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vendredi, 17 novembre 2017

Une fête nationale marquée par des slogans islamophobes en Pologne

Plus de 50 000 personnes ont manifesté samedi dernier à Varsovie lors d'un événement organisé par l'extrême droite nationaliste.

Tanguy GARREL- JAFFRELOT | OLJ
 

Une marée de drapeaux rouge et blanc ont envahi la capitale polonaise samedi dernier. À l'occasion de la fête de l'Indépendance, 60 000 personnes ont marché dans les rues de Varsovie. De nombreux slogans racistes, xénophobes et islamophobes ont pu être entendus au cours du défilé.

« La Pologne pure, la Pologne blanche », scandaient en chœur certain manifestants tandis que d'autres s'exclamaient à l'unisson : « Foutez le camp avec vos réfugiés ! » Mais ce sont sans doute les propos tenus par les organisateurs dans le cortège qui ont le plus choqué : « La culture chrétienne est supérieure à la culture islamique. »

Il a fallu deux jours aux autorités pour condamner officiellement ces débordements. Samedi, le ministre de l'Intérieur, Mariusz Błaszczak, estimait pour sa part que « la possibilité de manifester avec de tels slogans puis d'en discuter était une manifestation de liberté ».

Face à l'indignation internationale, le président de la République Andrzej Duda a finalement pris la parole avant hier : « Dans notre pays, il n'y a ni place ni accord pour la xénophobie, pour un nationalisme maladif et pour l'antisémitisme. »

La marche était organisée par des associations d'extrême droite qui se vantent chaque année de réunir « la plus grande manifestation patriotique et nationale d'Europe ». L'une d'entre elles, le Camp national radical (ONR), se réclame du fascisme et de l'antisémitisme des années 30. Leur ligne politique ? L'arrivée de réfugiés syriens en Europe ferait partie d'une conspiration menée par des financiers juifs, qui travailleraient avec les communistes de l'Union européenne pour amener des musulmans en Europe avec la charia et l'homosexualité.

 Sentiment xénophobe


Les manifestants présents sur place n'étaient pas tous néonazis. De nombreux Polonais se sont joints au cortège sans motivations politiques ni religieuses. Ils ont battu le pavé par simple fierté nationale. Les dérives observées révèlent cependant une certaine radicalisation de l'opinion publique polonaise. Selon un sondage publié en juin dernier, 57 % des Polonais préféreraient quitter l'UE plutôt que d'accueillir des réfugiés de religion musulmane.

La haine des réfugiés est d'ailleurs si importante que l'Église a dû mettre le holà. Le primat de Pologne, Wojciech Polak, déclarait mi-octobre que tout prêtre participant à des manifestations antimigrants serait désormais immédiatement suspendu.

Présent au Parlement depuis 2015, le parti ultranationaliste du Droit et de la Justice (PiS) a régulièrement recours à cette rhétorique antimigrants en refusant tout plan de répartition des demandeurs d'asile à l'échelle européenne.

Dans son rapport d'octobre, l'ONG Human Rights Watch tire pour sa part la sonnette d'alarme et parle de dérive autoritaire du gouvernement. « Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement polonais a systématiquement cherché à éroder l'État de droit et les protections des droits humains », affirme Lydia Gall, chercheuse sur les Balkans et l'Europe de l'Est à Human Rights Watch.
Cela n'empêche pas le parti au pouvoir de triompher dans les sondages. 52 % des Polonais se disaient satisfaits de la politique de la Première ministre Beata Szydlo en septembre.

Les mises en garde de l'Union européenne restent lettre morte, et ce malgré la mise en place du « mécanisme de protection de l'État de droit » à l'encontre de la Pologne. Depuis juillet dernier, la Commission européenne menace de suspendre le droit de vote de la Pologne.

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