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jeudi, 26 janvier 2017

Sciences-Po veut 100 % de boursiers parmi les élèves venant de ZEP

 

 
Il y a quinze ans, l’Institut d’études politiques de Paris mettait en place la convention d’éducation prioritaire (CEP, son nom officiel) pour ouvrir ses portes aux élèves venus de lycées en ZEP. Mais l’an dernier, plus de 40 % des élèves admis par cette filière étaient issus de familles CSP + (catégories socio-professionnelles favorisées). L’établissement s’apprête à prendre des mesures pour tendre vers 100 % de boursiers.

 Au début des années 2000, Richard Descoings, le patron de l’école, s’inquiète de voir des élèves tous pareils, venant des mêmes établissements, situés dans les mêmes quartiers parisiens. Henri-IV, Louis-le-Grand, Victor-Duruy pour le public, Stanislas, Saint-Louis de Gonzague, l’Ecole alsacienne pour le privé, tous implantés dans les IVe, Ve, Vle, VIIe et XVIe arrondissements de Paris. Une machine caricaturale qui donne raison à Pierre Bourdieu, l’auteur de la Reproduction, qui dénonçait en 1970 une société figée dans laquelle les fils de prof deviennent prof. Les sociologues des riches, le couple Pinçon-Charlot notamment, parlent des «ghettos du gotha». […]
 
En quinze ans, 1 611 étudiants, issus de 106 lycées situés dans 19 académies, ont fait leur entrée à Sciences-Po Paris par la filière CEP, et tout le monde la reprend peu ou prou. D’où sortent alors ces «plus de 40 %» de «faux CEP» de Sciences-Po, ces contrebandiers de la mixité sociale ? De bonne ou de mauvaise foi, les lycées partenaires ont laissé venir à eux des élèves qui n’auraient sans doute pas dû avoir accès aux ateliers Sciences-Po. Pour les proviseurs de lycées qui se trouvent à Sarcelles (Val-d’Oise), Montreuil, Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) ou Roubaix (Nord), l’étiquette Sciences-Po permet d’attirer des enfants qui seraient partis ailleurs dans l’enseignement public ou dans le privé et donc de maintenir dans leur établissement une mixité sociale. D’où leur mansuétude, à laquelle s’ajoute la réticence des professeurs à refuser l’accès des ateliers Sciences-Po a des non-boursiers. Si l’objectif est de permettre aux uns de franchir les frontières sociales dans un sens, les enseignants se voient mal jouer aux douaniers sociaux en interdisant la présence d’un fils de prof ou de médecin dans ces ateliers. Ce qui explique les 40 % d’élèves CSP + venant de lycées situés en ZEP et le dévoiement de l’objectif fixé à l’époque. […]

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