vendredi, 11 mars 2016
Une jungle vraiment très Net
Pour en finir avec les manipulations et contre-vérités entourant la jungle de Calais, Bernard Cazeneuve a souhaité la création d’un site Internet montrant l’action admirable du gouvernement dans la gestion de ce pataquès migratoire. Et le voici, le voilà : etat-a-calais.fr ou « Calais dans un drôle d’état », selon le sens de lecture.
Dès le premier coup d’œil sur la page d’accueil, tout va très bien, Madame la Marquise. Un plan d’eau pour les baigneurs et les amateurs de Jet Ski, deux terrains de camping, quelques bungalows… Les files d’attente de Calaisiens qui veulent venir en week-end ne figurent pas sur le cliché ; ça ne rentrait pas dans le cadre.
La photo centrale est tout aussi aérienne que la vision socialiste de cette crise migratoire. Le cliché a probablement été réalisé par Bernard Cazeneuve en personne lors d’un de ses passages en planeur. L’homme survole. De loin, c’est bien. Tous ces gens rangés dans des boîtes, c’est un vrai bonheur. France, terre de boîtes. La misère rangée comme dans un magasin de chaussures. Quelle modèle ? Nous avons du Syrien, du Soudanais, de l’Afghan, toutes les couleurs, toutes les tailles. Bernard Cazeneuve, juché sur un escabeau, trie les boîtes et prend des photos.
Ceux qui ne rentrent pas dans ces parallélépipèdes parce que trop grands ou claustrophobes seront logés ailleurs. Les plus petits dans les colonnes de Buren, les autres dans des chambres d’hôtel à 1.500 € par mois, où les employés d’origine immigrée commencent à la trouver saumâtre, de voir le nouvel arrivant logé aux frais de la princesse quand eux-mêmes attendent l’attribution d’un logement depuis des mois, voire des années.
Mais priorité au romantisme d’État. Pour mériter assistance et compassion, la misère se doit de réponde à certains critères dont Bernard Cazeneuve détient la liste. Sur l’échelle de Richter de l’humaniste bêlant, réfugié est plus fort qu’immigré. Travailleur d’origine étrangère, tu es démodé, tu nous emmerdes. C’est comme ça. Fous-nous la paix et passe la serpillière.
Tout au long de ses pages, le site déroule un optimisme radieux. Les migrants vont apprendre le français, ouvrir la porte aux dames, les passeurs ne passeront plus et dans la jungle courent des moutons blancs et roses…
Sur l’une des photos, un migrant adresse un signe amical à un policier… Peut-être va-t-il l’épouser ? Pour le savoir, il nous faudra attendre la prochaine mise à jour de etat-a-calais.fr. Le suspense est intenable.
Jany Leroy
16:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.