La Légion d’honneur récompense les « services éminents acquis au service de la nation ». Le maire de Pouilly-en-Auxois, commune de Côte-d’Or de 1.600 habitants, fait partie de la promotion du Nouvel An dans notre premier ordre national, sur le contingent du ministre de l’Intérieur. Le Journal officiel, laconique comme il se doit, précise que le récipiendaire justifie de 48 années de service. Il est maire de sa commune depuis 2014. Le Bien public, le quotidien de la Côte-d’Or, nous apprend que cette distinction aurait été accordée à l’édile « pour avoir accueilli les migrants ».
On imagine que le maire, en apprenant sa nomination, a dû se renseigner auprès de la préfecture et qu’il lui a été répondu qu’il devait cette croix à « sa gestion des migrants », pour reprendre les mots du quotidien bourguignon. Donc, l’accueil des migrants est un service éminent rendu à la nation. Qu’on se le dise.
On se souvient, en effet, qu’en février 2015, cette commune avait été l’une des premières à se voir imposer des migrants en provenance de Calais – une soixantaine de Soudanais, en l’occurrence. France 2 avait, du reste, présenté un reportage au JT de Pujadas en juin de la même année. On y voit le maire faire face à l’une de ses administrées, au chômage, menacée d’exclusion. « Ces gens-là [les migrants], ils ont tout et que nous, Français, on n’a rien.
Quand on est dans la misère, on nous met dehors. » Réponse du maire, qui évite d’aborder le fond de la question : « Mais c’est temporaire, temporaire. C’est-à-dire que c’est trois mois, six mois maximum, le temps que leur statut soit reconnu ou pas. » Temporaire, comme la misère et le chômage de cette Bourguignonne. Temporaire, comme la misère et le chômage de ces millions de Français qui ont le malheur de se trouver dans l’angle mort de la mondialisation.
Le reportage se poursuit dans le bureau du maire. Question de la journaliste : « Est-ce que vous avez eu le choix ? » Réponse : « Pas du tout. » Aujourd’hui, donc, le maire reçoit sa récompense pour ce qu’il qualifie – l’arrivée des migrants -, dans l’interview qu’il vient de donner au Bien public, comme un « non-événement ».
Au pays merveilleux d’Alice, on distribue des cadeaux pour les non-anniversaires. Au pays de Hollande, des Légions d’honneur pour des non-événements. Et c’est fou comme il y a eu des non-événements en 2016, partout en France. Il est vrai qu’avec un non-Président !
Effet du hasard ou « campagne jumelée » – pour reprendre l’expression de Coluche -, on jugeait, mercredi au tribunal correctionnel de Nice, un agriculteur de la vallée de la Roya qui, depuis plusieurs mois, aidait des clandestins, notamment érythréens, en leur faisant franchir la frontière franco-italienne dans sa camionnette et en organisant un centre illégal d’hébergement dans un local désaffecté de la SNCF. Près de 200 Érythréens auraient, ainsi, bénéficié de l’aide de ce passeur bénévole. Ce « héros » presque ordinaire du grand village mondial revendique clairement ses actes : « Ce que je fais n’est pas un sacrifice, c’est un honneur. » Les policiers, les gendarmes et douaniers qui s’échinent à pourchasser les clandestins apprécieront. Un honneur qui peut lui coûter jusqu’à 30.000 euros d’amende et cinq ans de prison. Le procureur a requis huit mois avec sursis…
La France n’est pas le pays merveilleux d’Alice mais le royaume d’Ubu. Aider des individus, entrés illégalement sur le territoire de la République et qui n’ont rien à y faire, peut donc in fine valoir la Légion d’honneur comme la prison. Tout est question de tempo et de tampon, comme toujours en France.
Georges Michel
Source
On imagine que le maire, en apprenant sa nomination, a dû se renseigner auprès de la préfecture et qu’il lui a été répondu qu’il devait cette croix à « sa gestion des migrants », pour reprendre les mots du quotidien bourguignon. Donc, l’accueil des migrants est un service éminent rendu à la nation. Qu’on se le dise.
On se souvient, en effet, qu’en février 2015, cette commune avait été l’une des premières à se voir imposer des migrants en provenance de Calais – une soixantaine de Soudanais, en l’occurrence. France 2 avait, du reste, présenté un reportage au JT de Pujadas en juin de la même année. On y voit le maire faire face à l’une de ses administrées, au chômage, menacée d’exclusion. « Ces gens-là [les migrants], ils ont tout et que nous, Français, on n’a rien.
Quand on est dans la misère, on nous met dehors. » Réponse du maire, qui évite d’aborder le fond de la question : « Mais c’est temporaire, temporaire. C’est-à-dire que c’est trois mois, six mois maximum, le temps que leur statut soit reconnu ou pas. » Temporaire, comme la misère et le chômage de cette Bourguignonne. Temporaire, comme la misère et le chômage de ces millions de Français qui ont le malheur de se trouver dans l’angle mort de la mondialisation.
Le reportage se poursuit dans le bureau du maire. Question de la journaliste : « Est-ce que vous avez eu le choix ? » Réponse : « Pas du tout. » Aujourd’hui, donc, le maire reçoit sa récompense pour ce qu’il qualifie – l’arrivée des migrants -, dans l’interview qu’il vient de donner au Bien public, comme un « non-événement ».
Au pays merveilleux d’Alice, on distribue des cadeaux pour les non-anniversaires. Au pays de Hollande, des Légions d’honneur pour des non-événements. Et c’est fou comme il y a eu des non-événements en 2016, partout en France. Il est vrai qu’avec un non-Président !
Effet du hasard ou « campagne jumelée » – pour reprendre l’expression de Coluche -, on jugeait, mercredi au tribunal correctionnel de Nice, un agriculteur de la vallée de la Roya qui, depuis plusieurs mois, aidait des clandestins, notamment érythréens, en leur faisant franchir la frontière franco-italienne dans sa camionnette et en organisant un centre illégal d’hébergement dans un local désaffecté de la SNCF. Près de 200 Érythréens auraient, ainsi, bénéficié de l’aide de ce passeur bénévole. Ce « héros » presque ordinaire du grand village mondial revendique clairement ses actes : « Ce que je fais n’est pas un sacrifice, c’est un honneur. » Les policiers, les gendarmes et douaniers qui s’échinent à pourchasser les clandestins apprécieront. Un honneur qui peut lui coûter jusqu’à 30.000 euros d’amende et cinq ans de prison. Le procureur a requis huit mois avec sursis…
La France n’est pas le pays merveilleux d’Alice mais le royaume d’Ubu. Aider des individus, entrés illégalement sur le territoire de la République et qui n’ont rien à y faire, peut donc in fine valoir la Légion d’honneur comme la prison. Tout est question de tempo et de tampon, comme toujours en France.
Georges Michel
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