Comme dit Nougaro : « À Toulouse, même les mémés aiment la castagne ! » Sauf que nous ne sommes pas à Toulouse mais dans la cité des 3.000, et que les mémés sont ici remplacées par des « jeeunnes », vous savez, ces êtres hybrides mélange de Al Capone et de Pablo Escobar, nourris exclusivement de rap, de rapine et plus récemment d’islamisme. Dans ces cités de non-droit, les rixes font partie, avec la drogue, du folklore local.
Aulnay-sous-Bois est une plaque tournante du trafic de stupéfiants ; elle héberge aussi de nombreuses bandes qui s’affrontent suivant leur géolocalisation : cité des 3.000 contre quartier de l’Europe. Ces « terreurs », dès l’apparition d’un képi, se volatilisent ou, parfois, se regroupent contre le « flic », l’ennemi commun. En 2016, une arrestation quartier du Grand Saule avait obligé les policiers à utiliser la manière forte pour s’emparer d’un dealer. Plusieurs gardiens de la paix avaient été blessés.
Alors, que s’est-il passé, ce jeudi 2 février, dans la cité ? Vers 17 heures, quatre policiers effectuent une interpellation musclée après une opération de contrôle, raconte Le Parisien. Par « interpellation musclée », il faut comprendre que Théo, l’individu suspecté, se défend bec et ongles.
Il sait très bien que plus l’interpellation prendra du temps, plus les gangs se rassembleront et se mobiliseront, créant l’occasion de son évasion. De plus, dans ces « ghettos », résister à une interpellation, c’est s’apparenter à ce cow-boy qui, lors du rodéo, monte un taureau sauvage, luttant pour chuter le plus tardivement possible. Suite à cette arrestation, les quatre policiers sont visés par des accusations de violences volontaires en réunion et placés en garde à vue. D’après l’interpellé, l’un des agents aurait introduit sa matraque dans son fondement. La scène s’est déroulée sous les yeux de dizaines d’habitants, elle a été filmée par la vidéosurveillance de la police municipale et montre un policier « porter un coup de matraque horizontal au niveau des fesses », après que le pantalon de l’adolescent a glissé tout seul, mais aucune pénétration anale n’est manifeste. Transporté à l’hôpital, le jeune homme a été examiné par un médecin qui diagnostiqua « une plaie longitudinale du canal anal » et une « section du muscle sphinctérien » ; 60 jours d’ITT lui furent prescrits.
Mais les faits ayant été requalifiés de « viol » en « violences volontaires », le maire, qui tremble pour son hôtel de ville, s’est empressé d’en rajouter : « Nous, les Aulnaysiens, ne pouvons pas comprendre cette requalification. Elle est vécue comme un détournement de vérité », s’est écrié Bruno Beschizza. « La police est là pour protéger et non humilier nos concitoyens. »
Ainsi, Les Républicains s’écrient qu’il était nécessaire d’attendre une décision de justice pour charger Fillon mais, par contre, cet édile, du même groupe, accable sans jugement ces quatre policiers.
Sur BFM TV, Omar, un « témoin de l’interpellation », raconte en montrant les deux angles d’un mur taché de sang : « Il y a son sang un peu partout, ça a giclé, c’est dégueulasse. »
Sauf que dans la vidéo, l’arrestation de Théo s’effectue à un endroit précis et non dans deux lieux séparés par un coin de mur.
Depuis cet incident, les forces de l’ordre ont été déployées. Une voiture a été brûlée, un bus à moitié incendié et des Abribus cassés : la routine, en quelque sorte !
Après l’affaire Traoré à Beaumont-sur-Oise, voilà une autre « zone de non-droit » en ébullition.
On le voit, le moindre accrochage, comme Obertone le souligne dans Guérilla, peut dégénérer en émeute et même en conflit civil.
NDLR : nous apprenons que les quatre policiers ont été mis en examen dans la soirée, l’un pour viol, les autres pour violences volontaires en réunion.
J.-P. Fabre Bernadac
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