mercredi, 16 mars 2016
«L’Union européenne va vers une implosion»
«La Suisse n’est pas plus indépendante que n’importe quel pays de l’UE. Elle transpose avec docilité la plupart des lois de l’UE pour ne pas exclure ses produits du marché européen», déclare Caroline de Gruyter.
Au siège de l’UE à Berne, une journaliste hollandaise qui a vécu en Suisse romande parle du Brexit, de la Suisse et de Bruxelles.
On pouvait craindre du «swissbashing» à haute dose au vu de l’invitation. Mardi, à Berne, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE), Richard Jones, et l’ambassadrice des Pays-Bas, Anne Luwema, avaient en effet invité les médias suisses à écouter la journaliste hollandaise du Handelsblad Caroline de Gruyter. Celle-ci a écrit un livre qui porte un titre explicite: L’illusion suisse. Le réquisitoire à sens unique n’a pourtant pas eu lieu. La journaliste se montre tout aussi critique, sinon plus, envers l’UE.
Caroline de Gruyter a vécu de 2004 à 2008 dans la région lémanique, à Crans-près-Céligny pour être précis. Elle y a vu la globalisation de l’économie en marche, globalisation qui s’accompagne d’un repli politique incarné par l’UDC. «Les gens qui votent pour ce parti dans les petits villages ne sont pas racistes. Ils sont juste perdus face à leur environnement qui se transforme trop vite», explique-t-elle. «A Rolle, il y a eu l’installation rapide de 10 headquarters de multinationales.»
Le repli identitaire suisse, qui est vanté en Grande-Bretagne par les partisans du Brexit, est, selon elle, une grande illusion: «La Suisse n’est pas plus indépendante que n’importe quel pays de l’UE. Elle transpose avec docilité la plupart des lois de l’UE pour ne pas exclure ses produits du marché européen.» Idem avec les Etats-Unis. La journaliste n’hésite pas à utiliser un langage cru en s’adressant à ses auditeurs helvètes. «Quand les Etats-Unis vous ont pris par les couilles, vous avez rapidement abandonné le secret bancaire pour sauver vos banques.»
Caroline de Gruyter va-t-elle dès lors entonner le refrain des euroturbos suisses qui préconisent une entrée dans l’UE pour peser plus lourd sur la scène internationale? Non, pas vraiment. Correspondante à Bruxelles pendant plusieurs années, elle a vu les travers de l’Union. Notamment le perpétuel double discours des politiciens qui sont européens à Bruxelles et qui, lorsqu’ils retournent dans leurs pays respectifs, rendent l’UE coupable de tous les maux. Elle constate aussi que cette dernière a échoué à créer une véritable identité européenne.
Plutôt pessimiste, la journaliste estime que «l’Union européenne va vers une implosion». Celle-ci est garantie «à la minute où l’Allemagne se détourne des institutions européennes». Mais la journaliste parie plutôt sur la création d’une nouvelle Europe à plusieurs vitesses. «Il y a une rumeur qui court à Bruxelles comme quoi les six membres fondateurs de l’UE sont déjà en train de discuter entre eux.»
L’Europe, il en a aussi été question au parlement fédéral, hier. Le groupe PDC soutient le Conseil fédéral pour la ratification du protocole croate qui, selon lui, sécurise le programme scientifique Horizon 2020 au-delà de 2016. «La fraction PDC attend de l’UE qu’elle prenne acte de cette ratification et qu’elle fasse un pas vers la Suisse pour l’application de l’initiative contre l’immigration de masse.»
Le groupe PLR a décidé, lui, pour limiter l’immigration, de demander au Conseil fédéral d’approfondir l’idée d’une préférence indigène temporaire et limitée. Une sorte de solution tessinoise étendue. Si aucun accord avec l’UE n’a lieu, le PLR soutiendra alors une clause de sauvegarde unilatérale.
11:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.