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vendredi, 02 février 2018

Arcueil : la petite rue tranquille se bat contre les dealers

La pétition d’un collectif de riverains doit passer ce jeudi soir au conseil municipal. Les habitants veulent trouver des solutions avec la mairie contre les nuisances liées au trafic de drogue.

Ils ne veulent pas que leur pétition soit récupérée par l’extrême droite, ni qu’elle donne une mauvaise image de leur quartier ou de leur ville. Non. Si le « collectif Tailleferre », créé en novembre par des habitants de cette petite rue piétonne du bas d’Arcueil, monte au créneau ce jeudi au conseil municipal, c’est pour « trouver des solutions pérennes avec la mairie ». « On ne veut pas que ça empire, intervient Jacques, membre du collectif. Si on laisse les choses s’installer, ça deviendra de plus en plus impossible ». 215 riverains de la rue Germaine-Tailleferre, bordée d’une copropriété de 77 logements et d’environ 16 logements sociaux Opaly, dénoncent « des nuisances sonores, des actes de vandalisme, des incivilités, des vols, des cambriolages » : « La rue est devenue un lieu de trafic de drogue très actif avec un passage incessant de deux-roues motorisés. Il y a également des rassemblements d’individus tout au long de la journée et parfois très tard dans la nuit. […] De nombreux habitants n’osent plus sortir dans la rue », avancent les pétitionnaires.

 

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Rue Germaine-Tailleferre à Arcueil/LP/A.-L. A.

 

En ce mercredi après-midi pluvieux, la rue est quasi déserte, mais il n’en est pas toujours ainsi : « Ils arrivent vers 17 heures. On voit des petits de 13 à 15 ans. Les plus vieux viennent vers 19 heures. Ils sont là avec leurs sacoches et planquent la drogue dans le jardin des voisins ou dans des halls », raconte une riveraine. Les échanges sont parfois tendus : « On ne peut plus discuter avec eux. On se fait traiter de raciste, ils nous disent qu’ils s’en fichent de nous, qu’on les fait ch… Les enfants ne jouent plus dehors à cause d’eux. On n’en peut plus. » Et quand un habitant appelle le commissariat à cause du bruit : « On nous répond qu’il n’y a qu’une voiture pour cinq villes et qu’il y a des interventions prioritaires », déplore Daniel.

Collée à l’avenue de la Convention, un axe départemental menant à Paris, tout en étant « invisible » de celle-ci, la rue Tailleferre est un terrain de deal idéal avec trois accès, deux placettes et une coursive. Le collectif évoque plusieurs idées : fermer la rue avec des barrières, installer des caméras et réaménager les placettes avec un jardin partagé pour qu’il y ait de l’activité. « L’adjointe à la sécurité a rencontré les pétitionnaires en janvier, il y a eu une visite sur site la semaine dernière avec des représentants de la police explique le maire, Christian Métairie (EELV). Des solutions sont à l’étude. On peut mettre des dispositifs anti deux-roues. Rien n’est impossible ». Il alerte sur les coûts d’une privatisation pour les résidents et précise que multiplier les caméras, actuellement « en cours d’expérimentation » sur la ville, n’est pas l’objectif. Il ajoute que des subventions municipales sont possibles pour financer des dispositifs de sécurité complémentaires.

Une trentaine de pétitions au conseil municipal depuis 2000

C’est l’un des outils majeurs de la démocratie participative. A Arcueil, le droit de pétition existe depuis le début des années 2000. La commune est l’une des rares à l’appliquer dès 200 signatures, une jauge assez basse. Dès que le nombre de signataires est atteint, les pétitionnaires peuvent venir présenter leur texte devant le conseil. « On demande juste que ça soit des Arcueillais », précise Christian Métairie (EELV), le maire. Les conseillers municipaux débattent ensuite du sujet lors de la reprise de séance.

« Je pense qu’on a eu entre 20 et 30 pétitions depuis le début, reprend l’édile. Les sujets sont très différents. Il y a la pétition de riverains sur un quartier, par exemple contre le bruit avec la géothermie, mais on a aussi eu dernièrement une association sportive qui demandait à pouvoir disposer d’un créneau plus important sur un gymnase. L’objectif, c’est que la vraie vie entre au conseil municipal. » Ces sujets pourraient bien sûr être traités en interne en affaires courantes, mais le maire valorise cette démarche : « C’est une reconnaissance pour les gens. On essaie de répondre aux attentes, de les accompagner. Après, le droit de pétition ne signifie pas que l’on dit oui à tout. »

Anne-Laure Abraham

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