samedi, 25 novembre 2017
L'imam de Winterthour condamné à 18 mois avec sursis et dix ans d'expulsion
Le jeune Ethiopien, présenté comme ignorant par ses avocats, a été reconnu coupable d'incitation au crime ou à la violence après un prêche haineux
Le jeune requérant d'asile éthiopien qui avait tenu un prêche controversé dans la mosquée An'Nur de Winterthour (ZH) a été reconnu coupable d'incitation à la violence. Il écope de 18 mois de détention avec sursis et à une expulsion de 10 ans.
Le jugement a été rendu jeudi en fin de journée. L'imam a été reconnu coupable d'incitation au crime ou à la violence, de représentations de la violence et d'activité rémunérée sans autorisation.
Le Tribunal de district de Winterthour a presque entièrement suivi le Ministère public qui avait requis une peine de 18 mois avec sursis ainsi que l'expulsion pendant 15 ans. La défense avait quant à elle plaidé pour un acquittement.
Lors d'un prêche le 21 octobre 2016, le jeune homme avait notamment déclaré que les musulmans qui ne priaient pas dans la communauté devaient être «bannis, rejetés, évités et calomniés jusqu'à ce qu'ils y reviennent». Et que s'ils persistaient, ils devaient être tués, même s'ils priaient chez eux.
Pour la procureure Susanne Steinhauser, il ne faisait aucun doute que les propos tenus par le prévenu devant environ 60 fidèles lors de la prière du vendredi à la mosquée An'Nur représentaient un appel à la violence délibéré. Il avait de manière intentionnelle choisi les passages controversés de son prêche.
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A cela s'ajoutent trois photos et une vidéo que le prévenu avait enregistrées sur son téléphone portable ou partagées sur Facebook. Elles montrent des scènes violentes, comme le meurtre de plusieurs hommes par noyade ou des parties de corps humains découpés.
Pour la procureure, l'imam de 25 ans a mis en danger la sécurité publique.
Une voix agréable
A l'inverse, l’avocat de l’imam avait présenté son client comme un «jeune homme ignorant» et demandé l’acquittement de tous les chefs d’accusation.
A la mosquée An’Nur de Winterthour – soupçonnée d’être mêlée aux départs de djihadistes en Syrie et fermée depuis – le prévenu s’était fait remarquer parce qu’il connaissait par cœur le coran et qu’il priait régulièrement. Comme en plus il avait une voix agréable, les responsables lui avaient demandé de conduire les prières quotidiennes et le prêche du vendredi lorsque l’imam d’alors est rentré en Italie, a relaté Me Urs Vögeli devant le tribunal.
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Selon lui, son client, qui n’était arrivé en Suisse que quelques mois auparavant et y avait demandé l’asile, s’est senti mis sous pression par la mosquée, ce qui l’a fait accepter. «Il n’a jamais cherché ce travail», a affirmé l’avocat.
Le prévenu a également cité des propos du prophète disant que les musulmans qui se tiennent éloignés de la communauté doivent être brûlés dans leurs maisons. Il a ajouté que ceux qui regroupent les cinq prières quotidiennes devaient également être punis.
Textes trouvés sur internet
Il n’avait alors jamais encore tenu un prêche pour la prière du vendredi. Le jeune homme a recherché des textes de prêche et en a finalement combiné deux.
Me Vögeli a fait valoir que les passages incriminés du prêche n’incitent pas à la violence, comme le prétend le Ministère public. Ceux qui décrivent des actes violents sont des citations du prophète et ne peuvent, en tant que tels, pas être pris au pied de la lettre.
Enfin, concernant le reproche d’avoir exercé une activité payée sans autorisation, la défense a souligné que le prévenu avait reçu 600 francs comme cadeau de la mosquée An’Nur. Aucun contrat de travail n’existe et le prévenu n’a pas réclamé de salaire.
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