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dimanche, 26 novembre 2017

Djihadisme : La « filière orléanaise » devant la justice à Paris

Le procès de neuf jeunes hommes originaires de l’agglomération orléanaise, soupçonnés d’avoir fait partie d’une filière djihadiste vers la Syrie et, pour la plupart, d’y avoir séjourné, entre 2012 et 2014, s’est ouvert à Paris devant la seizième chambre correctionnelle, ce mercredi.

Seuls huit de ces neuf Français âgés de 22 à 33 ans sont présents dans les deux box vitrés  installés de part et d’autre de la cour. Le neuvième a refusé d’être extrait de sa cellule, tout en prévenant le tribunal, dans une lettre, qu’il passerait « peut-être faire un petit coucou dans la semaine, mais je ne vous promets rien”.

Des habitués de la mosquée des Carmes

Jugés pour association de malfaiteurs à visée terroriste, les prévenus appartenaient à un groupe composé d’une vingtaine de jeunes Orléanais qui fréquentaient la mosquée des Carmes et participaient à des réunions orchestrées par le prédicateur Mohamed Fakouli, depuis expulsé vers le Maroc. Quelques-uns sont partis en Syrie en 2012, les autres en  2013 et 2014. Les « revenants » ont été interpellés après leur retour en France, à partir de fin 2014 à la suite d’écoutes téléphoniques révélatrices.

Sept des neuf prévenus sont jugés pour avoir suivi en Syrie des entraînements militaires, monté des gardes armées ou, pour certains, combattu, dans les rangs de l'”Armée de Mahomet”, un groupe armé proche du Front Al-Nosra, allié à Al-Qaïda. Deux autres sont soupçonnés d’avoir apporté un soutien matériel, logistique ou joué un rôle de recruteur. Leurs profils sont variés: l’un des prévenus travaillait à la Caisse primaire d’assurance maladie du Loiret, l’autre était agent de manutention, un troisième plombier en formation, un quatrième surveillant de nuit. Les autres étaient sans profession.

Trois d’entre eux ont déjà été condamnés pour des délits de droit commun. L’un des prévenus, Mohamed Benouargla, a effectué plusieurs séjours en Syrie, dès 2012, puis en 2013 et 2014. Chez lui avaient été retrouvées des carabines et des munitions, enterrées dans une jardinière.

Moussa Ba : “J’étais naïf et immature”

Aujourd’hui, né le 14 septembre 1994 à Orléans d’un père d’origine mauritanienne et d’une mère  d’origine sénégalaise Moussa Ba a 23 ans. C’est un costaud  à qui son père avait promis qu’il pourrait aller perfectionner sa connaissance de l’islam  au Maroc s’il avait son bac. Aussi après son bac pro  obtenu, il gagne  un « petit camp » au sud du Maroc pendant deux ou trois semaines. Il y découvre des textes qu’il apprend par cœur et s’en enrichit. Revenu à Orléans, cet avant dernier d’une fratrie de six  est « désœuvré mal dans sa peau ». Lui, qui, enfant, voulait être égyptologue ne sait vers quel cursus se tourner, sa famille ne peut lui offrir de longues études. « Je lisais des textes, j’étais en rupture avec l’enseignement, j’ai ressenti le besoin de partir en Syrie pour défendre des gens opprimés » dit-il à la barre interrogé par l’avocat général.
Sur internet il rentre en contact avec « l’armée de Mahomet » qui s’opposait au régime de Bachar Al Assad et qui, selon le prévenu, a reculé devant  Daech.

Moussa Ba a vingt ans et  en février 2014 prend l’avion pour la Turquie en faisant croire à ses parents qu’il repart au Maroc. Il se débrouille pour qu’ils ne l’accompagnent pas à l’aéroport. « Je suis parti un peu par suivisme. Deux de mes proches avaient déjà rejoint la Syrie. Leur départ m’avait questionné. Aujourd’hui cela me parait puéril », reconnait-il. « Sur place, j’ai appris le maniement des armes et participé à des gardes. J’étais dans une katibat (corps d’armée). L’Armée de Mohamed permettait aux combattants de fumer et ne prônait pas la charia. J’ai vite été fatigué  physiquement et psychologiquement, Daech se rapprochait, j’avais peur de la mort et j’ai souhaité rentrer. J’ai vu que les gens que j’avais suivis n’étaient pas si proches de moi, ils n’acceptaient pas ma décision de rentrer ce que j’ai fait  en novembre 2014 », déclare-t-il à la barre.

Arrêté 25 jours après son retour chez l’un de ses proches, Moussa Ba est depuis détenu à Fleury- Mérogis où sa famille continue à lui rendre visite. Maintenu en demi-isolement, il dispose d’une cellule individuelle tout en étant soumis au régime général. Changé de bâtiment tous les quatre ou six mois il est contraint de faire chaque fois une nouvelle demande de suivre des études ce qui les entrave, le service n’étant jamais le même.

Il a conclu ce jeudi son interrogatoire en affirmant « n’avoir jamais été en rupture avec la France. Je tiens à dire que la France est mon pays, qu’elle a accueilli mes parents et les soigne, qu’elle leur a toujours permis de pratiquer leur religion, l’islam. Je souhaite lorsque je serai dehors avoir une vie normale avec un travail ».

Le procès doit se poursuivre jusqu’au jeudi 30 novembre. Une dizaine de membres de « la filière Orléanaise » sont morts en Syrie ou y sont encore.

F.C. 

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