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dimanche, 08 janvier 2017

Italie : des migrants séquestrent 25 humanitaires


Le décès d’une demandeuse d’asile ivoirienne de 25 ans, lundi, dans le centre d’hébergement de Cona près de Venise, a déclenché la révolte des quelque 1.400 migrants africains y résidant. Bloquant les accès au centre, ils ont déclenché plusieurs incendies, détruit du mobilier et forcé 25 opérateurs humanitaires (dont deux médecins et une infirmière) à se barricader dans un des containers de la structure, sans chauffage ni lumière, ayant préalablement coupé l’électricité. Les captifs seront libérés dans la nuit grâce à l’intervention des forces de l’ordre qui, après plusieurs heures de « délicates médiations » (selon les mots du préfet de Venise), sont parvenus à pénétrer dans le territoire soustrait à leur autorité.
Un préfet, Angelo Senna, qui s’empressera devant les caméras de démentir aussi bien la prise d’otages – les opérateurs et médecins se seraient délibérément abrités dans les bureaux – que les incendies volontaires – les migrants auraient allumé des feux pour se réchauffer. À ces doux euphémismes (lire : contre-vérités), le maire de la petite ville de Cona répondra qu’il n’a vu, lui, que de constantes incivilités de la part des résidents du centre, et ce, depuis leur arrivée.

Concernant le regrettable décès, les voix des migrants sont unanimes : les responsabilités seraient à imputer au centre d’accueil ou au service de secours. Les accusations divergentes – manque d’accès aux médicaments d’une femme malade depuis des jours, conditions sanitaires faisant proliférer les maladies contagieuses, lenteur de l’ambulance – seront démenties par l’heure d’appel aux urgences et par l’autopsie effectuée sur le corps de la jeune femme, qui révélera une embolie bilatérale massive, un incident fulgurant ayant entraîné une mort immédiate.

Les motivations de la révolte et de la détérioration du centre étant infondées, cela s’apparente donc plus à l’énième déchaînement d’occupants qui, fidèles à une attitude victimiste à eux familière et à des prétentions toujours plus agressives, saccagent la maison de leur hôte.

Ils auront, cependant, raison sur un point : la structure est saturée, et cela génère divers problèmes de gestion dont ils ont à pâtir. Oui, ils ont raison : ils sont souvent logés dans des conditions indignes… Parce que l’Italie est au bord de la faillite, une faillite alimentée aussi par le poids d’une crise migratoire sans précédent dont les quantités sont simplement ingérables. Oui, ils ont raison : l’Europe n’est pas l’eldorado promis à leur départ.
Mais ils n’ont raison que dans une certaine mesure (et prendre 25 personnes en otage pour protester contre une mort naturelle ne l’est certainement pas). Car ils sont les premiers responsables de la dégradation et de la saleté du camp, et les vidéos de dénonciation publiées à partir de leurs smartphones dernière génération, montrant des déchets et excréments jonchant le sol, susciteront difficilement l’émoi : à défaut de rester chez eux pour participer à l’amélioration de leur pays, ils pourraient au moins faire ici ce que nous faisons tous : le ménage.

Audrey D’Aguanno

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