La police allemande a interpellé mardi matin un Syrien de 19 ans, en «contact avec des jihadistes» mais agissant seul et soupçonné de préparer un grave attentat islamiste à l’explosif dans le pays.

L’homme, présenté comme Yemen A., a été arrêté à l’aube par des forces spéciales dans un appartement d’une barre d’immeubles de la ville de Schwerin, dans le nord-est du pays. Plusieurs appartements de cette région située au nord de Berlin ont été perquisitionnés, a annoncé le parquet anti-terroriste.

Le jeune homme est soupçonné d’avoir «planifié et déjà concrètement préparé un attentat à motivation islamiste en Allemagne à l’aide d’un explosif très puissant», a indiqué Frauke Köhler, une porte-parole du parquet lors d’une conférence de presse.

Selon les enquêteurs, le Syrien a pris la décision «au plus tard en juillet 2017 de faire sauter une bombe en Allemagne avec l’objectif de tuer et de blesser le plus grand nombre possible de personnes».

Le suspect s’était procuré dès juillet les composants chimiques et les systèmes de détonation nécessaires à la fabrication de TATP (ou peroxyde d’acétone), un explosif souvent utilisé dans les attaques d’islamistes en Europe, comme à Bruxelles en mars 2016 ou à l’Arena de Manchester en mai.

Quelle était la cible de Yemen A ? Le parquet dit ne pas avoir pu établir si le suspect avait déjà choisi une cible «concrète».

- 'Moment propice' -

Les autorités restent également floues sur le profil du jeune homme. Il était certes «en contact sur internet avec des membres de la galaxie jihadiste», notamment une personne non-identifiée qui se présentait comme un «soldat du califat» mais dont le rôle n’est pas confirmé dans le projet d’attaque du jeune syrien, précise le parquet.

Les enquêteurs estiment ne pas avoir assez d’éléments sur l’appartenance du suspect «à une organisation terroriste».

«Un grave attentat a été empêché (...) cette arrestation a eu lieu au moment propice : assez tard pour rassembler les preuves nécessaires et assez tôt pour éliminer tout danger potentiel», s’est félicité le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, dans un communiqué.

«Le niveau de menace en Allemagne reste haut», a-t-il ajouté.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive depuis un an et demi en raison de plusieurs attentats islamistes perpétrés ou envisagés dans le pays, notamment celui au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui a fait 12 morts en décembre 2016 sur un marché de Noël à Berlin.

A la fin du mois de juillet dernier, un demandeur d’asile en passe d’être débouté a tué une personne à coups de couteau dans un supermarché et en a blessé six autres, un acte motivé selon la justice par «l’islamisme radical».

Les services du renseignement intérieur estiment à environ 10.000 le nombre d’islamistes radicaux en Allemagne, dont 1.600 soupçonnés de pouvoir passer à la violence.

- Extrême droite -

Plusieurs de ces actes ont été commis par des demandeurs d’asile et valent à la chancelière Angela Merkel d’être accusée par ses détracteurs d’avoir fait peser un risque à son pays en ouvrant la porte à des centaines de milliers de réfugiés en 2015 et 2016.

Une partie importante venaient de Syrie, fuyant la guerre civile.

L’extrême droite allemande en particulier a profité de ces inquiétudes dans l’opinion pour obtenir un score historique lors des élections législatives du 24 septembre.

L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a obtenu 12,6% des voix, un score jamais vu pour un parti de ce type dans l’histoire d’après-guerre du pays, et entend demander à la chambre des députés la création d’une commission d’enquête sur la politique migratoire de la chancelière.

L’arrestation mardi du jeune Syrien intervient en outre au beau milieu de négociations entre le parti conservateur d’Angela Merkel, les Libéraux et écologistes en vue de tenter de former le nouveau gouvernement allemand.

L’un des principaux points de friction porte sur la question migratoire, que démocrates-chrétiens et Libéraux veulent durcir alors que les Verts entendent faire preuve de davantage de souplesse.

AFP