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mercredi, 16 mars 2016

Afrique : l’irrésistible contamination djihadiste

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Les attentats de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, s’inscrivent, de manière désespérante, dans une longue suite d’oracles dont les rares augures demeurent toujours plus encalminés dans la censure médiatique, tandis que les mirages anesthésiants en assurent la spectaculaire mise en scène et servent la soupe aux islamistes de Daech.

La tyrannie de l’émotion, comme les « condamnations » politiciennes à l’emporte-pièce d’un ennemi jamais clairement nommé, empêchent, encore une fois, de voir la réalité. Dans L’Afrique réelle (n° 74, février 2016), l’africaniste Bernard Lugan relevait que l’opération Barkhane, en dépit d’un sous-effectif notable, avait parfaitement rempli sa double mission, d’une part de sécurisation de la zone saharo-sahélienne, notamment en tentant d’étanchéifier la frontière libyenne sur toute la zone nigéro-tchadienne, d’autre part de sanctuarisation de la région du lac Tchad aux fins d’éviter la contamination djihadiste au reste de la sous-région.

Ainsi, le dispositif français, à la manière d’un « “filet dérivant” ou épuisette, […] prend dans ses mailles les groupes jihadistes qui ne sont plus libres de se déplacer impunément sur ces immensités sans risquer de tomber sur des soldats professionnels ». Cependant, la conséquence est que, « bousculés dans la partie nord peu peuplée de la zone saharo-sahélienne, et s’y sentant moins en sécurité qu’auparavant, les jihadistes ont replié leurs “états-majors” en Libye, à l’abri de Barkhane ». Mais, précise Lugan, « parallèlement, ils ont ouvert les hostilités plus au sud, dans la bande sahélo-guinéenne, d’où de nombreuses attaques dans la région de Mopti au Mali et sur la frontière du Burkina Faso, là où les populations sont en cours de wahhabisation ».

On assiste donc à un déplacement métastasique des cellules djihadistes vers le Sud-Ouest africain, en direction du littoral. Outre leur fanatisme religieux, ces dernières ont pour elles une solide connaissance des anciennes routes du trafic d’esclaves, tout en s’appuyant sur de non moins puissantes affinités ethno-régionales, qu’elles ravivent au gré de leurs avancées comme de leurs intérêts.

Las. Leur progression vers le Sud-Ouest africain et notamment vers la zone littorale est, désormais, une réalité. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire. Demain, le Sénégal ou la Guinée ?

C’est malheureusement à craindre.

Sur la base de constats effectués in situ, nous-même avions eu l’occasion de souligner la tendance lourde à l’expansion de l’islam en Afrique subsaharienne, surtout si le nouveau califat que constitue actuellement l’État islamique poursuit ses conquêtes territoriales, des travaux assez étonnants expliquant, notamment, que la communauté internationale serait peut-être amenée, un jour, à le reconnaître comme un véritable État (Afrique : le cauchemar démographique, Yves-Marie Laulan [dir.], L’Æncre, 2015).

Notre armée fait ce qu’elle peut tout en gérant la pénurie des moyens. Mais elle doit aussi faire face à un nombre important de « jeunes banlieusards qui ont été recrutés dans l’armée française […] souvent musulmans, qui se sont retrouvés dans une guerre civile en Centrafrique, [dont] beaucoup s’en sont sortis totalement traumatisés », révèle Antoine Glaser dans son nouveau brûlot, Arrogant comme un Français en Afrique (Fayard).

Aristide Leucate

Source : Boulevard Voltaire

 

 

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