thème a pourtant inspiré la réflexion de bien des philosophes, au XXe siècle, de Bergson à Borges.
Mais le pire est sans doute de voir un philosophe, qui devrait dominer ses passions et mesurer la justesse de ses mots, se laisser emporter par la vague des préjugés, contrairement aux recommandations des Lumières. C’est ainsi qu’invité de L’Entretien politique, mardi soir, sur France 2, Vincent Peillon, candidat de la primaire socialiste, s’est livré à une comparaison bien incongrue entre l’antisémitisme et l’islamophobie.
Interrogé sur la laïcité, il a déclaré : « Si certains veulent utiliser la laïcité, ça a déjà été fait dans le passé, contre certaines catégories de population, c’était il y a quarante ans les Juifs à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame souvent avec les islamistes radicaux.
C’est intolérable. »
Passons sur l’erreur chronologique : il y a quarante ans, nous étions en 1977 ! Mettons-la sur le compte de la précipitation de l’esprit – défaut étrange chez un philosophe. Le plus important, dans son propos, c’est le rapprochement qu’il opère entre l’étoile jaune, qui stigmatisait les Juifs, et la laïcité, au nom de laquelle certains stigmatiseraient les musulmans, confondus avec les islamistes.
Comparaison n’est pas raison, dit l’adage populaire. Cette reductio ad hitlerum relève d’une vision manichéenne du monde et d’un usage impertinent de l’analogie, à la base des sophismes.
D’abord, comment peut-on seulement faire le parallèle entre le sort réservé aux Juifs sous le régime de Vichy, pendant l’occupation allemande, et les musulmans aujourd’hui ? Quel rapport avec la laïcité ? Car notre philosophe a bien dit que « ça a déjà été fait dans le passé ».
Ensuite, ceux qu’il visait – à commencer par Marine Le Pen et, dans une moindre mesure, même s’il s’en est défendu, Manuel Valls – savent faire la différence entre les Français de religion musulmane et les islamistes qui commettent des attentats au nom de l’islam.
Enfin, si certains Français de confession musulmane sont stigmatisés, c’est qu’ils ont choisi de se distinguer eux-mêmes par leurs coutumes vestimentaires ou des manifestations de communautarisme.
Franchement, on attendait mieux d’un philosophe. Par ses approximations, par son manque de rigueur, par les amalgames qu’il pratique lui-même et qui sont la marque d’un esprit simpliste ou sectaire, Vincent Peillon se comporte comme le plus ordinaire des démagogues.
Voulant se différencier de ses concurrents, notamment de Manuel Valls, il se met à la hauteur de son camarade Jean-Christophe Cambadélis – c’est-à-dire pas bien haut ! –, qui déclarait, à trois jours du premier tour des régionales : « Le FN, c’est le retour de Vichy. » Il faut croire que ce type de slogan n’est guère efficace si l’on en juge par les résultats du parti ciblé.
En utilisant de tels procédés, Vincent Peillon ne fait honneur ni au Parti socialiste ni à l’intelligence. Platon, qui souhaitait que les philosophes dirigeassent la cité, ne l’aurait certainement pas choisi dans sa République.
Jean-Michel Léost
Source
Mais le pire est sans doute de voir un philosophe, qui devrait dominer ses passions et mesurer la justesse de ses mots, se laisser emporter par la vague des préjugés, contrairement aux recommandations des Lumières. C’est ainsi qu’invité de L’Entretien politique, mardi soir, sur France 2, Vincent Peillon, candidat de la primaire socialiste, s’est livré à une comparaison bien incongrue entre l’antisémitisme et l’islamophobie.
Interrogé sur la laïcité, il a déclaré : « Si certains veulent utiliser la laïcité, ça a déjà été fait dans le passé, contre certaines catégories de population, c’était il y a quarante ans les Juifs à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame souvent avec les islamistes radicaux.
C’est intolérable. »
Passons sur l’erreur chronologique : il y a quarante ans, nous étions en 1977 ! Mettons-la sur le compte de la précipitation de l’esprit – défaut étrange chez un philosophe. Le plus important, dans son propos, c’est le rapprochement qu’il opère entre l’étoile jaune, qui stigmatisait les Juifs, et la laïcité, au nom de laquelle certains stigmatiseraient les musulmans, confondus avec les islamistes.
Comparaison n’est pas raison, dit l’adage populaire. Cette reductio ad hitlerum relève d’une vision manichéenne du monde et d’un usage impertinent de l’analogie, à la base des sophismes.
D’abord, comment peut-on seulement faire le parallèle entre le sort réservé aux Juifs sous le régime de Vichy, pendant l’occupation allemande, et les musulmans aujourd’hui ? Quel rapport avec la laïcité ? Car notre philosophe a bien dit que « ça a déjà été fait dans le passé ».
Ensuite, ceux qu’il visait – à commencer par Marine Le Pen et, dans une moindre mesure, même s’il s’en est défendu, Manuel Valls – savent faire la différence entre les Français de religion musulmane et les islamistes qui commettent des attentats au nom de l’islam.
Enfin, si certains Français de confession musulmane sont stigmatisés, c’est qu’ils ont choisi de se distinguer eux-mêmes par leurs coutumes vestimentaires ou des manifestations de communautarisme.
Franchement, on attendait mieux d’un philosophe. Par ses approximations, par son manque de rigueur, par les amalgames qu’il pratique lui-même et qui sont la marque d’un esprit simpliste ou sectaire, Vincent Peillon se comporte comme le plus ordinaire des démagogues.
Voulant se différencier de ses concurrents, notamment de Manuel Valls, il se met à la hauteur de son camarade Jean-Christophe Cambadélis – c’est-à-dire pas bien haut ! –, qui déclarait, à trois jours du premier tour des régionales : « Le FN, c’est le retour de Vichy. » Il faut croire que ce type de slogan n’est guère efficace si l’on en juge par les résultats du parti ciblé.
En utilisant de tels procédés, Vincent Peillon ne fait honneur ni au Parti socialiste ni à l’intelligence. Platon, qui souhaitait que les philosophes dirigeassent la cité, ne l’aurait certainement pas choisi dans sa République.
Jean-Michel Léost
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